Le prince charmant devenu bourreau
Propos recueillis par Claudette Lambert
Nous ne sommes jamais aussi mal protégés contre la souffrance que lorsque nous aimons. Sigmund Freud
À 18 ans, la comédienne Ingrid Falaise est tombée follement amoureuse d’un étudiant étranger. Elle quitte alors le Québec et sa famille pour s’évader vers l’Afrique, lieu d’origine de son prince charmant, et s’installe avec lui dans une petite ville perdue à deux heures du Sahara. Hélas, cette idylle a dégénéré et son prince est devenu bourreau. Affaiblie, humiliée, battue et enfermée, elle a failli mourir à quelques reprises, mais elle a trouvé la force d’échapper à la mort et de sortir de l’emprise de celui qu’elle surnomme M. M comme Monstre, comme Malade, comme Manipulateur. Elle raconte ici sa quête de délivrance, le parcours tumultueux de sa reconstruction et sa difficile escalade vers la liberté.
Claudette Lambert : Votre histoire est particulièrement troublante, car elle lève le voile sur une réalité beaucoup plus fréquente qu’on le croit. L’organisme SOS violence conjugale1 reçoit 25 000 demandes d’aide par année. Un véritable fléau social! Comment avez-vous glissé dans cette relation amoureuse où la violence s’est installée?
Ingrid Falaise : Tout a commencé par une grande histoire d’amour. J’ai été séduite à la fois par la beauté et le charisme de cet homme-là. Il a commencé par me manipuler, puis graduellement il m’a isolée. Insidieusement, il a détruit ma confiance en moi en me rabaissant constamment, puis la violence verbale s’est installée, et finalement, la violence physique. Après les crises, nous vivions une nouvelle lune de miel et le cycle recommençait, de plus en plus fort, de plus en plus intensément. Qu‘ils soient de n’importe quel pays, les manipulateurs violents ont tous le même profil. Je suis tombée en amour et malheureusement, je suis tombée sur ce type d’homme-là.
Vous avez eu de beaux moments de bonheur avec lui, pourtant, vous avez perdu pied sans voir le précipice qui s’ouvrait devant vous.
I. F. : Les manipulateurs sont habiles à trouver nos failles, et nous en avons tous. Ils ont tout ce qu’il faut pour détecter nos blessures et aller jouer dedans. Ils ont confiance en eux, ils ont du charme, et leur charisme est une arme puissante et destructrice. D’abord la passion, ensuite la descente. Les moments de bonheur étaient très intenses et après il devenait méchant. Il faisait tout pour me fragiliser et me déstabiliser. C’était des montagnes russes d’émotion.
Pendant ce temps, vos parents devaient bien voir aller les choses.
I. F. : Pas nécessairement, car on s’isole de plus en plus. On les voit moins, on porte un masque, on veut cacher les difficultés. On ne fait plus confiance à ses émotions, à ses sentiments, on ne veut pas s’avouer à soi-même que la relation est boiteuse, on montre seulement le côté charmeur. Mes parents ont donc mis un certain temps avant de se rendre compte que quelque chose n’allait pas. J’étais rarement à la maison, j’étais toujours à son appartement, car tout tournait autour de lui, de sa famille, de ses amis. Il m’a fait entrer dans son monde et j’ai perdu mes repères et ma personnalité. Il m’a forgée à devenir son pantin.
Vous avez subi tous les sévices imaginables, de la séquestration aux blessures graves, et vous avez échappé à la mort de justesse. Quelques secondes de plus et vous étiez enfermée dans un conteneur à ordures. Il a fallu que vous ayez très mal physiquement et psychologiquement pour trouver la force de vous sauver.
I. F. : Cette lente descente aux enfers ne se fait pas du jour au lendemain; jour après jour, le Monstre manipulateur nous brise sournoisement, insidieusement. On n’a plus d’estime de soi, on est constamment en état de survie, en super vigilance, on marche sur des œufs, on ne sait jamais ce qui va déclencher la prochaine crise. Si je mangeais un toast de la mauvaise façon, il pouvait la lancer sur le mur à côté de moi. Il nous entretient dans une peur constante. On a peur de partir, car il dit qu’il va nous tuer, on a peur d’y laisser sa peau, et à chaque fois qu’on est sur le point de partir, il nous montre le visage charmeur qu’il avait au départ. Avec des phrases comme « Tu ne m’aimes pas assez pour rester? Pour nous donner une autre chance? », il nous fait retomber dans ses filets et nous donne l’impression que tout est toujours de notre faute. On est extrêmement fragilisé et c’est tellement lourd sur nos épaules! À un moment, j’étais isolée depuis si longtemps que j’ai atteint mon fond. Mes parents me cherchaient, et quand mon père s’est présenté avec des détectives qu’il avait engagés pour me retrouver, j’ai eu tellement peur des répercussions si je partais avec lui que je suis restée avec M dans notre sous-sol crade de la rue Saint-Laurent. Mais j’ai compris ce soir-là que mon père m’aimait assez pour ne pas me laisser tomber. Ça m’a donné le goût de vivre, car je savais que j’étais aimée pour vrai.
Malgré leur inquiétude, malgré leur impuissance devant votre incapacité à changer de vie, vos parents ne vous ont jamais lâchée. Ils ont respecté votre volonté même s’ils en connaissaient tous les dangers.
I. F. : C’est tellement important que la famille ne lâche jamais, qu’elle ne juge pas non plus et garde les bras ouverts. On est déjà assez tabassée qu’ils ne peuvent même pas tenter de nous raisonner. On a juste besoin qu’ils nous couvrent d’amour et de compréhension. Toutes les victimes de violence conjugale ont besoin qu’on leur dise : « Quand tu seras prête, je serai là pour t’accueillir. Je ne comprends pas ce que tu vis, mais je suis là. » Après des semaines et des mois de manipulation, il est très important que les proches nous accueillent à bras ouverts malgré l’angoisse qu’on leur a fait vivre.
Votre premier livre, Le Monstre, a touché en quelques mois plus de 55 000 lecteurs. Après avoir dévoilé publiquement votre histoire, vous avez reçu des centaines de lettres de personnes qui vous ont raconté leurs drames semblables au vôtre. Comment avez-vous ressenti ce déferlement de confidences?
I. F. : Ces nombreux messages m’ont permis de comprendre que je n’étais pas seule. Toutes les femmes et tous les hommes victimes de violence vivent des histoires semblables à la mienne. L’écriture a changé ma vie, elle m’a permis de m’en sortir, d’extirper le mal que j’avais gardé dans mon cœur, dans mon corps. Briser le silence aide les autres également. Il faut parler, je ne le dirai jamais assez. Les manipulateurs nous entretiennent dans le silence. « Ne dis rien, t’es folle, tu ne vois pas clair. » À travers mes livres, d’autres ont peut-être trouvé la force de briser leurs chaînes.
Vous avez longtemps vécu avec la peur au ventre. Est-ce qu’elle vous a quittée?
I. F. : Oui elle m’a quittée, mais la peur revient parfois. Je fais des cauchemars, j’ai peur d’avoir des représailles. Pas de la part de mon agresseur, qui en principe ne peut plus revenir au Québec puisque j’ai porté plainte. Mais j’ai peur de ses amis, des gens de sa famille... J’ai des thérapeutes qui m’aident et je continue à travailler sur moi.
Vous avez vécu en Afrique au milieu des siens, et vous n’avez eu aucun soutien de leur part. Bien sûr les coutumes sont différentes des nôtres, mais comment pouvaient-ils fermer les yeux sur la violence physique dont vous étiez victime?
I. F. : Eux aussi vivaient dans la peur, car M était le petit roi de la famille. Sa mère, son frère et sa sœur en avaient une peur bleue, c’était la loi du silence. Ils ne pouvaient pas me protéger, car ils auraient eu des représailles. Une fois là-bas en Afrique, dans son petit studio au fond du jardin, j’étais encore plus isolée. L’isolement faisait en sorte que je ne pouvais pas avoir d’aide. Il avait caché mon passeport et nous étions dans un petit village proche du Sahara, à cinq heures de route de la capitale. Je n’avais personne à qui me confier, je ne pouvais pas partir avec ma grosse valise, marcher dans les routes sablonneuses des petits villages, sans argent pour prendre un taxi. À Montréal aussi, il m’était difficile de le quitter. Quand j’avais le courage de partir, avec des belles paroles et des promesses, il me manipulait pour que je reste.
Là-bas, vous avez découvert l’islam. Cette plongée dans une autre confession a-t-elle été bénéfique pour vous?
I. F. : Oui, j’ai découvert une belle religion! Ce que les humains en ont fait est une autre histoire. Comme je n’avais aucun moment pour penser à moi, les temps de prière et de communion avec « plus grand que soi » étaient les seuls moments où j’étais tranquille. C’étaient des moments pour moi, qui m’appartenaient totalement, où je pouvais faire mes demandes et parler intérieurement à quelqu’un qui existait peut-être, ou peut-être pas, mais moi j’y croyais très fort. Qu’on l’appelle Allah ou autrement, je m'y confiais lors de ces moments de prière, je lui parlais avec mon cœur, je faisais mes demandes et ça me faisait énormément de bien. L’islam a été une belle religion qui m’a permis de survivre.
Est-ce qu’il vous reste quelque chose de cette expérience religieuse?
I. F. : Il me reste un beau souvenir, il me reste une prière que parfois je reprends dans ma tête parce qu’elle est très belle, mais c’est tout. Je ne peux plus m’associer à l’islam ou à toute autre religion parce que je ne suis plus capable de suivre des règles, de devoir faire des choses par obligation.
Est-ce encore important de vous relier à « plus grand que soi », mais d’une autre manière?
I. F. : Dans mon cœur je sens une énergie, c’est quelque chose qui est présent dans ma vie. Je crois aux anges, je crois aux guides, je suis quelqu’un de spirituel, mais pas dans l’excès. J’y trouve du bien sans y faire trop attention.
Cette réappropriation de vous-même, de votre corps, de vos rêves, a-t-elle été longue et douloureuse?
I. F. : Oui, j’ai mis des années avant de me réapproprier mon identité, ma personnalité, oui, des années! Et encore aujourd’hui, j’ai des séquelles, je suis souvent en état d’hyper vigilance. Dans un endroit public, je dois avoir le dos au mur pour voir venir tous les dangers possibles qui pourraient fondre sur moi. Je fais beaucoup moins de cauchemars, mais dans cette longue marche vers la reconstruction j’ai eu souvent des comportements de fuite parce que je ne voulais pas entrer en contact avec ma blessure. L’anorexie, la boulimie, la drogue, l’automutilation… Les fuites m’ont servi à ne pas sentir la douleur, car ça faisait trop mal. J’ai voulu fermer la porte sur mon passé. J’étais jeune, je voulais juste vivre ma vie même si j’avais beaucoup de séquelles. Jusqu’au jour où je suis tombée en dépression. J’ai décidé d’aller en thérapie fermée pour entrer en contact avec cette blessure-là. J’ai accepté de rouvrir la plaie, d’aller creuser dedans et de la guérir. Cette thérapie est le plus beau cadeau que je me suis fait. Dans ma tête, la voix de M a résonné pendant des années. Dans le temps, si je me maquillais, il me traitait de pute et si je ne me maquillais pas, je ne prenais pas soin de moi. Donc, juste à me maquiller, ou à m’habiller avec un jean moulant et un beau chandail, voilà qu’intérieurement j’entendais la voix de M qui me condamnait. Pourtant c’est une fierté de bien s’habiller, de ne pas devoir se cacher. Il m’a fallu des mois avant d’être capable de me réapproprier tout cela, de pouvoir tout simplement manger sans trembler, de me permettre de prendre de la bonne nourriture. Je suis encore végétarienne et c’est une séquelle de ces années que j’ai vécues. Je ne peux pas manger de viande, car c’est associé à cette période de ma vie.
S’il faut des années pour se reconstruire, il faut de l’aide aussi!
I. F. : Je suis allée chercher de l’aide en suivant diverses thérapies. L’écriture et le dessin m’ont aidée à ventiler, et surtout, la parole! Il est important de parler à son entourage, de sortir ces boules d’émotion. Souvent on se dit qu’on ne veut pas revenir là, que ça fait trop longtemps, que ça fait trop mal, mais il y a toujours un brasier qui brûle à l’intérieur de nous et si on ne veut pas y voir, il risque de s’enflammer. On ne peut pas rebâtir l’estime de soi qui a été bafouée si on ne va pas la revisiter, si on ne fait pas la paix avec ce passé-là.
Avez-vous vécu de la honte?
I. F. : Énormément! Après avoir raconté publiquement mon histoire, beaucoup de gens m’ont aidée. Des femmes, des hommes aussi ont vécu le même drame que moi et m’ont en quelque sorte validée dans mon histoire! Le jour où j’ai compris que c’était moi la victime et lui le bourreau, j’ai compris que c’est lui qui devrait avoir honte, pas moi. C’est lui qui m’a manipulée, qui m’a violentée, qui a permis que je sois violée par ses amis. Bien sûr j’avais honte parce que c’est honteux de rester là-dedans. Mais ce n’est pas honteux quand on comprend que je suis restée parce qu’il me promettait de changer. Et il changeait pour vrai, mais ça durait deux heures, trois jours, une semaine, et il revenait toujours à la colère, à la manipulation, à la violence. Aujourd’hui je n’ai plus honte et j’en parle publiquement. J’ai fait la paix avec moi-même, je marche la tête haute et les épaules fières.
Quand on lit votre histoire, on se dit qu’il n’est pas possible de pardonner à un monstre semblable, ce qu’il a fait est trop grave. Quel sens donnez-vous au mot pardon?
I. F. : Le pardon, c’est la grande libération. Je n’ai plus de hargne ni de colère, mais ce qu’il a fait ne se pardonne pas. Je ne veux pas lui tendre la main, il fera son bout de chemin lui-même. Le pardon pour moi, c’est le pardon envers moi-même. Me pardonner d’avoir fait tant de peine à mes parents, et me pardonner d’avoir laissé tomber la petite fille que j’étais. C’est lui qui m’a poussée à lâcher sa main, et aujourd’hui, je prends bien soin de la petite fille qui est en moi. Quand je regarde mon fils qui me ressemble, je le protège comme je ne me suis pas protégée. Il n’y a plus personne qui peut me blesser de cette façon-là, qui peut me faire courber la tête. Je me choisis! Lui, je ne le porte plus à l’intérieur de moi, je ne le pleure pas, je ne suis pas en colère, c’est le vide. Je suis neutre par rapport à lui, mais je ne veux pas que ça arrive à d’autres femmes. Maintenant que j’ai brisé le silence, je me dissocie de lui.
Une série d’émissions racontant votre histoire sera présentée sur Tout.tv ainsi qu’à la télévision de Radio-Canada. Allez-vous revivre les mêmes horreurs en visionnant ces épisodes?
I. F. : Je suis capable de regarder cette série avec du recul. J’ai rencontré la comédienne qui va jouer mon rôle, nous avons même fait une promotion qui a été vue à plus de 175 000 occasions. De nous voir assises ensemble, c’est comme si je me voyais moi, comme si je pouvais faire un clin d’œil à la petite Ingrid qui a été fracassée, c’est comme si je lui disais : « Je veille sur toi aujourd’hui, c’est correct, tout va bien. J’ai passé au travers de ça, chapeau! »
Vous avez réussi à ouvrir à nouveau votre cœur à l’amour. J’imagine que vous y avez mis du temps.
I. F. : Ça n’a pas été facile d’ouvrir mon cœur, car pour moi, être vulnérable signifiait danger. Dans le passé quand j’ai été vulnérable, on m’a blessée. Mais quel beau cadeau je me suis fait en ouvrant mon cœur à l’amour! Cédric m’a énormément aidée. Il m’a accueillie dans ma fragilité, il m’a accompagnée dans mes moments d’angoisse, dans mes crises de panique, il m’a aidée à les atténuer. Il m’a surtout dit : « Je suis là pour rester. Sois toi-même, tu es merveilleuse quand tu es vulnérable. » Et de trouver un homme capable d’avoir cette intelligence émotive, de pouvoir être libre dans cet amour a été pour moi extraordinaire! Cela m’a pris des années et j’ai réussi à le faire parce que j’ai consulté, parce que j’ai travaillé sur moi. Aujourd’hui j’ai retrouvé la confiance.
Cette confiance vous a même permis d’avoir un enfant.
I. F. : Ça c’est la plus grande libération! Je suis libre de mon corps, de mes peurs, de mes blessures. Quand je suis tombée enceinte il y a deux ans, j’ai senti que mon corps était désormais assez serein pour que je puisse accueillir un enfant et lui donner ce que j’ai de plus beau, parce que je suis guérie. J’ai écrit mon second livre, Le Monstre – La suite, pour mon fils Émile, pour être totalement libérée afin de lui donner le meilleur. Ce deuxième livre m’a permis de tourner la page complètement. Cet enfant est l’amour de ma vie, je suis tellement heureuse avec lui!
Votre travail de comédienne est nourri par tout ce que vous avez vécu. Plongez-vous des racines même dans ce passé trouble?
I. F. : Oui, quand j’ai tourné le film Elles étaient cinq je portais tellement de colère, tellement de hargne, j’étais comme un volcan prêt à exploser. Mon rôle dans cette histoire de viol et d’assassinat est arrivé à un moment crucial dans ma vie. Ce personnage m’a permis d’extérioriser toute cette charge émotive.
Quand vous avez joué dans la série Virginie, votre expérience était encore récente.
I. F. : Oui, c’était encore tout frais et je travaillais énormément. Quand nous avons fait relâche pendant l’été, je suis tombée en dépression. Je ne pouvais plus fuir dans le travail, et quand l’adrénaline est tombée, je suis tombée en même temps. C’est là que je suis entrée en thérapie fermée. En revenant sur le plateau à l’automne, mes collègues ont remarqué mon changement. Ils voyaient une nouvelle Ingrid qui avait confiance en elle, qui avait beaucoup plus d’aplomb. Je gardais mon secret bien sûr, mais la comédienne allait puiser dans ce fond-là. Toutes les expériences de vie servent à l’acteur pour lui permettre de jouer avec émotion. Et avec tout ce que j’ai vécu, il y a une vaste gamme d’émotions dans lesquelles je peux puiser.
Tous les événements de notre vie nous façonnent, même les douleurs extrêmes. Qu’avez-vous appris de tout cela?
I. F. : Je n’ai jamais perdu mon regard d’enfant et je reste émerveillée par la beauté de la vie. Je mords dans la vie, je n’ai pas peur de foncer, mais la vie est courte et je me rends compte à quel point on est fort en tant qu’être humain. On dit souvent que ce sont les personnes les plus fortes qui reçoivent les épreuves les plus difficiles. Je devais avoir une âme assez forte pour réussir à traverser cette épreuve! Je me respecte pour cela. Chaque personne a son histoire et je ne peux pas la juger puisque je ne la connais pas. Je lui dois respect pour son chemin de vie. Je respecte chaque être humain pour ses blessures, ses peurs, ses failles, pour son parcours en fait. Cette expérience pénible m’a apporté la tolérance.
C’est très courageux de votre part de mettre ainsi votre âme à nu pour sensibiliser d’autres victimes!
I. F. : Je crois qu’il est important d’aborder cette problématique devant un large public. Mes livres ont déjà rejoint plus de 100 000 lecteurs et c’est un énorme bassin de population, mais avec la série télévisée, je vais entrer directement dans les salons. Toutes les petites Ingrid qui vont ouvrir leur télé pour regarder Le monstre vont peut-être se reconnaître et trouver la force de fuir leur situation. C’est très important pour moi! C’est une autre façon de fracasser le silence et j’en suis extrêmement reconnaissante et fière.
SOS violence conjugale, 1 800 363-9010, 24 heures sur 24 / 7 jours sur 7.