Entretien avec France Castel

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L’ultime voyage | un chemin de sagesse semé d’embûches!




Propos recueillis par Claudette Lambert - 1er décembre 2021

Voici le témoignage d'une femme d'aujourd'hui qui a beaucoup appris d'hier, en menant tambour battant une vie riche, folle et fascinante. Un voyage sans nostalgie, parsemé d'éclats de son rire légendaire, où le mot d'ordre est l'authenticité!
 
Le parcours artistique de France Castel s’échelonne sur cinq décennies. Tour à tour chanteuse, comédienne, actrice, animatrice, elle a participé à des dizaines de productions. Femme engagée, mère et grand-mère, elle est probablement l’une des personnalités les plus aimées au Québec. En collaboration avec le journaliste Jean-Yves Girard, elle publiait sa biographie Ici et maintenant aux éditions La Presse en 2016. Elle y dévoile avec courage et franchise de grands pans de son histoire, des plus sombres aux plus lumineux. Force, courage et résilience résument bien le parcours de sagesse de France Castel.

 
Claudette Lambert : Dans votre biographie, vous abordez ouvertement les plus durs moments de votre vie, mais aussi, votre laborieuse remontée vers la lumière. Comment avez-vous vécu cette période d’ouverture totale au public?
France Castel : Ça commence d’abord par l’ouverture totale envers soi-même. Quand on fait un métier public, les choses sont normalement sues et rapportées d’une façon souvent erronée. Il faut accepter le fait que la personne concernée est la mieux placée pour dire ce qui en est, à travers des journalistes et des reporters plus sérieux. Il y a plein de choses de ma vie qui ont été écrites sans même que je le sache. Pendant la pandémie, j’ai fait le ménage des boîtes de coupures de presse que ma mère avait conservées et j’avais le fou rire tellement j’y ai trouvé des choses qui n’avaient pas d’allure. Des choses incroyables comme : « France Castel cache ses enfants, seraient-ils infirmes? » Avec le recul, ça me faisait bien rigoler. Comment ai-je vécu la rédaction de ce livre-là? Est-ce que je dis tout? Certainement pas!
 
Au plus creux de vos années difficiles, qu’est-ce qui vous a aidé à remonter à la surface, à choisir de revivre? Le courage? Les circonstances? L’affection des gens qui vous entouraient?
F. C. : Ce sont toutes de bonnes réponses, mais je dirais surtout que ça relève d’une grâce. Je crois que j’ai été bénie! Je ne veux pas entrer dans de grandes explications ésotériques, mais il y a plein de personnes comme moi qui s’en sortent et d’autres pas. Peut-être que l’énergie positive de mon être était aussi solide que l’énergie négative qui m’habitait et qu’elle a pris le dessus. Quand je parle de grâce, au fond, c’est parce que je ne connais pas vraiment la réponse. Oui, il faut du courage, il y a beaucoup de façons de se prendre en main pour sortir d’une situation comme celle-là. Pourquoi moi je l’ai eu et d’autres pas? Sincèrement, je ne sais pas!
 
Pour dévoiler ainsi sa vie, il faut beaucoup d’humilité face au public et surtout accepter que son égo soit égratigné.
F. C. : Rendu à ce point-là, l’égo en a déjà pris un coup et c’est tant mieux, parce que dans le fond, tout ce qui souffre vient de l’égo. Je pense qu’à un moment donné, ce n’est pas l’égo qui est le plus fort dans l’être, et quand on passe à travers des périodes comme celles-là, c’est l’autre partie de l’âme, l’autre partie de l’être qui prend le dessus.
 
Et pourtant le public ne vous a jamais désavouée. Il vous a suivie de façon constante avec beaucoup de sympathie. Comment l’expliquez-vous?
F. C. : Je pense que j’ai toujours été une personne franche, j’ai toujours aimé les êtres humains, j’ai toujours eu besoin de beaucoup d’amour et besoin d’en redonner. Et ça, je crois que le public l’a senti. Je n’ai jamais triché et je continue d’être transparente. Ceux qui m’aiment m’apprécient pour ça. Et ceux qui ne m’aiment pas font le travail qu’ils ont à faire, et moi je travaille sur le rejet. Chaque personne a son chemin à suivre.
 
La création est une belle source d’énergie, est-ce qu’elle vous a aidé à survivre?

F. C. : La création, oui, mais n’importe quelle passion, qu’elle soit aussi simple que de planter des arbres ou arroser ses fleurs peut aider. Ce n’est pas juste le fait de notre métier. Chaque être humain peut découvrir une passion et l’alimenter au fil des années. C’est donné à tout le monde.
 
Malheureusement, quand on est dépressif, la passion ne motive plus. Les piles sont mortes et ne rechargent plus l’individu.
F. C. : C’est vrai qu’on ne sent rien quand on est en dépression. Il faut d’abord commencer par l’accepter avant de pouvoir remonter en surface. Ensuite, il faut s’aider, se parler et souvent aussi, se botter le derrière.
 
Vous avez révélé au grand jour une relation trouble avec votre père. En parler ouvertement brise-t-il certains liens familiaux? Avec votre mère, avec vos sœurs?
F. C. : Pendant le tournage de l’émission Viens-tu faire un tour? avec Michel Barette, les propriétaires de la maison de mon enfance que nous avons visitée m’ont donné des photos qu’ils avaient trouvées en démolissant un mur, des photos troublantes de mon père et de moi qui avaient été emmurées pendant près de 75 ans. Ça m’a vraiment dérangée de rendre ça public dans le livre, mais à cause de l’émission, je n’ai pas eu le choix d’en parler sinon tout le monde aurait interprété de travers. Ma mère était déjà décédée quand j’ai trouvé ces photos qui avaient été cachées là depuis plusieurs années. Avant qu’elle décède, je travaillais déjà beaucoup sur mon voyage intérieur et sur tout ce que je portais. Un jour elle m’a dit : «Ouais, ton père… hein…» C’était assez. J’ai compris qu’elle reconnaissait ce qui c’était passé. Une de mes sœurs a vécu quelque chose aussi à propos de mon père, et une autre de mes sœurs m’a dit : « Tu sais moi, je ne l’ai jamais laissé faire, j’étais trop mauvaise ». Alors non, ça n’a pas brisé nos relations familiales, peut-être aussi parce que c’était le temps de le dire. Moi ça faisait un certain temps que j’avais compris l’ambiguïté de la relation, mais j’ai été forcée de rendre ça public.
 
J’imagine qu’il y a toujours une sorte de culpabilité chez l’enfant, au moins diffuse. Comment s'en sort-on? Par des thérapies, de la résilience, de la colère envers un père qui a abîmé votre enfance?
F. C. : Chacun a son histoire et je ne sais pas si on devrait entrer là-dedans…  Quelle que soit l’histoire qu’on vit avec son père, que ce soit de la violence, de l‘inceste ou de l’ambiguïté peu importe, oui, il y a énormément de culpabilité. Mais si on s’est sentie aimée et que ce n’était pas violent, c’est difficile d’en vouloir à son père. Chaque cas est différent, mais ça laisse de grosses cicatrices…
 
Vous avez eu des grossesses surprises que vous avez choisi d’assumer. Qu’est-ce que la maternité vous a apporté?
F. C. : Ah! Mon Dieu, la maternité! Moi dans ma vie, je me sentais toute seule. Alors égoïstement, j’aimais beaucoup être enceinte, j’avais conscience d’être tout le temps avec quelqu’un d’autre, mon enfant! À chaque fois que j’ai été enceinte, j’ai cru que c’était la bonne fois. La maternité m’a appris à aimer, mes enfants d’abord, et à m’aimer en retour. Et ça continue. Ce n’était pas facile d’être une mère monoparentale, mais j’ai appris à vivre et à accepter plein de choses.
 
Il n’y a pas de parents parfaits. Quand les enfants sont petits, les parents sont des héros à leurs yeux, mais à l’adolescence, les relations peuvent devenir plus houleuses. Vos enfants étaient adolescents quand vous avez eu votre période de consommation de drogue. Comment l’ont-ils vécue?
F. C. : C’était difficile pour les enfants de m’en vouloir, car j’étais la seule personne constante dans leur vie, les pères ne s’en occupaient pas. Il y en avait un qui ne le connaissait même pas. Il l’a rencontré plus tard, et quand il est mort, il ne lui a même pas laissé un mot. Bref, mon rapport avec eux est devenu un rapport plus vrai, plus authentique. Mes enfants font partie de cette histoire-là, ils savent que peu importe ce que j’ai vécu, je les ai toujours aimés, et ça, ils le savent parce que c’est vrai. J’ai eu mes difficultés et quand on a des difficultés, on permet aux autres d’en avoir. C’est à eux de faire le travail. Moi j’ai arrêté de vouloir réparer, je reste dans le présent avec eux, je les aime et je les accompagne dans autre chose. Il n’y a rien à réparer, le mal a été fait. Alors si quelque chose doit se réparer, ce ne sera pas moi qui vais le faire, ce sera eux. Ma première responsabilité c’est de réparer ma vie, et quand ils voient que moi je me suis réparée, ça les inspire beaucoup.
 
Il y a toujours des pages qu’on aimerait arracher du livre de sa vie. Comment apprendre à se pardonner?
F. C. : C’est une drôle de question que celle du pardon! Le pardon passe par l’acceptation. Est-ce qu’on se pardonne vraiment? On pardonne les faits, mais est-ce que les faits sont pardonnables? Non! On arrive à se pardonner parce qu’on sait d’où ça vient, on comprend pourquoi les choses sont arrivées. Alors quand on se pardonne, on pardonne aussi à nos pères, à nos parents, à tout le monde. C’est important de se pardonner pour pouvoir permettre aux autres de se pardonner aussi.
 
Vous dites dans votre livre que vous sentez quelque chose de plus grand que votre humanité. Quelle est la source intérieure qui vous anime?
F. C. : Heureusement, j’ai eu une étincelle intérieure vibrante et positive, sans quoi je ne suis pas sûre que je serais ici en train de vous parler. Encore une fois, on touche à la grâce, à quelque chose qu’on a, qu’on perd et qu’on doit retrouver. Les grandes lois spirituelles de l’univers nous portent et nous enveloppent. C’est l’essence de chaque âme humaine.
 
Vous avez été bouddhiste pendant un temps, vous ne l’êtes peut-être plus. Qu’est-ce que ça vous a apporté?
F. C. : Ç'a été important pour moi de passer par cette spiritualité-là, car dans le bouddhisme, il n’y a pas de péché, il y a juste des manques d’amour. Ce n‘est pas basé sur la culpabilité, c’est basé sur la responsabilité des actes. On nous avait tellement mal enseigné notre religion! Je ne pratique plus le bouddhisme, mais son esprit m’habite encore. Ça rejoint toutes les belles histoires de spiritualité.
 
Pour vous aider à vous remettre sur les rails, vous avez suivi le programme des cocaïnomanes anonymes. Encore là, il fallait beaucoup d’humilité pour accepter sa vulnérabilité, pour toucher sa dépendance au plus profond.
F. C. : Oui, mais quand tu es rendue là, ce n’est plus important! Quand tu n’as plus d’espoir et que tu veux te sortir d’une dépendance, ces mouvements, qu’ils soient pour les alcooliques ou autres, aident énormément, car tu es accompagnée, tu peux faire des rencontres chaque jour si tu veux. Tu es accueillie et tu essaies de t’en sortir. Moi j’ai été obligée de faire des thérapies et un cheminement personnel avec de l’aide. De temps en temps, j’y retourne. Pendant la pandémie, j’ai fait quelques séances pour me mettre à jour. Quand je me vois en train de me saboter pour différentes raisons, je me prends en main et je tente de régler ça.
 
Il vous est arrivé d’avoir envie de mourir. Qu’est-ce qui vous a empêchée de passer aux actes?
F. C. : Mes enfants. Je pense que je ne pouvais pas laisser ça en plus à mes enfants. Je trouvais que ça n’avait pas de sens. Ça aurait été trop pour eux. Mais en même temps, je ne sais pas trop…  C’est là qu’on entre dans le mystère, dans la grâce. Il y a une partie de soi qui souffre, et c’est à cela qu’on veut mourir. Si on n’a pas accès à l’autre partie, on pense à s’enlever la vie. Ce n’est pas nécessairement parce qu’on veut mourir à tout, c’est qu’on veut mourir à une souffrance. Et cette souffrance-là, c’est mieux de l’identifier et de s’en occuper que de la laisser nous écraser. Chacun doit faire son chemin.
 
Vous avez toujours été une femme de démesure. L’êtes-vous encore?
F. C. : Oui, mais je pense que j’ai donné une autre tournure à ma démesure. Pas sûre qu’on change profondément! Il y a des comportements qui changent, il y a des situations qui changent, il y a plein de choses que je ne fais plus, et je serai toujours quelqu’un de démesuré, d’intense. Il suffit de remettre les choses à la bonne place! Quand j’ai travaillé trop, quand j’ai dépensé trop, je règle ça, parce que je vois bien que ce sont ces excès qui remplacent certaines dépendances. Quand on se connaît bien, ce qui change c’est qu’on peut mieux se gérer. J’arrive à bien gérer ces excès-là maintenant. Quand j’ai des pulsions, je peux leur dire non et je peux les exprimer différemment. Alors qu’avant, j’étais victime de la réaction et c’est la réaction qu’il faut éliminer. Quand on est intense, il faut choisir ce qu’on fait avec cette pulsion. Évidemment, ça demande du travail sur soi.
 
Pas facile de suivre un chemin de sagesse et d’arriver au bout malgré toutes les embûches. C’est l’affaire de toute une vie!
F. C. : Toute une vie, oui! Moi j’appelle ça mon ultime voyage. Plus je vieillis, plus je trouve que c’est un beau grand voyage! J’ai 77 ans et je regarde ce qui me reste à vivre. C’est intéressant de vieillir! Et ça s’apprend!
 
J’imagine que maintenant l’amour prend un tout autre sens pour vous. Quand vous aviez 30 ans, les relations tournaient un peu vite dans votre vie.
F. C. : L’amour pour moi n’est plus synonyme de passion. Je vis avec un conjoint que j’aime tendrement. On s’est aimés passionnément, mais comme pour tout le monde, la passion dure quelques années et ensuite elle se transforme. On était en cheminement tous les deux et on a choisi de s’aimer tendrement, de laisser l’amour prendre d’autres formes. Et c’est pour ça que ça dure, sinon… Avant, quand je ne sentais plus de passion, je passais au suivant. Ce n’est pas ça qu’on ressent avec les enfants. Et c’est pour ça que je dis que mes enfants m’ont appris à aimer.
 
Vous avez fait la grande marche des femmes en 1995. C’était un engagement envers les femmes de toutes conditions, certaines pauvres, discriminées, violentées… Êtes-vous encore dans cette mouvance-là?
F. C. : Absolument et j’y serai toujours! C’est là que j’ai renoué avec les femmes. Depuis la marche Du pain et des roses, je me sens très concernée et impliquée dans la condition féminine. Avant, j’étais one of the boys! Pour moi, ç’a été très important et je continue de m’impliquer pour la cause des femmes, entre autres à la Maison Dauphinelle qui s’occupe des femmes violentées et de leurs enfants.
 
Vieillir n’est pas toujours drôle, il y a bien des choses qui changent dans le corps. Avec tous les excès que vous lui avez imposés, quel est votre rapport au corps maintenant? Comment le traitez-vous?
F. C. : C’est une bonne question, surtout quand on fait un métier public! Le rapport au corps change beaucoup, surtout quand on a eu des enfants. Je travaille actuellement avec de jeunes comédiennes dans la série Nuit blanche et je dois m’accepter tel que je suis, surtout que j’ai toujours refusé de faire des retouches. J’ai la chance d’être en santé, de pouvoir marcher et bouger. Mes 20 livres en trop m’aident à avoir une figure qui ne tombe pas trop… (grand rire!) Pour être sincère, ce n’est pas si facile que ça de regarder son enveloppe se flétrir. Je tente de me remettre dans la gratitude, parce que mon corps est encore là et il m’aide à évoluer. Je sais qu’il y a des gens plus mal pris que moi. Tant qu’on est dans la gratitude, on accepte bien ce qui se passe avec le corps.
 
Votre voix aussi a changé, mais elle est toujours magnifique!
F. C. : J’avais une voix beaucoup plus légère, très aérienne, avec beaucoup moins de blessures. Je n’étais pas encore passée à travers toute mon ombre et ça s’entendait dans la voix. Celle-là je l’ai perdue, par contre, j’ai gagné des basses et des rondeurs. Et ç’a été un travail aussi d’accepter ce changement de voix, de me redonner confiance. Quand je réécoute certaines choses, au début ça me faisait pleurer et maintenant, je regarde ça avec un sourire. Je me dis oui, j’ai maltraité ma voix, j’ai peut-être gaspillé un don, mais au fond, est-ce que c’est vrai? On ne sait pas ce qui serait arrivé si les choses s’étaient passées autrement. C’est vrai que la voix change avec le temps, mais on gagne autre chose.
 
Vous avez souvent défié la mort, mais un bon jour, elle sera là pour vrai.
F. C. : Oui et Dieu sait que la mort a rôdé partout depuis deux ans. Si on n’est pas capable d’envisager notre propre finalité, on va mal. J’ai perdu beaucoup de gens ces derniers temps. Je n’ai pas peur de mourir et je l’accepte. C’est déjà beaucoup! Longtemps, j’ai préféré éluder la mort plutôt que de l’accepter. J’ai accompagné des gens, ma mère et d’autres, je sais comment ça se passe et j’ai confiance que je vais bien mourir. Évidemment, ça reste un grand mystère et j’accepte de ne pas le savoir. Le plus important, c’est d’arriver à s’abandonner. On se prépare en apprenant à lâcher prise, en acceptant tous les deuils qu’on a à vivre, quels qu’ils soient. J’ai vu des personnes avoir hâte de mourir de mourir parce qu’elles avaient l’impression que le temps était venu. Est-ce que le passage est épeurant? Je ne le sais pas! Rendu à un certain âge, on se prépare.
 
Les multiples talents de France Castel lui ont permis de toujours se réinventer. Son témoignage donne espoir à ceux qui veulent sortir de leurs zones d’ombre pour remonter vers la lumière.


Crédit photo : Andréanne Gauthier
 




 
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3 décembre 2021

Merci p;our cette entrevue. L'authenticité de France Castel est précieuse! Qu'elle continue avec son franc rire

Par Agathe Brodeur
2 décembre 2021

Un entretien insirant! Quand on pose les bonnes questions, on s'attend à des réponses franches ,directes et pleines de sincérité et d'authenticité! C'est ce que nous donne une France Castel que j'admire! Merci infiniment!

Par Suzanne Mimeault

Dernière révision du contenu : le 1 décembre 2021

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