Par Christine Genest et Francine Gratton - 1er décembre 2019
Malgré un deuil consécutif au suicide de leur adolescent, certaines familles arrivent à reprendre pied. Afin de mieux comprendre cette réalité, les auteures ont conduit une recherche qualitative visant à mieux cerner le processus de résilience à l’œuvre au sein de familles ayant assumé une telle perte. S’appuyant entre autres sur les témoignages des parents, l’article propose une synthèse des principales conclusions de l’enquête.
Chaque année, au Québec, plus de 1000 personnes décèdent par suicide. Plus spécifiquement, en 2016, ce sont 803 hommes et 246 femmes qui se sont enlevé la vie au Québec (Lévesque, Pelletier et Perron, 2019). Chez les adolescents1 âgés de 15 à 19 ans, le suicide représente 30% de l’ensemble des décès avec un taux de 12,1 par 100 000 personnes. Lorsqu’un suicide survient, comme il s’agit d’une mort auto infligée, imprévisible et de nature violente et non naturelle, le deuil est particulier. En effet, ce type de deuil peut s’accompagner du déni de la cause du décès, de colère envers la personne décédée et envers les services, de culpabilité et d’un sentiment de rejet (Andriessen, Krysinska et Grad, 2017; Bell, Stanley, Mallon et Manthrope, 2012; Jordan et McInstosh, 2011; Potsuvan, 2017). Pour ces raisons, les endeuillés par suicide sont plus à risque de présenter des symptômes de dépression, de stress post-traumatique, d’idéations suicidaires et même de poser des gestes suicidaires (Andriessen, Krysinska et Grad, 2017; Dyregrov, 2011; Erlangsen et Pitman, 2017; Grad et Andriessen, 2016; Jordan et McIntosh, 2011). Ces risques sont d’autant plus importants lorsqu’il s’agit du suicide d’un adolescent compte tenu du fait que la perte d’un enfant ébranle fortement le système familial. Malgré ces particularités propres au deuil consécutif au suicide d’un adolescent, il n’en demeure pas moins que certaines familles parviennent tout de même à vivre une transformation positive à la suite d’une telle expérience.
Le concept de résilience familiale tel que décrit par Delage (2008) pourrait expliquer cette transformation positive. En effet, selon cet auteur, la résilience est une transformation positive qui fait suite à une situation perçue comme un défi ou une crise par les familles (Delage, 2008). Cette transformation positive à la suite d’une situation de crise rejoint également le concept de croissance post-traumatique développé par Tedeschi et Calhoun (Calhoun et Tedeschi, 2000, 2013; Tedeschi et Calhoun, 1996, 2004). En effet, selon ces auteurs, lorsque des individus font face à un événement potentiellement traumatique, ils peuvent entreprendre des changements concernant leur perception de soi, leurs relations interpersonnelles et leur philosophie de vie (Calhoun et Tedeschi, 2000, 2013; Tedeschi et Calhoun, 1996, 2004). Ce concept a été étudié auprès de plusieurs populations tels les militaires, les gens atteints de cancer, les victimes d’accident de la route, mais non pas spécifiquement auprès des endeuillés par le suicide d’un adolescent. C’est dans ce contexte que nous avons décidé d’entreprendre une recherche permettant de mieux comprendre de quelle façon se déploie le processus de résilience familiale à la suite du suicide d’un adolescent.
Méthodologie
Une recherche qualitative en théorisation ancrée a donc été entreprise auprès des membres de sept familles endeuillées par le suicide d’un adolescent. Ce sont donc treize entrevues semi-structurées qui ont eu lieu de façon individuelle ou familiale avec les membres des familles en fonction de leur préférence. Afin d’enrichir les données, nous avons également pu avoir accès à des documents personnels tels que des lettres d’adieu, des entrevues télévisées, une homélie et des journaux intimes. On faisait également remplir par les familles un questionnaire sociodémographique afin de pouvoir dresser un portrait juste des participants ainsi que des adolescents et du contexte du suicide (voir tableaux 1 et 2). Pour l’analyse des données, nous avons procédé dans un premier temps à la triple codification propre à la théorisation ancrée (Strauss et Corbin, 1998). Ce type d’analyse comprend la codification ouverte, axiale et sélective. Il permet d’en arriver à une représentation du processus de résilience familiale à la suite du suicide d’un adolescent (voir figure 1).
Toutefois, en cours d’analyse, nous avons pu constater que les familles semblaient avoir suivi des trajectoires différentes. Afin de préciser les types de trajectoires rencontrés, nous avons utilisé la méthode de l’idéal type de Max Weber (Paillé et Mucchielli, 2003). Nous avons ainsi tenté d’identifier des types extrêmes à partir des caractéristiques des familles rencontrées. On a constaté que la trajectoire des familles pouvait varier en fonction de deux dimensions, soit la durée de la période de naufrage et la continuité ou discontinuité de la période d’émergence. Pour les intervenants, il peut être utile de comprendre les différences entre les trajectoires afin d’adapter et de personnaliser leurs interventions. Le projet a été approuvé par le comité d’éthique et de recherche de l’Université de Montréal et du milieu dans lequel le recrutement a eu lieu.
Résultats
Le processus de résilience familiale
Le processus de résilience des familles endeuillées par le suicide d’un adolescent s’intitule donc : Émerger malgré la blessure indélébile. En effet, un élément important du discours des endeuillés était que la blessure causée par le suicide ne disparaît jamais complètement, mais s’estompe avec le temps, telle une cicatrice : « c’est une […] blessure indélébile » (X. B., père) « … une cicatrice facile à se rouvrir » (C. T., mère). L’ampleur du remous ou du cataclysme qu’occasionne le suicide dépend beaucoup du contexte antérieur au suicide. Ainsi, le contexte familial avant le suicide ainsi que le contexte social peuvent influencer la façon dont la famille va réagir au suicide. De plus, le suicide lui-même, c’est-à-dire qui en a fait la découverte, comment l’annonce a été faite, quelles ont été les réponses des premiers répondants vont aussi influencer la façon dont la famille vivra cette expérience. À tout ce contexte s’ajoutent les émotions vécues, ce qui amplifie le cataclysme.
S’ensuit une période décrite par la famille comme : « ce fut la […] descente aux enfers » (D. E., mère). Cette période de naufrage est plus ou moins importante selon les bouées de sauvetage ou ressources intra et extrafamiliales que possède la famille. Parmi les bouées de sauvetage intrafamiliales se trouvent la cohésion familiale, les expériences antérieures sources d’apprentissage et les forces individuelles. Pour ce qui est des bouées de sauvetage extrafamiliales, on retrouve la disponibilité des soutiens formel et informel ainsi que le temps. La disponibilité du soutien fait référence au soutien présent autour des familles sans que celles-ci aient besoin d’entreprendre des démarches.
À un certain moment, les familles qui cheminent dans le processus de résilience entreprennent un rebondissement ainsi qu’une émergence. Afin de pouvoir être en mesure de rebondir, les familles doivent entreprendre des actions intra ou extrafamiliales. Les actions intrafamiliales consistent à maintenir vivant le souvenir de l’adolescent, de retrouver l’homéostasie du système familial et de chercher un sens au suicide. Même si cette dernière activité peut aussi se faire à l’extérieur du cercle familial, pour plusieurs il s’agit d’une activité commune aux membres de la famille. Au niveau extrafamilial, les actions peuvent être de partager son expérience avec d’autres et d’accepter que la vie reprenne son cours. Pour ce qui est de l’émergence, celle-ci survient lorsque les familles apprennent sur elles-mêmes, leur famille et les autres ainsi que sur la vie en général. De plus, pour qu’il y ait émergence, les familles doivent avoir grandi ou s’être transformées positivement soit en tant qu’individus ou en tant que familles.
Tableau 1 : Description succincte des adolescents et de leur suicide
a Âge de l’adolescent lors du suicide en années
b Sexe de l’adolescent : M = masculin F = féminin
c Présence d’un diagnostic de santé mentale connu au moment du suicide : Ø = aucun
d Présence de tensions au sein de la famille lors du suicide
e Lieu du suicide : DF = domicile familial DM = domicile maternel
f Moyen utilisé pour mettre fin à ses jours
g Personne de la famille qui a découvert le corps.
Tableau 2 : Description succincte des familles
Total entrevue : 22 h 20 min
a Type de famille : N = nucléaire R = reconstituée M = monoparentale S = séparée/divorcée
b Composition de la fratrie. Informations sur les membres incluant leur âge au moment du suicide et leur présence au domicile familial (DF) lors du suicide : S = sœur F = frère ½F = demi-frère ½S = demi-sœur
c Délai entre suicide et entrevue (en années)
d Personnes rencontrées : Étaient ensemble à l’entrevue si elles sont sur la même ligne : P = père M = mère B-M = belle-mère S = sœur F = frère ½S = demi-sœur
e Durée de chaque entrevue
f Documents personnels remis par les familles
Note
2 Afin d’assurer la confidentialité, les initiales des familles et des participants sont toutes fictives
Les trajectoires de résilience
Même s’il semble y avoir une trajectoire générale du processus de résilience pour les familles endeuillées par le suicide d’un adolescent, l’analyse des données nous a permis de constater que, selon les différentes bouées de sauvetage présentes ou non ainsi que tout dépendamment des actions entreprises par la famille, les trajectoires pouvaient varier quelque peu. Ainsi, nous avons pu identifier quatre grandes trajectoires de résilience familiale (voir figure 2). Nous approfondirons quelque peu les implications pour la pratique de ces différentes trajectoires.
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La trajectoire des familles énergiques
Ce type de famille se distingue par le fait que la période de naufrage est de courte durée et que le rebondissement et l’émergence se déroulent de façon continue. Ces familles possèdent généralement suffisamment de ressources intra et extrafamiliales pour leur permettre de faire face à la situation. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles ne sont pas ébranlées par l’événement. En tant qu’intervenants, peu seront en contact avec ces familles, car de façon générale, elles ne recourent pas aux ressources d’aide. Par contre, dans les premiers temps et tout au long du cheminement, même si leurs bouées de sauvetage semblent suffisantes, il est important de les informer des ressources disponibles dans la communauté. En effet, les membres d’une famille de type énergique ont mentionné qu’ils auraient souhaité connaître plus rapidement les ressources pour les aider à normaliser les émotions qu’ils pouvaient vivre.
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La trajectoire de la famille stupéfaite
La famille dite stupéfaite correspond à celle pour qui la période de naufrage est plutôt longue. Par contre, dès que le processus de rebondissement a débuté, celui-ci se poursuit de façon continue. Dans ce type de famille, ce sont souvent les bouées de sauvetage qui ne sont pas suffisantes et qui font en sorte que la période de naufrage perdure dans le temps. Pour aider ces familles, il importe donc de collaborer afin d’identifier leurs besoins ainsi que les bouées de sauvetage les plus utiles pour leur venir en aide. De plus, il arrive que dans certaines familles, les membres ne cheminent pas tous au même rythme. Dans ce contexte, il peut s’avérer pertinent d’identifier les membres qui possèdent le plus de leadership positif et qui pourraient agir comme agents de changement. Le rôle des intervenants serait alors de soutenir ces membres de façon à éviter leur épuisement.
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La trajectoire des familles combattantes
Les familles dites combattantes sont celles qui généralement vivent une accumulation de coups durs ou de situations difficiles. Dans le cadre de la présente recherche, une des familles représentait cette typologie et avait vécu deux suicides en plus de deux cancers, le tout en moins de dix ans. Les familles combattantes sont celles qui, rapidement, amorcent leur rebondissement, mais qui, en raison d’embûches subséquentes, voient leur rebondissement se dérouler de façon discontinue. Comme il est difficile de prévoir les embûches futures, les intervenants se doivent d’être vigilants sur une plus longue période lorsqu’il s’agit d’un deuil suite à un suicide. De plus, afin d’éviter l’épuisement, ils doivent offrir leurs disponibilités lors des coups durs subséquents en plus de faire l’inventaire des ressources externes à la famille. En effet, comme le système familial vit plusieurs situations difficiles presque simultanément, il peut arriver que les ressources internes s’épuisent. C’est pourquoi il peut s’avérer intéressant d’offrir du soutien pour les membres de la fratrie qui pourraient se sentir délaissés en raison de la surcharge émotionnelle de leurs parents.
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La trajectoire des familles tenaces
Les familles tenaces sont celles pour qui la période de naufrage est longue et le rebondissement se déroule de façon discontinue. Ce type de famille, comme son nom l’indique, fait preuve de ténacité face à l’adversité et parvient malgré tout à émerger. Ces familles peuvent avoir besoin de soutien professionnel, et ce, durant un laps de temps plus long. Dans ce contexte, il importe d’adapter l’offre de service à leurs besoins pour éviter qu’elles ne se sentent délaissées par le système de santé. Dans le cadre de la présente recherche, une mère qui se trouvait à la tête d’une famille de type tenace avait renoncé aux services d’aide, car ils se limitaient à une période de 15 semaines. Comme elle jugeait cette période insatisfaisante, elle préférait éviter les professionnels. Par contre, lorsqu’une intervenante lui a offert un suivi sur une période indéterminée, elle a pu s’investir dans la thérapie, ce qui a permis éventuellement à la famille de rebondir.
Figure 1 : Émerger malgré la blessure indélébile
Figure 2 : Les trajectoires de résilience familiale
Discussion
À la lumière des résultats présentés suite à l’analyse, on peut penser que les familles peuvent se transformer positivement après le suicide d’un adolescent. Pour certaines, ce sera plus rapide, comme c’est le cas pour les familles dites énergiques, alors que pour d’autres le soutien professionnel sera requis, et ce, pour une plus longue période, comme dans le cas des familles tenaces. Peu importe qu’il s’agisse de familles énergiques, stupéfaites, combattantes ou tenaces, le suicide d’un adolescent laisse une trace indélébile dans le parcours de leur vie. En tant qu’intervenants du domaine de la santé, il importe d’offrir notre disponibilité et d’être à l’écoute des besoins de ces familles afin d’adapter nos services et faire en sorte de diminuer les conséquences telles que les symptômes dépressifs, le stress post-traumatique, les idéations et même les gestes suicidaires.
Note
1 Dans cet article, en vue d’alléger le texte, le masculin inclut le féminin.
Références
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Christine Genest, infirmière Ph. D. est professeure adjointe à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal. Elle est chercheure régulière au Centre de recherche et d’intervention sur le suicide, les enjeux éthiques et pratiques de fin de vie. Son projet de recherche doctoral portait sur le processus de résilience des familles endeuillées par le suicide d’un adolescent(e). Actuellement, ses intérêts de recherche portent principalement sur la postvention du suicide, les blessures de stress post-traumatique, le processus de résilience et de croissance post-traumatique ainsi que la santé mentale des étudiants.
Francine Gratton, sociologue Ph. D. a débuté sa carrière universitaire en 1975 à l’Université de Montréal après avoir œuvré en tant qu’infirmière psychiatrique dans divers milieux de santé. Après avoir été professeure titulaire et vice-doyenne à la recherche et aux études supérieures à la Faculté des sciences infirmières, elle débutait sa retraite en 2010 tout en poursuivant ses activités en tant que professeure associée de cette faculté. Suite à l’obtention d’une maîtrise en nursing psychiatrique et santé mentale, elle complétait un Ph. D. en sociologie. Depuis la fin des années 1980, le phénomène du suicide chez les jeunes Québécois et Québécoises fut sa principale préoccupation. Elle en fait l’objet de sa thèse doctorale, une étude qualitative présentée dans plusieurs communications nationales et internationales et qui a permis la publication de bon nombre d’articles et d’un livre intitulé Les suicides d’« être » de jeunes Québécois (1996).