La pharmacie au CHU : une expertise de pointe!

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Afin de pouvoir exercer au Québec, les pharmaciens doivent d’abord obtenir leur doctorat de premier cycle en pharmacie (« Pharm D »). Pour exercer dans un milieu hospitalier comme celui qu’est le CHU de Québec-Université Laval (CHU), ils doivent en plus obtenir leur maîtrise en pharmacothérapie avancée. 

Alors que la spécialisation en pharmacie n’est toujours pas reconnue de façon officielle, certains de nos collègues pharmaciens et pharmaciennes choisissent tout de même d’approfondir leurs connaissances et compétences en se lançant dans des études additionnelles de deuxième ou de troisième cycle universitaire. D’autres font plutôt le choix d’obtenir une prestigieuse certification américaine, soit celle du Board of Pharmacy Specialities. À l’occasion de la Journée mondiale des pharmaciens, soulignée le 25 septembre, nous nous sommes demandé pourquoi les pharmaciens désirent acquérir une expertise de pointe supplémentaire…  
 

Une multitude de possibilités 

Les pharmaciens peuvent habituellement obtenir une formation spécialisée ou une certification américaine dans des domaines tels que la pédiatrie, l’oncologie, les soins intensifs ou encore la pharmacogénomique. Différentes définitions de la spécialisation et de la pratique avancée en pharmacie existent, de même que différents processus de reconnaissance à travers le monde. Toutefois, malgré les innombrables heures de travail et les efforts requis pour l’obtention d’un diplôme ou d’une certification, les spécialisations des pharmaciens ne sont à ce jour pas encore reconnues au Québec ni ailleurs au Canada. Les pharmaciens qui font ces études supplémentaires le font donc volontairement et avec la conviction d’accroître leur expertise au profit des patients. 

En plus de leur maîtrise pour pratiquer au CHU, les pharmaciens ont la possibilité d’obtenir des diplômes universitaires de deuxième cycle, comme des microprogrammes ou des diplômes d’études supérieures spécialisées (DESS) qui permettent de développer des compétences additionnelles. La pratique en pharmacie d’établissement exige l’atteinte de compétences de haut niveau dans tous les axes d’activités du domaine de la pharmacie. Ces axes sont d’ailleurs présentés dans l’article « Un pharmacien à l’hôpital, ça fait quoi?  » paru dans Le Chuchoteur du 23 septembre 2022. 

Par ailleurs, L’Université Laval offre un diplôme professionnel de troisième cycle sur les soins pharmaceutiques spécialisés (DP3-SPS). Ce programme prend son envol en se donnant pour la toute première fois cette année. Et la première candidate au Québec à suivre ce programme en pharmacie de médecine nucléaire est Marie-Ève Lebreux, pharmacienne au CHU!  
 

Première candidate pharmacienne en médecine nucléaire

Mme Marie-Ève Lebreux pratique comme pharmacienne au CHU depuis janvier 2021. Carburant aux défis et aux situations complexes, elle a eu un véritable coup de cœur pour l’oncologie pendant sa résidence à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. « On peut vraiment être présent dans toute la trajectoire de soins du patient, tout d’abord comme consultant à l’initiation de la thérapie pour confirmer qu’un traitement est adéquat et que les conditions sont réunies pour qu’il soit sécuritaire. Par la suite, on a également des rencontres privilégiées avec le patient puisque l’on fait de l’enseignement, on explique les traitements et leurs effets. Finalement, on accompagne les patients tout au long de leur parcours et on prend en charge de façon autonome la gestion des effets indésirables, la liaison avec les autres professionnels en première ligne ou en établissement et on apporte des ajustements au besoin. On développe de belles relations avec les patients et ils nous font confiance », explique-t-elle. 


Mme Marie-Ève Lebreux, pharmacienne au CHU et première candidate au DP3-SPS de l’Université Laval.

En pharmacie, l’oncologie est un domaine un peu à part : l’utilisation de molécules cytotoxiques requiert des précautions particulières et la pratique des soins pharmaceutiques auprès de cette clientèle spécifique est caractérisée par sa complexité et l’évolution constante du domaine de l’oncologie. L’arrivée récente au CHU du nouveau programme de théranostique témoigne d’ailleurs de l’effervescence de cette branche. Comme présenté dans l’article « Des combinaisons gagnantes pour déjouer le cancer », paru dans Le Chuchoteur du 27 septembre 2021, la théranostique combine la thérapie radiopharmaceutique, c’est-à-dire l’utilisation de médicaments radioactifs, et l’imagerie diagnostique de pointe. Cette méthode de traitement novatrice est en pleine émergence dans le traitement ciblé du cancer, notamment celui de la prostate. Les retombées de la théranostique sont prometteuses pour les personnes atteintes d’un cancer traitées au CHU.

Le Dr Jean-Mathieu Beauregard, spécialiste en médecine nucléaire à l’origine du programme de théranostique au CHU, voyait le besoin d’avoir une pharmacienne en médecine nucléaire au sein de l’équipe. Grâce au soutien notamment de la Fondation du CHU de Québec, Mme Marie-Ève Lebreux entame donc un DP3-SPS de pharmacie en médecine nucléaire en ce mois de septembre. « Le programme est fait sur mesure pour le candidat, ce qui permet de s’adapter », explique Mme Lebreux qui compte faire ce programme en un an et demi tout en poursuivant son travail de pharmacienne. Celle qui a la volonté et l’intérêt de se former dans un domaine novateur et fascinant travaillera avec l’équipe de médecine nucléaire lorsqu’elle aura terminé son programme.

« Habituellement, les pharmaciens qui œuvrent en radiopharmacie sont impliqués dans le circuit pharmaceutique ou la réglementation des radiopharmaceutiques. Avec la formation du DP3-SPS, on introduit un tout nouvel angle qui n’existe pas à ce jour à l’échelle internationale : l’implication de la pharmacienne directement auprès des patients traités avec des radiopharmaceutiques et une pratique en soins pharmaceutiques avancés qui combine la transmission des connaissances ainsi que la recherche intégrée aux soins. Assurément, on est en train de faire quelque chose de nouveau! », témoigne-t-elle avec enthousiasme. L’arrivée prochaine du cyclotron, qui fera partie du nouveau complexe hospitalier, va donner accès à un éventail beaucoup plus large de radiopharmaceutiques qui seront utiles à la fois pour l’imagerie et pour les traitements. De quoi occuper Mme Lebreux, qui continuera d’évoluer dans son domaine de prédilection qu’est l’oncologie. 
 

BPS : une prestigieuse certification américaine

Le Board of Pharmacy Specialities (BPS) est une reconnaissance officielle en provenance des États-Unis qui témoigne de la pratique avancée dans un champ précis de l’exercice en pharmacie. Bien qu’il existe des programmes de résidences spécialisées, il n’y a pas de titre équivalent au Canada. Le BPS a pour mission d’améliorer les soins aux patients en reconnaissant et en faisant la promotion de la formation spécialisée en pharmacie. Des pharmaciens du CHU ont obtenu leur certification dans des disciplines comme la pharmacothérapie avancée ou les soins intensifs. Près du tiers des pharmaciens qui œuvrent en pédiatrie ont une formation spécialisée ou ont obtenu la certification américaine, alors que près du quart de ceux qui œuvrent au Centre intégré de cancérologie (CIC) ont obtenu la certification de spécialité en oncologie du BPS. 

Mme Marie-Sarah Boivin-Côté et M. Louis-Philippe Grenier (photo principale), tous deux pharmaciens en oncologie au CHU, ont obtenu cette prestigieuse certification en juillet dernier. La démarche de certification du BPS est exigeante et demande beaucoup de motivation et d’investissement de temps. « Louis-Philippe et moi, nous nous sommes vraiment encouragés tout au long du processus », relate Mme Boivin-Côté. Malgré leurs nombreuses années d’expérience en oncologie comme pharmaciens, ils confirment avoir appris tout au long du processus. 

L’ouverture en 2022 du CIC amène les pharmaciens à traiter une plus grande variété de cancers. Par exemple, la neuro-oncologie était une discipline propre à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, alors que la dermato-oncologie relevait de L’Hôtel-Dieu de Québec. Grâce à leur parcours de pointe, Mme Boivin-Côté et M. Grenier peuvent désormais mettre en pratique leurs nouvelles connaissances et ressentent beaucoup de fierté d’avoir obtenu cette certification. La spécialisation leur permet de se sentir plus à l’aise pour communiquer, expliquer et enseigner aux résidents en médecine, résidents en pharmacie d’hôpital, personnel infirmier, etc. M. Grenier précise que de solidifier ses bases l’aide à se sentir outillé pour tous les types de cancer et davantage prêt face aux nouveaux traitements qui émergent « que ce soit l’immunothérapie, les thérapies cellulaires, les thérapies ciblées; l’oncologie évolue rapidement! Le BPS exige une formation continue de pointe pour conserver sa certification. On garde à niveau nos connaissances, mais on se forme aussi sur les nouveaux médicaments, les dernières études. C’est gagnant pour nos patients et pour toute l’équipe! »
 

Pour le bénéfice des patients et des équipes 

Aller chercher une expertise de pointe permet d’offrir les meilleurs soins possibles aux patients, comme cela peut être le cas notamment en oncologie avec certaines pharmacothérapies complexes. « Comme pharmacien, on peut avoir un impact positif sur la qualité de vie des patients, soulager les effets indésirables, normaliser ce qu’ils vivent. Les patients sont reconnaissants de ce qu’on leur apporte et c’est très valorisant », témoigne Mme Boivin-Côté. 

Ces connaissances supplémentaires permettent également de renforcer l’équipe, forte des connaissances multidisciplinaires de tous les acteurs, que ce soit toute l’équipe de pharmacie, mais aussi les médecins ou les infirmières, par exemple. « Mes collègues ont des connaissances dans des domaines variés et c’est vraiment aidant! On sait qu’on peut compter les uns sur les autres », explique Mme Lebreux. M. Grenier ajoute : « Avec le temps, on devient des points de référence pour les pharmaciens qui joignent notre équipe. Nos nouvelles connaissances sont utiles pour eux aussi. »  

Merci à nos pharmaciens et pharmaciennes du CHU pour leur apport de pointe. Nos patients et nos équipes ont la chance de pouvoir compter sur votre savoir indispensable! 


En action dans l’une des salles de traitement du Centre intégré de cancérologie : Mme Carole Morency, infirmière pivot en oncologie, et Mme Marie-Claude Proulx, infirmière clinicienne. 


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Dernière révision du contenu : le 25 septembre 2023

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