Les alternatives à l’hospitalisation (AAH) sont des projets de modernisation qui permettent d’accroître l’accès aux soins et aux services pour la population. C’est d’abord à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus que ces projets voient le jour dans une perspective de déploiement dans l’ensemble de nos cinq hôpitaux.
Par Carole-Anne Joncas, infirmière en pratique avancée (I), Olivier Gagnon, agent de planification, de programmation et de recherche et Évelyne Auger, agente de planification, de programmation et de recherche
En 2024, un grand projet innovant, divisé en plusieurs modalités, a été élaboré au CHU de Québec-Université Laval (CHU) grâce à une collaboration entre l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) et le Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Visant à transformer les pratiques de soins pour mieux répondre aux besoins des usagers, ce projet poursuit ces grands objectifs spécifiques :
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réduire l’utilisation non pertinente de l’urgence et des lits de soins aigus pour des besoins pouvant être pris en charge autrement;
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contribuer au désengorgement des urgences et améliorer la fluidité hospitalière;
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offrir le bon service, au bon moment et par la bonne personne;
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offrir des services de qualité, sécuritaires et appréciés des patients et du personnel.
Ce projet est composé de cinq grands volets qui contribuent à créer un réseau de services plus adaptés et efficaces :
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Unité de réadaptation de soins aigus (URSA)
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Prise en charge des grands utilisateurs des urgences
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Soins post-hospitalisation – Clientèle chirurgicale
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Unité virtuelle de soins
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Optimisation des services ambulatoires de deuxième ligne
Volet « Unité de réadaptation en soins aigus » (URSA)
En partenariat avec le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale Nationale (CIUSSS-CN), l’URSA a été mise en place le 1er mars 2024 pour les usagers hospitalisés à l’Hôpital Saint-François d’Assise (HSFA) et à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus (HEJ), principalement pour des fractures de la hanche ou des diagnostics orthopédiques.
L’objectif principal de l’URSA est de faciliter la récupération fonctionnelle et l’autonomie des usagers en vue d’un retour sécuritaire à domicile.
Ce service propose une réadaptation de courte durée, d’environ 14 jours, avec une équipe interdisciplinaire comprenant des ergothérapeutes, physiothérapeutes, nutritionnistes, travailleurs sociaux et autres professionnels, afin de favoriser le retour dans le milieu de vie tout en tenant compte de la nouvelle condition de santé.
L’URSA contribue aussi à réduire les durées d’hospitalisation prolongée et à améliorer l’utilisation des lits d’hôpital.
À ce jour, ce sont près de 146 patients qui ont pu bénéficier de cette nouvelle modalité.
Volet « Prise en charge des grands utilisateurs des urgences »
En partenariat avec une travailleuse sociale du CIUSSSCN, ce volet cible la clientèle qui, au cours d’une année, a effectué plus de cinq visites à l’urgence. Ces usagers peuvent avoir des problèmes de santé physique exclusive ou de santé physique avec une composante de santé mentale.
L’accompagnement offert permet de répondre aux besoins de ces usagers, de leur offrir des soins et des services personnalisés et/ou de les réorienter vers les bonnes ressources, autant à l’interne que dans la communauté.
L’objectif est de favoriser une meilleure collaboration de part et d’autres, de limiter les durées de séjour et de limiter les visites à l’urgence.
Volet « Soins post-hospitalisation – Clientèle chirurgicale »
Depuis le 25 mars 2024, une ligne téléphonique dédiée, la Ligne Info-Chirurgie (LIC), a été déployée pour le suivi post-opératoire pour certaines clientèles chirurgicales. Celle-ci donne accès à une infirmière 24/7 pour une période de 30 jours suivant une chirurgie.
Inspirée par le concept de la ligne 811, cette ligne permet de répondre aux inquiétudes des usagers et de prendre en charge les complications post-opératoires possibles dans le but d’éviter un retour à l’urgence ou une réhospitalisation.
À ce jour, plus de 1 000 personnes ont eu accès au numéro de la LIC. Parmi cette clientèle, une diminution de près de 40 % des retours à l’urgence dans les sept jours post-opératoires a été documentée.
De plus, certains usagers bénéficient d’un suivi de leur état de santé sur une plateforme Web, ce qui permet aux infirmières de trajectoire d’effectuer un suivi personnalisé selon la condition clinique de l’usager.
Volet « Unité virtuelle de soins »
Ouverte depuis le 7 octobre dernier, l’Unité virtuelle de soins, rattachée à l’unité du BE-5000 de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, permet d’offrir les soins et les services d’une hospitalisation à domicile tout en donnant accès à une équipe soignante complète, et ce, 24/7.
À l’aide de la technologie, le patient peut demeurer en contact avec l’équipe soignante et être rapatrié à l’hôpital à tout moment si sa condition clinique l’exige.
À ce jour, plus d’une dizaine d’usagers ont pu bénéficier de suivis virtuels et d’autonomie de soins dans les lits d’hospitalisation de l’unité de médecine. L’objectif est d’offrir dix lits d’hospitalisation virtuelle d’ici la fin mars 2025, et 20 lits d’ici mars 2026.
Volet « Optimisation des services ambulatoires de deuxième ligne »
L’optimisation des services ambulatoires est aussi un axe crucial dans la mise en place d’alternatives à l’hospitalisation. Grâce à l’élargissement de ses heures d’ouverture pour un total de 81 heures (comparativement à 56 heures auparavant), la médecine de jour offre maintenant des services jusqu’à 20 heures en semaine ainsi qu’entre 8 et 16 h les fins de semaine.
De plus, deux trajectoires d’investigation rapide ont été travaillées en neurologie. La première concerne les usagers à faible risque d’accident ischémique transitoire ou d’accident vasculaire cérébral, tandis que la deuxième est pour ceux ayant une première crise convulsive.
Ces trajectoires innovantes sont des exemples d’actions déployées dans le but de raccourcir le temps de passage aux urgences, ce qui améliore l’efficacité, l’efficience et la fluidité des soins.
Ces projets novateurs, sous le grand chapeau des alternatives à l’hospitalisation, s’inscrivent dans une volonté plus large de réformer le système de santé, en plaçant les usagers au cœur des préoccupations.
En diversifiant les approches de soins et en favorisant une meilleure coordination, le CHU se positionne comme un modèle d’opérationnalisation des alternatives à l’hospitalisation, alliant innovation et humanité dans la prise en charge des usagers ciblés.
Pour toute question relative aux différentes alternatives à l’hospitalisation, n’hésitez pas à contacter Mme Sylvia Côté, adjointe à la PDGA.