Un supplément alimentaire dérivé du glucose augmente de 50 % la force de souris atteintes de dystrophie musculaire de Duchenne en dix jours à peine, selon une étude menée par des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Cette découverte, dont les détails ont récemment été publiés dans la revue scientifique FASEB Journal, pave la voie à une étude clinique pour tester l'efficacité de ce traitement chez l'humain.
La dystrophie musculaire de Duchenne est une maladie héréditaire qui cause une dégénérescence progressive des muscles. La maladie confine les personnes atteintes à un fauteuil roulant à partir de l’adolescence. Elle s’attaque aussi aux muscles cardiaques et respiratoires, réduisant l'espérance de vie des malades à moins de 40 ans. La maladie affecte environ 1 garçon sur 3500, ce qui en fait la forme de dystrophie musculaire la plus courante. Un médicament stéroïdien peut ralentir la dégénérescence des muscles – tout en entraînant d’importants effets secondaires – mais il n'existe encore aucun traitement pour vaincre la maladie.
« Beaucoup d'espoirs sont placés dans la thérapie génique, mais il faudra encore plusieurs années de recherche avant d'arriver à un traitement efficace, explique la responsable de l’étude, la professeure Sachiko Sato. C'est pourquoi il est important de trouver d'autres médicaments pour aider à préserver le plus longtemps possible la force musculaire des personnes atteintes. »
La professeure Sato et ses collaborateurs ont testé l'efficacité de la N-acétylglucosamine, un sucre dérivé du glucose qui est utilisé comme supplément alimentaire, sur des souris présentant les principales manifestations de la dystrophie musculaire de Duchenne. « Il s'agit d'un sucre simple dont la structure est différente de la glucosamine vendue pour traiter les problèmes articulaires », précise la professeure Sato.
Les chercheurs ont observé qu'après 10 jours de traitement, les souris qui recevaient de la N-acétylglucosamine avaient une force musculaire 50 % plus élevée que les souris du groupe témoin. « Nous ne savons pas encore si cette molécule augmente la production des fibres musculaires ou leur survie, mais nous constatons que la force musculaire des souris est mieux préservée », résume la chercheuse.
Même si l'étude a été réalisée sur des animaux de laboratoire, la professeure Sato est très encouragée par ces résultats. « La N-acétylglucosamine est un produit peu coûteux qui peut être synthétisé en laboratoire ou extrait de la carapace des crustacés. On le retrouve naturellement dans le lait humain où il est le deuxième sucre en importance après le lactose », explique-t-elle. « Tout indique qu'il vaut la peine de tester son efficacité pour améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de dystrophie musculaire de Duchenne. Il est maintenant essentiel d’effectuer des études cliniques afin de confirmer l'efficacité du traitement, ainsi que pour déterminer la dose et la durée d’administration chez les patients », conclut la chercheuse.
Les auteurs de l'étude parue dans le FASEB Journal sont Ann Rancourt, Sébastien S. Dufresne, Guillaume St-Pierre, Julie-Christine Lévesque, Haruka Nakamura, Yodai Kikuchi, Masahiko S. Satoh, Jérôme Frenette et Sachiko Sato.