Danielle Trottier, auteure d’Unité 9, Marie Lamontagne (Guylaine Tremblay), Jeanne Biron (Ève Landry), crédit photo : François Forget
Unité 9 | La prison de Lietteville ferme ses portes
Propos recueillis par Claudette Lambert - 1er avril 2019
Unité 9, la série dramatique la plus populaire des ondes d’ICI Radio-Canada, tire sa révérence après sept saisons à l’antenne. Avec des cotes d’écoute impressionnantes, cette série télévisée créée par Danielle Trottier a reçu de nombreux prix et distinctions au fil des ans. Une soixantaine de personnages ont évolué dans la prison des femmes de Lietteville ou dans l’environnement immédiat des détenues. L’auteure y a dévoilé des souffrances brûlantes comme des tisons qui ont enflammé les réseaux sociaux. Si les portes de Lietteville se referment, elles s’ouvrent sur l’espoir, nous assure Danielle Trottier.
Claudette Lambert : Votre série Unité 9 aura été une pièce maîtresse de la télévision québécoise qui va certainement passer à l’histoire. Vous étiez auparavant muséologue. Devenir auteure, c’est un tout autre métier.
Danielle Trottier : Ce n’est pas si loin. Quand on est muséologue, il faut faire parler les objets. J’étais spécialisée en ethnologie, en particulier dans les textiles anciens, et quand on a un témoin du passé, il faut creuser, chercher, faire parler l’objet qu’on a devant soi pour savoir quels liens il avait avec les humains. Mon métier m’a bien préparée à voir toutes les possibilités d’un personnage, à me questionner sur toutes ses réactions possibles. Je n’avais jamais rêvé d’être auteure, cela m’est arrivé par hasard et je pense que ma formation de muséologue me préparait bien à l’écriture. J’étais habituée à creuser pour trouver des réponses. Maintenant je suis très heureuse de ce changement de parcours.
Il vous a fallu apprendre à développer la psychologie d’un personnage pour lui donner une cohérence du début à la fin.
D.T. : Je fais partie d’une famille de 14 enfants, j’ai moi-même deux enfants, et je me suis intéressée à la psychologie très tôt dans ma vie. Je viens des sciences humaines alors ce qui m’intéressait le plus dans l’écriture, c’était de comprendre pourquoi une personne agit de telle façon. Je m’intéresse beaucoup aux humains et j’aime comprendre les mécanismes de leurs actions.
Et pourquoi avoir choisi le milieu carcéral pour développer une série télévisée?
D.T. :J’avais déjà écrit pas mal de textes qui tournaient autour des histoires de familles et je désirais sortir les femmes du milieu domestique dans lequel elles sont souvent coincées. Comme auteure, on est toujours en quête d’histoires à raconter. J’ai donc plongé dans le cadre criminel, l’incarcération et le huis clos.
Ce milieu vous a permis d’explorer toute une gamme de femmes écorchées, blessées par le viol, l’inceste, la drogue, la violence, et d’explorer également la situation des femmes autochtones.
D.T. : Je suis de la génération des féministes militantes qui s’intéressaient au sort des femmes. Le mouvement LGBT (lesbien, gai, bisexuel et transgenre) m’a aussi beaucoup interpellée. J’ai toujours été préoccupée par le sort des femmes et je trouvais très peu de modèles à la télé. On nous présente la mère, la sœur, l’amie, l’amoureuse, mais la femme dans toute sa complexité est un sujet rarement abordé. C’est sûr que j’ai tout de suite vu une occasion de raconter une histoire extrêmement dramatique.
Le milieu dans lequel évoluent les personnages d’Unité 9 est-il vraisemblable? Est-il représentatif du milieu carcéral?
D.T. : Le cadre oui. J’ai décrit une prison sans barreau, une prison où on encadre les femmes de façon extrêmement serrée. Je suis en contact avec des femmes qui ont été détenues à Joliette et elles reconnaissent tout de suite la prison dans le cadre de Lietteville. Pourtant, le téléroman évolue dans une apparence de réalité, parce que si j’avais montré la réalité toute nue, on n’aurait pas tenu cinq minutes. Mon métier, c’est de raconter une histoire, mais j’ai utilisé environ10 % du matériel que j’avais dans mes poches. Les femmes incarcérées que j’ai croisées ont eu des parcours de vie extrêmement difficiles, alors j’ai fait attention. Il y a des choses qui ne se montrent pas à la télé. Je n’ai pas été censurée, mais certaines expériences sont trop intimes, je ne pouvais pas les exposer.
Unité 9 a eu un impact considérable sur le public. Où se situe la ligne de démarcation entre le désir de raconter une bonne histoire et la responsabilité sociale de l’auteure dans les messages que vous transmettez?
D.T. : J’ai voulu dire aux téléspectateurs : « Ne vous fiez pas aux grands titres que vous voyez en première page des journaux : La tueuse d’enfants, La voleuse de banque… C’est trop réducteur. » J’ai dépassé ça et j’ai voulu faire prendre conscience au public qu’il ne faut pas réduire une personne à une accusation. Cette personne a une grande histoire de vie et elle est beaucoup plus que le crime dont on l’accuse.
Ce message nous a touchés et nous nous sommes attachés à vos personnages.
D.T. : Je n’ai pas étudié la criminalité chez les hommes, mais la femme qui se retrouve en dedans a de fortes chances d’avoir été maltraitée ou abandonnée très tôt dans sa vie. La criminalité est prédictible et je n’ai pas rencontré une seule femme qui l’ait choisie sciemment. Il n’y a pas deux crimes pareils, et souvent, plusieurs raisons vont s’enchaîner les unes aux autres pour en arriver là. Quand j’ai rencontré des détenues, je n’ai jamais demandé quel crime elles avaient commis. J’ai demandé : « D’où viens-tu? Qu’est-ce qui fait qu’un jour tu as abouti en prison? » Et là, j’entendais des histoires de vie absolument incroyables.
Pendant sept ans, les cotes d’écoute d’Unité 9 se sont maintenues à près d’un million et demi de téléspectateurs. Les histoires de Jeanne, de Marie et d’Henriette ont suscité énormément de réactions sur les réseaux sociaux. Vous avez eu un impact considérable sur les valeurs et les mentalités du public. N’est-ce pas un peu troublant pour une auteure?
D.T. : Les deux premières années de la série, j’avoue que je n’ai pas beaucoup dormi; la pression était tellement grande! D’une part, il y avait les téléspectateurs qui découvraient cet univers, d’autre part, il y avait des femmes qui l’ont déjà vécu et d’autres, encore détenues. J’avais peur de trahir les femmes que j’avais rencontrées, et peur aussi de trahir le sujet lui-même. Finalement, je me suis réconciliée avec ce succès auprès du public et je me suis dit que j’allais faire du mieux que je pouvais. C’est une responsabilité très lourde à porter. Certaines fins de saisons ont été difficiles, car je savais que j’allais recevoir des critiques virulentes. La fin de saison où Marie a tenté de se suicider a été pénible. Le viol de Jeanne Biron a été un autre moment très lourd à porter. La scène était dure pour le public, mais je m’en serais énormément voulu de ne pas traiter de ces deux sujets-là. Le viol et les tentatives de suicide sont des drames tellement fréquents et si importants pour les femmes derrière les murs que je voulais absolument les aborder. Les femmes autochtones sont nombreuses en prison, et c’était très important pour moi qu’une comédienne de cette communauté accepte d’endosser l’histoire d’Eyota Standing Bear. Il me fallait une comédienne à laquelle le public allait s’attacher, et Nathasha Kanapé Fontaine a été capable de porter ce fardeau-là.
Vous lui avez donné des répliques qui reflètent la sagesse de la culture amérindienne.
D.T. : Les autochtones ont une telle ouverture et les contacts que j’ai eus avec elles m’ont tellement touchée. J’ai été impressionnée par cette communauté. D’une manière générale, les détenues m’ont beaucoup étonnée. Il fallait d’abord que j’établisse un lien de confiance, mais ensuite, j’avais un accès direct à leur drame.
Et votre Shandy qui se donne la mort… Manipulatrice, séductrice hypersexuelle! Après sa mort, sa famille ne veut même pas récupérer ses cendres, c’est l’abandon total! Une scène d’une infinie tristesse!
D.T. : Oh! Ma Shandy! Elle est plus grande que nature. J’ai su dès le début que je ne pouvais pas la sauver et ça me faisait de la peine. En prison, j’ai vu tellement de femmes abandonnées parce qu’elles avaient épuisé leur famille, leurs proches. À un moment donné la famille n’est plus capable de supporter la drogue, les mensonges, les vols. Quand une personne a un trouble de personnalité limite grave comme celui de Shandy, c’est tellement souffrant que la famille n’est plus capable de maintenir le lien. Il me semblait important de le dire même si ça m’a procuré une grande peine de travailler ce sujet-là avec ce personnage que j’adorais.
Votre psychologue, Steven Picard, fait des interventions exceptionnelles auprès des femmes. Où est Danielle Trottier dans Unité 9? Dans le personnage de Marie Lamontagne ou dans celui du psychologue?
D.T. : Danielle Trottier est dans tous les personnages. Il y a de moi dans chacun d’eux, dans Shandy, Henriette et même dans le directeur de la prison. Quand nous faisions le montage des épisodes, j’en sortais totalement épuisée, car je portais toutes les causes, j’étais tous les personnages. Vous savez, ça fait douze ans que je suis en prison. J’ai fait ma recherche pendant cinq ans et ensuite, j’ai enchaîné sept ans d’écriture. Je sors de là épuisée.
Votre psychologue croit énormément en la réhabilitation des femmes.
D.T. : Absolument! Quand on ne coupe pas le contact avec les détenues, qu’on arrive à les soutenir, à bien les encadrer, on voit des miracles se faire. Moi j’y crois profondément et ce personnage-là entre autres me servait à véhiculer cette conviction. J’ai la croyance profonde qu’après avoir fait du temps en prison, on peut s’en sortir. Et le plus bel exemple c’est Henriette. Elle nous est arrivée comme une sorte de demi-animal. Elle n’a pas changé de personnalité, mais elle en sort capable d’entrer en contact avec les autres.
Vous lui avez écrit des répliques tellement drôles et savoureuses! J’imagine que la personnalité et le talent des comédiennes vous ont inspirée aussi.
D.T. : Le personnage d’Henriette me permettait de lâcher mon fou. Avec la plupart des autres, je devais être sérieuse, mais avec Henriette, je riais aux éclats derrière mon ordinateur, je lui faisais dire des choses épouvantables. Avec une comédienne comme Danielle Proulx, et je pourrais dire cela de toutes les comédiennes de la série, mais avec Danielle, je savais que je pouvais aller partout et qu’elle allait prendre ma scène et l’amener à son sommet. C’était le cas aussi avec Micheline Lanctôt, Guylaine Tremblay, Ève Landry, Catherine-Anne Toupin, Luc Guérin, Céline Bonnier. J’ai été choyée. La réalisation était complètement collée au sujet et les interprètes étaient grandioses. Cela faisait toute la différence. Travailler avec des grands comédiens magnifie l’écriture. C’est un grand privilège.
Parlons un peu de Jeanne Biron. Blessée dès l’enfance, elle subit un viol collectif insoutenable. Malgré tout, on la sent forte, généreuse, capable d’être un leader, et finalement, capable de soigner l’enfant blessée qu’elle a été. On a le goût de la sauver et de la voir enfin heureuse.
D.T. : Dès le début, je savais que Jeanne allait être mon personnage le plus difficile à réhabiliter parce qu’avec elle, je travaillais la question de la maltraitance qui venait de l’enfance. Elle vient d’une famille où il y avait beaucoup de consommation de drogue, un père incapable de la protéger, une mère qui l’a maltraitée, donc je partais de loin pour réhabiliter ce personnage. J’ai rencontré beaucoup de femmes qui ont souffert de maltraitance dans l’enfance. Jeanne portait ce fardeau-là. C’est un personnage fort, mais les forts tombent aussi. Et quand ils tombent, c’est encore plus difficile de les ramasser, car ils ont reçu bien des coups avant de s’effondrer. Jeanne en a vu de toutes les couleurs dans une famille totalement dysfonctionnelle. Beaucoup de femmes se sont identifiées à Jeanne, car elle incarne le mal de vivre et la force de continuer.
Marie Lamontagne a, dès le début, capté l’affection des Québécois. Son rôle d’intervenante après sa sortie de prison est-il vraisemblable? Une telle fonction existe-t-elle vraiment?
D.T. : Absolument. Des femmes qui ont vécu l’incarcération et qui ensuite retournent sur les lieux pour aider les autres, j’en connais et je les côtoie. Ça existe dans les deux paliers, provincial et fédéral.
Comme si une petite porte s’ouvrait sur l’espoir…
D.T. : Ce que je trouve formidable, c’est qu’en ayant vécu l’incarcération, elles peuvent dire des choses que les intervenants ne peuvent pas dire. Marie peut dire à l’une d’elles : « Tant que tu te comporteras comme ça, tu n’auras rien, je la connais la game, ça ne passera pas et tu le sais que ça ne passera pas. » Marie est une femme éduquée qui vient aussi de ce monde-là, ce qui lui donne un pouvoir que les autres femmes n’ont pas. C’était donc important que ce soit elle qui retourne à l’intérieur des murs pour aider les femmes à en sortir. Elle aura ainsi beaucoup contribué à changer la prison.
Pensez-vous que votre série a influencé l’attitude des intervenants et modifié leurs comportements envers les détenues?
D.T. : C’est sûr que plus j’ai montré l’utilisation de la force abusive et la mise en isolement des détenues, plus les intervenants ont été obligés de se poser des questions. Au début, ils me disaient que ce n’est pas du tout comme ça que les choses se passent, et moi j’étais obligée de répondre : « Pourtant, les femmes qui m’en ont parlé me disent que c’est comme ça que ça se passe. » Quand ces images sont sorties sur la place publique, on s’est mis tout à coup à questionner l’utilisation abusive de l’isolement, « le trou », comme ils disent. Ça et bien d’autres choses. Comme auteure, j’ai présenté un miroir et ils étaient obligés de se regarder dedans.
Eyota Standing Bear (Natasha Kanapé Fontaine), Jean-Philippe Duval, réalisateur d’Unité 9, Macha Vallières (Hélène Florent), Danielle Trottier, auteure d’Unité 9, crédit photo : François Forget
Dans la cour, il existe une certaine liberté d’inter-action. On y voit de belles amitiés se nouer, mais aussi des tractations, de la manipulation et plusieurs échanges de coups bas. C’est le lieu de tous les dangers.
D.T. : La cour est un espace où tout est possible. Une prison, c’est un territoire, c’est un pays dans le pays. La cour est une représentation de la violence du monde, une représentation en condensé de tout ce qu’on peut vivre à l’extérieur. Et c’est avec toutes ces interactions entre individus que les femmes doivent se rebâtir un monde. Pour une auteure, c’est riche de possibilités.
Vous êtes en quelque sorte le dieu créateur de vos personnages et vous en portez toute la responsabilité. Les commentaires que vous recevez influencent-ils la fiction que vous êtes en train d’écrire?
D.T. : Avec une série qui a soulevé des questionnements comme Unité 9, si j’avais été un auteur débutant, il aurait pu y avoir un risque de dérapage. Mais j’avais douze ans d’expérience d’écriture et déjà, avec ma série Emma, j’avais développé des contacts avec le public par les réseaux sociaux. Il y a des provocateurs auxquels on ne répond pas parce que leur idée est faite. Je savais à qui répondre et qui ignorer. Quand ma saison entre en ondes, mon travail d’écriture est terminé, toute ma saison est écrite. Les commentaires du public ne peuvent donc plus avoir d’impact sur le scénario, car les scènes sont déjà en grande partie tournées. Mais les réseaux sociaux me permettent de mesurer la sensibilité du téléspectateur, de voir jusqu’où il est capable d’absorber certaines choses. Je n’aurais pas montré le viol de Jeanne dans la première saison. J’ai patiemment amené le téléspectateur vers les réalités que j’avais constatées à l’intérieur des murs. Je ne pouvais pas commencer en décrivant la violence telle qu’elle existe depuis toujours dans les prisons, je devais y aller progressivement.
Les liens d’amitié, d’entraide, de solidarité qui se développent entre les femmes incarcérées nous ont émus, nous ont permis de porter un regard de tendresse sur ces femmes, de mieux comprendre les rouages psychologiques et sociaux de la criminalité.
D.T. : Tout ne peut pas être noir, il fallait que je trouve des élans de lumière. Les femmes ont cette grande capacité d’empathie. Pas toutes au même degré, mais cette capacité des femmes à être empathiques au sort des autres faisait partie de l’histoire. Même le personnel a évolué au fil des saisons, notre chef de sécurité est devenu plus attentif au sort des femmes, l’IPL Nancy Prévost a beaucoup évolué aussi. Elle arrivait des prisons masculines et elle était vraiment rigide, mais ce sont les femmes à l’intérieur des murs qui l’ont changée et qui ont changé le personnel. C’est ça le grand message que je vais laisser : par leur grande capacité d’amitié, d’amour et d’empathie, ce sont les femmes à l’intérieur qui vont changer la prison.
L’incarcération d’une des leurs a un impact important sur les familles, les conjoints, les enfants des détenues. Pensons à Jessica qui a tué son enfant. Sa famille a du mal à accepter la personne au-delà du geste innommable qu’elle a posé.
D.T. : J’ai assisté à des audiences en cour, j’ai entendu des histoires terribles et on ne pense pas qu’on va être capable un jour de pardonner. Quand la catastrophe arrive, pour la majeure partie des gens, c’est comme une bombe nucléaire qui éclate dans la famille. La condamnation est proportionnelle à la gravité du geste posé. Jessica est condamnée à vingt-cinq ans de prison, alors il me fallait du temps pour amener la famille à l’aimer malgré tout. La scène où sa mère lui dit : « J’ai regretté de t’avoir mise au monde » est insoutenable. C’est une phrase terrible! Dans cette scène-là, j’étais la mère, le père, le frère et aussi Jessica. La mère commence à douter d’avoir été une bonne mère, car elle a mis au monde une fille qui a tué son enfant. Le ravage qu’un tel crime peut faire sur un parent! J’ai vu des parents dévastés. Autour d’une personne emprisonnée, il faut compter sept ou huit proches qui sont touchés, qui vivent son drame d’une manière ou d’une autre. C’est une blessure à vie, il y a quelque chose qui dépasse l’entendement.
Il y a une autre vie après la prison?
D.T. : Une autre vie, oui, mais j’ai fait dire à un de mes personnages : « On a beau enlever les barreaux, ils repoussent toujours. » Quand je me retrouve avec une ancienne qui a fait du temps, tout de suite nous parlons de prison.
Toute cette réflexion que vous avez faite pendant une douzaine d’années vous a forcée à jeter un regard sur notre société, sur les causes de la criminalité, sur les moyens de la réduire. Quel est votre bilan?
D.T. : Je crois énormément à l’éducation, je pense que le reste de ma vie je vais frapper sur ce clou-là. Mes prochaines histoires vont constamment aller vers notre devoir, comme membres d’une société, de nous assurer que tous les enfants ont ce qu’il faut pour bien se développer. Quand on vit dans un pays riche comme le nôtre, c’est presque impensable qu’on n’y arrive pas. C’est ce en quoi je crois profondément. Il faut commencer là, entrer dans les écoles primaires, s’assurer que les enfants mangent, qu’ils ont des soins. La négligence, c’est grave. Je lisais encore récemment qu’on avait atteint un million de cas de signalement à la DPJ. Je ne peux pas croire qu’au Québec on en soit encore là. Ça me préoccupe et je ne pourrai plus être aveugle face à ça.
Votre série Unité 9 nous a démontré que tout le monde a un ressort caché, que tout le monde peut grandir.
D.T. : Tout le monde a ce potentiel. Parfois il faut peu de chose, une simple main tendue peut faire la différence. La fin d’Unité 9, je l’ai voulue positive parce qu’on a besoin d’un peu d’espoir pour regarder en avant!