Somewhere over the rainbow

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Par Stéphane Rivest, intervenant en soins spirituels, 1er avril 2018
CIUSSS de l’Estrie – CHUS
 
En tant qu’intervenant en soins spirituels dans un centre hospitalier universitaire, je considère que le travail multidisciplinaire s’avère la voie à privilégier pour faire reconnaître la pertinence de notre contribution au continuum de soins. L’intervention spirituelle en marge de celle des équipes soignantes entretient, quant à moi, la marginalisation de notre profession et de nos interventions. C’est dans cette optique que je souhaite partager avec le lecteur une intervention réalisée de concert avec d’autres intervenants. C’est par un matin de juin que la travailleuse sociale de l’unité d’hémato-oncologie me contacte au sujet d’un patient qui vient d’être avisé par le médecin qu’il ne lui en reste que pour quelques jours. Je me présente à son chevet afin de voir dans quelle mesure il est affecté par cette récente nouvelle. Le patient accepte avec sérénité l’issue fatale de son cheminement des dernières années à travers la maladie. Le patient m’exprime avec émotion à quel point il est près de ses enfants et encore davantage de ses petits-enfants. Il s’attriste en particulier du fait que sa petite-fille à qui il est très attaché doit se marier au cours de l’été et qu’il n’aura pas la chance d’être présent pour cet événement et de la voir tout en beauté dans sa robe de mariée. Le patient manifeste également le désir de recevoir l’onction des malades. Au terme de mon intervention, l’infirmière pivot en oncologie se présente pour un suivi. Nous discutons de la situation afin de voir comment nous pourrions unir nos efforts dans ce dossier. Puis me vient cette idée un peu folle : pourquoi ne pas organiser à la chapelle de l’hôpital le mariage de sa petite-fille (bien que non officiel) que nous pourrions conjuguer avec le sacrement des malades que souhaite vivre le patient. La petite-fille me confirme qu’elle possède déjà sa robe de marié. Nous décidons de tout mettre en œuvre afin que cet événement se déroule le jour même. Ainsi, à 16 h, plus d’une vingtaine de personnes sont présentes. J’anime le mariage à titre de célébrant, mon collègue prêtre procède au sacrement des malades. La famille et les proches en profitent pour témoigner leur amour au patient et prendre des clichés de ce moment inoubliable. Suite à cet événement le patient me dit à quel point il est heureux et qu’il peut quitter ce monde en paix, ce qu’il fera deux jours plus tard. Peu de temps suite au décès, la petite-fille me contacte pour me remercier. Dans nos échanges, je l’invite à ouvrir l’œil lors du jour de son mariage afin de pouvoir discerner, peut-être, un signe de la présence de son grand-père. Avec le temps j’oublie cette discussion et par un beau matin de septembre, je reçois par courriel une photo du mariage de la petite-fille qui me dit : « Je voulais vous montrer cette photo de mariage qui pour nous est le signe de la présence de mon grand-père au jour le plus important de ma vie.
 
La beauté pourrait aisément être considérée comme superflue en regard des impératifs d’efficience jugés premiers au sein de nos sociétés. Pourtant, que serait notre vie quotidienne s’il nous était impossible de trouver, à tout le moins, des indices de beauté autour de nous? Il semble bien que la beauté soit essentielle à toute vie heureuse et qu’elle peut, par surcroît, se révéler un élément incontournable dans la traversée de la maladie. Dans ce dossier, nous présentons un éventail varié de textes venant d’horizons divers – architecture, théologie, philosophie, histoire, poésie, etc. – qui confirment la place indispensable, mais souvent négligée, de la beauté dans nos vies.


Photo : Brophoto


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