Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville1 où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est important, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.
Dans cette édition : Gaétan Picard, infirmier en hémato-oncologie et en soins palliatifs
Il y a des gens qui comptent les dodos avant leur retraite. Il y en a d’autres qui, comme Gaétan Picard, aiment tellement leur travail qu’ils repoussent le plus longtemps possible le moment de la « vraie » retraite.
Pourtant, Gaétan l’avait pris, sa retraite, en 2017. Pendant les deux premières années, il était bien content d’avoir plus de liberté pour profiter de la vie. Mais un beau jour, alors qu’il était allé visiter un cousin hospitalisé aux soins palliatifs à L’Hôtel-Dieu de Lévis, il a réalisé qu’il aimait encore beaucoup le milieu hospitalier! Souvent invité à revenir travailler par son ancienne chef d’unité et ayant vu passer un appel aux retraités du CHU pour combler le manque d’infirmières, Gaétan décide de reprendre du service en 2019, juste avant le début de la pandémie…
« Depuis que je suis revenu, je fais en moyenne trois jours par semaine. C’est certain qu’il y a du lobby pour que je reste chez nous éventuellement… mais on verra! Pour le moment, je me sens encore utile! »
Une histoire de famille… et d’amour
Si Gaétan a débuté à L’Hôtel-Dieu de Québec, c’est notamment parce que sa mère y travaillait déjà pour le service d’hygiène et salubrité. Ainsi, alors qu’il finissait son secondaire, Gaétan a commencé comme préposé à l’entretien en 1973, puis a continué à faire ce travail pendant quelques étés.
« J’ai fait un bac en sciences politiques à l’Université d’Ottawa et, pendant mes études, j’ai travaillé comme préposé aux bénéficiaires à Hull. J’aimais ça! Après l’université, quand je suis revenu à Québec, il n’y avait pas d’emploi dans mon domaine, alors je me suis dit : "Je vais faire ce que j’aime, je vais travailler à l’hôpital". J’ai donc été faire mon cours d’infirmier au Cégep et une des raisons pourquoi je suis resté à L’Hôtel-Dieu, c’est que mon chef d’unité m’a accordé tous mes congés pour mes stages. En contrepartie, je travaillais toutes les fins de semaine. J’ai pris comme ça comme une belle preuve qu’il appréciait mon travail! »
Et c’est aussi à L’Hôtel-Dieu que Gaétan a rencontré Sylvie, une infirmière en néphrologie qui allait devenir sa femme. « On a été collègues pendant 15 ans! C’est la personne qui m’a le plus aidé dans ma carrière, sans aucun doute. »
Pour la petite histoire, ajoutons que Gaétan et sa femme ont deux grandes filles, dont l’une a été agente administrative à L’Hôtel-Dieu… Une vraie histoire de famille!
Une vocation, une passion
Quand on demande à Gaétan ce qu’il aime tant dans son travail et à L’Hôtel-Dieu de Québec, les réponses sont multiples, mais elles se résument toutes à un mot : amour. « Il y en a qui sont bons bricoleurs, moi je suis "pas pire" comme infirmier. J’aime la relation d’aide, j’aime donner des soins, j’aime le travail d’équipe, j’aime me sentir utile. »
Point de vue professionnel, Gaétan trouve que les équipes qu’il côtoie, dans tous les secteurs, sont formidables, alors que ses collègues immédiates sont très compétentes et gentilles. « J’espère que je suis un collègue qui est aidant. On m’a souvent dit que j’apportais un certain calme dans une équipe. Et je trouve qu’il y a moyen d’avoir du plaisir, même si on travaille dans des milieux difficiles, parce que sans ça, on ne passe pas à travers. Il faut dédramatiser. Comme j’ai encore dit récemment : "C’est pas moi qui es malade, c’est la personne que je soigne." »
Et il y a aussi le décor du Vieux-Québec qui rend les déplacements et, parfois, le travail plus agréable : « C’est peut-être cucu, mais la beauté du site y fait aussi. J’ai travaillé 28 ans de nuit et le lever du soleil, c’était toujours merveilleux à voir. Maintenant, je prends le bus jusqu’au Carré D’Youville et je marche dans les petites rues du Vieux-Québec jusqu’à l’hôpital. J’aime ça! »
Bref, vous aurez compris que Gaétan aime son travail et qu’il sent qu’il y a encore sa place. D’ailleurs, pour le moment, il prévoit travailler encore au moins jusqu’au printemps prochain. Et ne croyez surtout pas qu’il se tourne vers le travail pour tromper l’ennui : Gaétan est un homme actif qui aime apprendre et bouger! Il parle déjà quatre langues – français, anglais, espagnol et allemand –, il fait de la randonnée avec sa femme et ses filles, il voyage. « J’ai fait longtemps des arts martiaux, mais là je n’en fais plus. Être fou, je vous dirais que j’aimerais recommencer, mais j’ai eu quelques petits accidents, des côtes fracturées, alors je vais plutôt continuer à faire de la randonnée tant que je vais pouvoir! »
Merci à Gaétan qui incarne à merveille les nouvelles valeurs du CHU : bienveillance, engagement, amélioration continue. Nous sommes chanceux pouvoir profiter de sa sagesse et de ses compétences, de pouvoir compter sur des gens aussi expérimentés, dévoués et généreux que lui!
Note
1. 92,9 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’employés (14 000) du CHU. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/