Dès juin, en effet, les Dominicaines arrivent au dispensaire et c’est Sœur Marie-Anne Nadeau qui est désignée pour le diriger. Peu après, l’École des Infirmières de l’Hôpital est inaugurée. Sa première cohorte de cinq étudiantes, dont fait partie Sœur Gérard-Majella, sera diplômée en 1926.
Un mois précédant l’arrivée des Dominicaines, en mai 1923, le nouveau statut juridique de l’Hôpital, son incorporation, donne naissance à une Corporation qui exerce le pouvoir administratif. Mais très tôt, un conflit émerge entre cette entité légale et la
Dre LeVasseur qui avait eu jusqu’alors l’entière responsabilité de cette gestion et avait de surcroît injecté des sommes d’argent dans l’aventure. En raison de ce différend, la
Dre LeVasseur se voit forcée d’abandonner toute responsabilité administrative dès le mois d’août et, en octobre, sous l’insistance du Conseil d’administration, elle est expulsée du Bureau médical (l’ancêtre des actuels Conseils de médecins, dentistes et pharmaciens).
Elle reprend alors ses droits de propriétaire sur sa maison de la Grande Allée et met fin au bail de l’hôpital. Ce dernier doit donc se trouver de nouveaux locaux, une tâche qui s’avère longue et ardue. En effet, c’est seulement après avoir occupé plusieurs immeubles plus ou moins adaptés à sa mission médicale qu’en 1927 l’hôpital trouve enfin sa destination finale sur le chemin de la Canardière, dans l’ancien juvénat des Révérends Frères des Écoles chrétiennes alors vacant, aujourd’hui le corps architectural central de l’établissement.
Pendant les années qui suivent sa fondation, en particulier après le déménagement de 1927, l’hôpital se transforme progressivement en se généralisant et en accueillant de plus en plus de patients adultes. En 1929, à la suite du décès du
Dr Fortier, cofondateur de l’Hôpital et président de son Bureau médical, cette tendance s’accélère davantage. De fait, les années qui suivent concrétisent l’orientation de plus en plus généraliste de l’Hôpital, grâce en partie à une réorganisation structurelle en 1939 qui double le nombre de services cliniques. Par ailleurs, cette même année voit naître un service de neurochirurgie innovant pour son époque et qui entraînera plus tard l’essor de plusieurs autres spécialités, dont la chirurgie faciale et maxillo-faciale dans les années 1970.
Pendant la Deuxième Guerre mondiale, l’hôpital connaît une importante pénurie de personnel, due à la mobilisation, couplée d’un manque chronique d’espace et de lits. Cette période est suivie dans l’après-guerre par une croissance qui se matérialise avec la construction d’un bloc opératoire et de travaux d’agrandissement, de même qu’avec l’émergence de diverses spécialités autour desquelles se greffent des services supplémentaires dits de troisième ligne.
Jusqu’à la fin des années 1960, de nombreux services médicaux apparaissent, parmi lesquels la cardiologie, l’endocrinologie, l’oto-rhino-laryngologie et l’oncologie. L’hôpital ouvre également un département de radiologie générale qui se dotera d’équipements de pointe. Sa vocation est devenue celle d’un hôpital général.
Les années suivantes marquent un tournant vers la surspécialisation. L’institution aménage en 1975 un Centre de recherche en neurobiologie dont les activités touchent aussi à la psychiatrie, à l’hémato-oncologie et à l’anesthésie-réanimation. Durant cette décennie, la solide réputation du département des sciences neurologiques ainsi que la localisation stratégique de l’hôpital à la confluence de plusieurs grandes routes le transforment en un important centre d’urgence traumatologique.
Au début des années 1980, la construction d’un hélioport permet à un hélicoptère-ambulance de se poser sur les terrains de l’hôpital, puis sur le toit. Le Gouvernement du Québec confie aussi à l’établissement le service d’avion-ambulance qui permet de transporter rapidement à partir de régions éloignées des patients nécessitant des soins d’urgence spécialisés.
Aujourd’hui, les équipes de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus offrent des soins spécialisés et surspécialisés notamment en traumatologie, en soins pour les grands brûlés, en neurosciences et en maladie du sang, des soins d’urgence ainsi que le service des Évacuations aéromédicales du Québec. Les activités de recherche fondamentale, clinique et évaluative du Centre de recherche situé à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus sont axées sur la traumatologie, la santé des populations, le génie tissulaire, la médecine régénératrice, la médecine d’urgence et les soins intensifs. Enfin, le laboratoire suprarégional situé à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, intégré dans la grappe Optilab Capitale-Nationale, effectue les analyses d’échantillons pour l’ensemble de la province.
Le site de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus accueille également le projet du nouveau complexe hospitalier qui regroupera l’ensemble des activités cliniques, de recherche et d’enseignement de
L’Hôtel-Dieu de Québec combiné à celles de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Parmi les nouveaux éléments du nouveau complexe hospitalier, mentionnons le Centre intégré de cancérologie qui est en fonction depuis mai 2022. Il s’agit du plus grand centre de cancérologie au Québec et parmi les plus grands au Canada. Il regroupe des services comme la radio-oncologie, les consultations externes en cancérologie, la chimiothérapie et la recherche clinique.
Photo : 03Q_E6S7SS1P78600_HEJ
Hôpital de l'Enfant-Jésus, Québec, 1950, BAnQ Québec, Fonds Ministère de la Culture et des Communications, (03Q,E6,S7,SS1,P78600), Paul Carpentier,
https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3050174.
Sources
De la Broquerie, Fortier. « Histoire de la médecine : l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec »,
Laval Médical, vol. 36, n
o 1 (janvier 1965), pp. 82-94.
De la Broquerie, Fortier. « Histoire de la médecine : l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec »,
Laval Médical, vol. 36, n
o 2 (février 1965), pp. 193-199.
De la Broquerie, Fortier. « Histoire de la médecine : l’Hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec »,
Laval Médical, vol. 36, n
o 3 (mars 1965), pp. 285-294.
Gingras, Rosaire. « Enseignement médical, l’hôpital et l’enseignement clinique »,
Laval Médical, vol. 36, n° 5 (mai 1965), pp. 453-465.
Levasseur, Gilles et Comité organisateur des fêtes du 75
e anniversaire de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.
Soixante-quinze ans de compétence et de dévouement au service des malades, Québec, Centre hospitalier
affilié universitaire de Québec, 1998, 73 p.