Entretien avec Léonie Couture

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La rue des Femmes | un refuge pour celles qui ont tout perdu



Propos recueillis par Claudette Lambert - 1 août 2020

Les femmes itinérantes sont exposées à tous les dangers : abus, violence, maltraitance, viol... Plongées dans un état de stress permanent, elles n’arrivent plus à reprendre leur vie en main. Pour les aider à retrouver leur dignité, Léonie Couture a fondé en 1994 La rue des Femmes, un centre d’intervention qui propose une approche unique basée sur la santé relationnelle pour les aider à reconstruire leur vie et réintégrer la société. Présidente et fondatrice de La rue des Femmes, Léonie Couture nous parle des nombreux défis qu’elle et son équipe rencontrent au quotidien.

 

Elles viennent de milieux plus défavorisés, mais aussi de toutes les classes de la société. On a même des médecins et des professeurs, car un stress post-traumatique peut briser tout le monde.


Claudette Lambert : Nous connaissons un peu moins bien l’itinérance au féminin. Quel est le portrait des femmes que vous recevez?
Léonie Couture : Nous recevons des femmes qui ont subi beaucoup de violence. Tout comme les gens qui reviennent de guerre, ces femmes itinérantes ont vécu des stress post-traumatiques. Elles viennent de milieux plus défavorisés, mais aussi de toutes les classes de la société. On a même des médecins et des professeures, car un stress post-traumatique peut briser tout le monde. Certaines ont vécu des pertes et des abandons, d’autres ont subi des abus et de la maltraitance, le plus souvent dans l’enfance. Quand ces blessures sont trop fortes, elles peuvent terrasser n’importe qui.

Elles font déraper la vie de l’adulte qui n’a pas réussi à guérir sa plaie?
L. C. : Chez les enfants, on parle de traumatisme du développement. Quand les parents en difficulté sont incapables d’établir une connexion avec leur bébé, de répondre à ses besoins à différents niveaux, ils provoquent un trauma extrême qui aura de lourdes conséquences sur le développement physique et psychologique de l’enfant. Il devra faire appel à toutes sortes de mécanismes pour survivre à ce traumatisme. Malheureusement, ces enfants qui ont vécu des difficultés pendant l’enfance, sont des personnes brisées.

Comme le rappelle l’auteur Boris Cyrulnik, après un événement grave, les enfants qui ont grandi dans un milieu solide, fort et aimant sont plus résilients. Ils remontent la pente plus facilement. Ceux qui n’ont pas eu de sécurité et dont les parents étaient souffrants, arrivent plus difficilement à la résilience. Tout être humain a besoin d’être aimé et de vivre en sécurité, mais les parents qui sont blessés peuvent être bloqués à ce niveau-là. Bien sûr, les enfants qui ont vécu des choses trop difficiles peuvent atteindre un bel équilibre, mais souvent, quand arrive un coup dur ils ont du mal à se relever. Donc il faut les aider à se reconstruire en travaillant sur les forces qui sont à la base de l’équilibre.
 

Léonie Couture célèbre le traditionnel Brunch des Reines en compagnie des membres du conseil d’administration.


La drogue et la prostitution touchent-elles une partie importante de votre clientèle? 
L. C. : Bien sûr! Quand on est souffrant on développe toutes sortes de déviations. Certaines femmes prises dans les filets de la peur n’arrivent pas à démarrer, à sortir de la terreur de leur passé.

On sait depuis longtemps que les vétérans basculent à tout moment dans l’horreur de la guerre. Le moindre événement douloureux les plonge à nouveau dans ce passé terrifiant. Au plan de la santé mentale, ils n’arrivent pas à rester dans la réalité, ils ne sont plus dans le présent, car ce qu’ils ont vécu est trop grave et leur vie a été profondément menacée. Alors un enfant qui vit un traumatisme du développement sent que sa sécurité est menacée et cela le poursuit toute sa vie. Une personne prise dans la terreur n’arrive pas à s’intégrer au niveau relationnel et quand ça fait trop mal, elle utilise la drogue, l’alcool ou les médicaments comme soupape. Il faut comprendre que les gens qui sont dans la rue sont des personnes souffrantes, très malades. La violence faite aux femmes, ce n’est pas d’hier qu’on en parle. Elle a des conséquences malheureuses et les traumatismes graves ne choisissent pas les classes sociales.
 

La thérapie parlée n’est pas possible pour toutes. Leurs blessures sont si profondes que de les ramener dans ces blessures-là risque parfois de les traumatiser davantage.


Qu’est-ce que vous leur proposez comme aide? Un toit, des vêtements, de la nourriture? Allez-vous au-delà des besoins de base? 
L. C. : Une personne itinérante a d’abord besoin de nourriture, de vêtements, d’un toit, et en plus, puisqu’elle est dans la rue, c’est qu’elle a tout perdu : ses enfants, sa maison, son travail. Et si dans sa détresse elle a besoin de drogue, l’aide sociale ne suffit pas. Elle est parfois prise dans des problématiques criminelles, elle est donc très vulnérable. Tous ces besoins font partie de l’enveloppe, mais au-dedans il y a une personne démolie qui n’est plus capable d’avoir un travail, et qui a peut-être abandonné ses enfants. Il lui faut alors bien plus qu’un toit et de la nourriture. Je pense à cette femme enceinte qui a perdu son bébé car elle n’était pas capable d’en prendre soin. Auparavant, elle avait réussi grâce à notre aide à tenir pendant dix ans, mais elle était isolée. Elle avait fait différentes choses pour réintégrer la société, mais personne ne voulait lui faire confiance, son passé la suivait partout. Elle s’est découragée, elle est retombée dans la drogue, et la DPJ a dû lui enlever son enfant. Dès sa petite enfance elle avait eu une histoire épouvantable et toutes les peines subséquentes se sont accrochées à ces pertes. Au niveau relationnel, elle était brisée. Dans ces cas-là, notre travail est d’essayer par tous les moyens de les aider à se reconstruire. Premièrement, nous les accueillons comme des personnes blessées et nous comblons les besoins de base. 

Quand une personne a un accident de la route, on l’envoie à l’hôpital, le lit et la nourriture viennent avec les soins. De la même manière, notre approche est soignante et non éducative. Nous ne sommes pas là pour lui montrer ce qu’elle n’a pas appris. Ce n’est pas une question d’apprentissage, c’est une question de blocage psychologique et neurologique grave. C’est un traumatisme extrême. 

Nous mettons tout en œuvre pour l’aider à débloquer. La thérapie parlée n’est pas possible pour toutes. Leurs blessures sont si profondes que de les ramener dans ces blessures-là risque parfois de les traumatiser davantage. Nous utilisons une autre approche : l’art-thérapie, la drama-thérapie, le yoga, la chorale ou tout autre forme de thérapie qui passe par les sensations et amènent la personne à approcher l’horreur mais de l’extérieur. Elle doit d’abord se renforcer, et quand elle est prête, elle va pouvoir s’ouvrir. C’est un travail de longue haleine. Nous avons suivi des femmes pendant des années. Certaines d’entre elles ont besoin d’une médication. Elles sont tellement paranoïaques et réactives à tout qu’il devient difficile de travailler avec elles.
 

Léonie Couture et la reine Claudie, une participante de la maison Olga.


Les problèmes de santé mentale touchent-ils largement votre clientèle? 
L. C. : Ça vient avec. Les traumatismes graves atteignent la santé physique et mentale. Celles que nous recevons ne sont pas en bonne santé. La brisure est si grave qu’elles sont toujours sur l’adrénaline et les réflexes de survie. Quand elles réussissent à se déposer, tout casse. Quand on vit de grandes peurs, le cœur, ainsi que plusieurs fonctions du corps sont sollicitées. Le corps réagit fortement et idéalement, il faudrait se sauver. Quand la fuite n’est pas possible, la personne fige, mais pendant longtemps, la peur reste fixée en dedans et le corps pense toujours qu’il doit fuir.

Comment définissez-vous le concept de santé relationnelle que vous avez développé à La rue des Femmes?
L. C. : C’est la capacité vitale d’être en lien avec soi-même et avec les autres. Pour retrouver leur vie, leur santé relationnelle et guérir de leurs blessures, ces femmes de la rue ont besoin d’accueil, de sécurité et de soins appropriés. Comme elles ont perdu le sens de la réalité, la moindre difficulté vient réactiver l’horreur du passé et la personne bascule dans l’autre réalité, celle du traumatisme. Le corps ne peut plus percevoir la situation présente, il suit ce qu’il sent en dedans. Celles qui vivent dans la rue ne sont pas capables de fonctionner. Par tous les moyens, elles tentent de ne pas perdre le peu de dignité qui leur reste. Même, elles se trouvent fortes de pouvoir affronter la rue, d’être capables de s’organiser dans une situation aussi précaire. Quand on les accueille comme de vraies personnes souffrantes, elles comprennent qu’on reconnait l’horreur qui les habite.

Vous ne leur offrez donc pas seulement un refuge pour la nuit.
L. C. : Nous pouvons les garder 24 heures sur 24 et elles peuvent passer deux, trois, quatre jours si elles ont besoin d’aide; nous les gardons le temps qu’il faut. Pour certaines d’entre elles, rester dans une maison, c’est extrêmement anxiogène. Après quelques jours elles s’en vont, c’est trop pour elles. Dans cet environnement relationnel, elles se sentent bombardées et elles se sauvent en courant… Mais elles reviennent. C’est très complexe! Après avoir vécu des choses graves, elles ne sont plus capables de fonctionner dans leur famille ou dans un milieu de travail. Pourtant, il n’y a pas si longtemps, ces femmes vivaient normalement. 

Avez-vous un cas en mémoire?
L. C. : Il y a 15 ans, nous avons accueilli une personne qui était à la rue depuis des années. Elle dormait dans des refuges, et au matin elle repartait. Un jour elle a découvert nos services. Elle n’avait pas un comportement facile, mais elle a dit oui quand nous avons décidé de la garder. Nous lui avons donné une chambre et elle est restée quelques années. À quelques reprises nous avons voulu l’envoyer à l’hôpital, mais l’hôpital refusait de l’accueillir car on nous disait qu’elle n’était pas dangereuse pour elle-même ni pour les autres.

Nous vivions avec elle, avec ses crises et ses cris. Nous étions certaines que si nous lui demandions de s’en aller, c’était évident qu’elle allait retourner à la rue. Nous n’arrivions pas à nous résoudre à cette solution. Puis un jour un incident nous a permis de dire à un médecin qu’elle était dangereuse pour les autres. Alors elle a été hospitalisée pendant quatre mois. Elle l’a accepté car elle avait la conviction que nous ne nous étions pas débarrassées d’elle. Avec une médication adaptée, les choses ont changé, elle n’était plus la même. Nous avions devant nous une vraie personne. Ça été un choc pour moi. Notre intervenante l’a invitée à venir faire de l’art-thérapie et nous avons découvert une grande artiste. 

Avec tout le travail que nous avions fait avec elle pendant des années, nous étions devenues sa vraie famille, sa sécurité, son ancrage. Pendant son hospitalisation, elle nous téléphonait, nous présentait à son médecin. Elle nous a quittées maintenant. Elle est redevenue autonome, médicamentée oui, mais fonctionnelle. Elle a repris contact avec sa fille qu’elle n’avait pas vue depuis 25 ans, et finalement elle vit avec elle, l’aide au magasin et garde sa petite fille. À chacune de ses lettres, nous la sentons de plus en plus solide. Elle fait des activités sociales avec des amis, elle est retombée sur ses pieds. 

Comment en êtes-vous venue à développer cette approche centrée sur la santé relationnelle? 
L. C. : Mon expérience personnelle m’a permis de savoir ce que ça veut dire que de vivre des traumatismes graves. J’ai vu des personnes qui avaient beaucoup de potentiel et qui ont été brisées, cassées à cause de la violence. Moi-même j’ai fait une thérapie car j’avais besoin d’aller plus loin pour être plus satisfaite de ma vie. J’ai eu la chance de trouver une thérapeute incroyable, c’est elle qui m’a permis de faire ce cheminement. Sans elle il n’y aurait pas de Rue des Femmes. Cette thérapie m’a fait tellement de bien! Parfois je dis à la blague: « J’étais peut-être folle, mais j’avais tellement de bonnes raisons de l’être!»

La folie sert parfois à quelque chose…
L. C. : En fait la folie parle, elle dit ce qu’elle a à dire et tente de s’adapter à des situations tragiques. Grâce à l’accompagnement dont j’ai bénéficié, j’ai pu me reconstruire en allant toucher les choses qui me troublaient. J’avais tellement de misère à faire ma vie, il fallait que je fasse quelque chose. J’ai œuvré dans un mouvement contre le viol, mais avec des personnes qui étaient capables de travailler, de retourner chez elles après avoir pleuré pendant une heure sur le divan. Elles avaient un endroit pour se ramasser et remonter tranquillement, alors que d’autres n’avaient que la rue. Alors je me suis dit qu’il fallait leur donner un lieu pour qu’elles puissent se déposer, se sentir en sécurité sans avoir besoin de chercher chaque jour ce qu’elles vont manger et chaque soir où elles vont dormir. Un refuge où elles seront protégées contre toutes les agressions qu’elles peuvent vivre dans la rue. C’est tout cela qui m’a montré que nos difficultés relationnelles peuvent nous mener à la rue. L’alcool, la drogue, l’abus de médicaments sont des moyens pour tenter de supporter toute cette souffrance.

Vous recevez environ 1 200 femmes itinérantes par année. Il vous faut un personnel nombreux pour répondre à leurs besoins.
L. C. : Nous avons une centaine de travailleurs, 24 heures sur 24, pour l’entretien, la cuisine, le ménage, l’administration. Nous possédons trois maisons : la maison Jacqueline, pour les urgences et la stabilisation, Olga, pour les soins psycho-relationnels et la période de transition, et Dahlia pour le logement autonome.

Notre équipe comprend également une infirmière, des intervenantes sociales, des éducatrices spécialisées qui ont diverses formations en psychologie, art-thérapie, médecine alternative et yoga. Nous utilisons différentes approches qui touchent au bien-être de nos bénéficiaires et qui peuvent nous aider à les accompagner pour creuser plus profondément dans leur vécu. L’accueil, l’écoute et la compassion doivent se faire à tout moment. Nous accueillons la peine, la colère et le désespoir à longueur de journée.
 

Léonie Couture célèbre le traditionnel Brunch des Reines en compagnie des membres du conseil d’administration et de la reine Claudie, une participante de la maison Olga.


Comment tenez-vous le coup face à toute cette misère humaine qui déferle sur vous régulièrement?
L. C. : En travaillant sur soi. Pour accueillir les autres, il faut d’abord s’accueillir soi-même avec notre impuissance, notre colère, notre peur, notre violence aussi, car parfois les femmes ne nous font vraiment pas de cadeau. Pour certaines d’entre elles, nous représentons la figure de la mère qui a abusé de son enfant, donc nous pouvons recevoir des coups… Mais nous ne leur permettons pas d’en arriver là, car si la peur s’installe chez les intervenantes, ça devient dangereux. Les femmes le savent aussi. Si jamais elles traversent cette ligne, qu’elles n’arrivent plus à se contrôler, c’est qu’elles sont trop malades. Elles ont besoin de soins, il faut les envoyer à l’hôpital. Nous aimerions avoir de l’aide avant d’en arriver là, mais le réseau de la santé n’a pas toujours la possibilité de le faire. Les coupures de budget nous font mal.

Comment arrivez-vous à coordonner toutes vos interventions et à vous soutenir les unes les autres?
L. C. : La cohésion de l’équipe est très importante! Nous avons des rencontres hebdomadaires pour partager nos expériences, nos défaites  et nos interrogations. Nous devons adopter de grandes lignes directrices tout en donnant à chaque intervenante une certaine marge de manœuvre lui permettant de conserver sa personnalité, son intuition, sa capacité de saisir l’autre avec sa sensibilité propre. L’humanité est probablement l’espèce la plus traumatisée sur la planète. Je donne souvent l’exemple du vétéran qui revient de guerre. Il n’est plus le même, il ne se comprend plus. Il a pu sombrer dans l’alcool, la drogue, la violence et même ses proches ont peur de lui. Il est en état constant de choc post-traumatique. C’est difficile de composer avec un passé troublant. Grâce à la psychologie et à la neuroscience, nous commençons à comprendre comment faire face à la terreur.

J’ai côtoyé des victimes d’inceste et de viol, et je peux vous dire que toutes les femmes qui nous racontaient des histoires de viol étaient sûres qu’elles allaient se faire tuer. C’est une intrusion si profonde dans leur intimité. Le premier réflexe d’une femme violée est de se sauver ou de se battre. Si ce n’est pas possible, face à une mort imminente, le corps se fige pour ne pas souffrir et la personne semble morte. On a des millénaires de survivance à des traumatismes. Ces réflexes ancestraux demandent énormément d’énergie pour mobiliser la force de se sauver et si la personne n’arrive pas à libérer cette énergie qui lui a sauvé la vie, elle est dans un état quasi permanent de stress post-traumatique. Il faut trouver des moyens thérapeutiques pour l’aider à s’en libérer, sinon ça devient chronique et toutes les dérives sont utilisées, même l’automutilation pour arriver à retrouver des sensations.  

Tout cela se passe au niveau neurologique. La science nous a fait avancer dans la compréhension de tous ces phénomènes. Le comportement relationnel révèle toujours une souffrance. Si je boite c’est que je tente de protéger quelque chose qui me fait trop mal. C’est la même chose au plan psychologique.
 

Depuis longtemps j’ai compris à quel point il était important de travailler sur ce qui se passe en soi. Nos blessures coupent l’accès au cœur qui est notre humanité. On a besoin de s’ouvrir à nos blessures et à nos insécurités pour retrouver l’équilibre.


Si je comprends bien, la retraite n’est pas pour demain. Il y a encore tant de femmes à la rue qui ont besoin de vos services!
L. C. : La rue des Femmes est l’œuvre de ma vie. Depuis longtemps j’ai compris à quel point il était important de travailler sur ce qui se passe en soi. Nos blessures coupent l’accès au cœur qui est notre humanité. On a besoin de s’ouvrir à nos blessures et à nos insécurités pour retrouver l’équilibre. Il y a quelque temps, nous avons reçu une subvention fédérale pour modéliser notre approche, la valider et la faire connaître. Nous voulons approfondir la compréhension de l’itinérance et offrir des services à toutes les femmes qui en ont besoin, peu importe la lourdeur de leur état. La beauté, c’est qu’elles soient capables de recommencer à vivre. <


Photo de Léonie Couture : Kathleen Girard, Studio Kat Kennedy
 


 

LA RUE DES FEMMES

1050, rue Jeanne-Mance, Montréal (Québec) H2Z 1L7

Tél. : 514 284-9665
info@laruedesfemmes.org



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