Par Micheline Roy, intervenante en soins spirituels | 1er avril 2021
Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale
Si je vous disais que je suis intervenante en soins spirituels dans un centre d’hébergement, que pourriez-vous dire de mon type d’intervention? Quelles idées pourriez-vous avoir sur ma tâche auprès des personnes ayant des troubles cognitifs? Quel est ce travail qui se vit, se réalise auprès de résidents et de résidentes d’un centre d’hébergement?
En toute simplicité, je vous dis que mon rôle m’amène à accompagner des personnes ayant des troubles cognitifs (Alzheimer ou autres), le temps d’une rencontre. La rencontre de deux êtres sur un chemin de vie. Un accompagnement qui se réalise auprès de personnes habitées par une vie qui se déroule et qui continue d’exprimer des richesses d’humanité.
Quand je me présente auprès de madame Marie, peut-être me diriez-vous que madame ne communique plus, ne peut plus raconter son histoire; et si moi je vous disais le contraire, car au moment où elle entend le son du violon qu’elle aime entendre, elle me prend la main et me dit tout bas : « que c’est beau! »
Cet accompagnement avec madame Marie est l’invitation qui me permet de m’approcher d’elle avec simplicité et respect et de voir dans cette rencontre, un être spirituel, capable de voir le beau et d’avancer avec ses fragilités dans son existence. C’est à ce moment que mon accompagnement me conduit à chercher la vie que l’on croyait perdue, mais qui peut arriver par des manières différentes. J’en arrive à écouter son histoire dans ce qu’elle est, dans ce qui lui appartient. Ce qui m’amène à voir sa vie dans la capacité d’émerveillement qui l’habite.
Un accompagnement réel où il advient un moment qui invite à cueillir ce qui fait sens. C’est par la main tendue de madame Marie que j’explore ce qui est beau et grand dans sa vie, ce qui, encore aujourd’hui, lui donne souffle et espérance dans le monde qu’elle habite.
Ma rencontre avec madame Marie, par une main tendue, raconte dans un moment de paix que la vie poursuit sa route, que tout va bien aller.
Et que dire de toutes ces mains tendues qui m’expriment que la vie bat encore même dans l’inconfort ou dans l’expression d’être abandonné, que la vie bat encore par le sourire, la tendresse que j’offre, car ma vie est faite de sourire, du souci de prendre soin de l’autre.
Dans le contexte de la pandémie, j’ai aussi tendu la main vers ceux et celles qui allaient nous quitter, pour calmer, offrir un moment de paix, de prière ou de présence.
Auprès de ces hommes et de ces femmes, ma main tendue a redit que l’on continuait la route ensemble.
En somme, mon travail en soins spirituels en milieu d’hébergement; c’est entrer avec douceur dans l’humanité et l’histoire de la personne auprès de laquelle j’interviens. C’est l’accompagnement dans la rencontre de l’autre, qui est capable d’être et d’avancer dans cette humanité, et ce malgré cette maladie incompréhensible. Rencontre de deux personnes où l’une est invitée à écouter, accompagner le quotidien d’une personne toute entière, dans un lieu d’inattendu et de surprise, lieu où l’autre se maintient dans une ouverture et une espérance, une sensibilité toujours présente.
Voilà ce qui fait mon quotidien au centre d’hébergement.
Si j’avais posé la question, l’auriez-vous su?
Le Centre Spiritualitésanté de la Capitale-Nationale (CSsanté) assure le fonctionnement au quotidien des services de soins spirituels répartis dans plus de 30 sites du réseau de la santé et des services sociaux de la ville de Québec et de ses environs. Il est constitué d’une quarantaine d’intervenants et d’intervenantes en soins spirituels.
Le CHU de Québec-Université Laval est l’établissement fiduciaire. À ce titre, il a la responsabilité d'administrer les ressources humaines et financières du CSsanté.