Lorsqu’on entend parler de réalité virtuelle, on pense naturellement au domaine du divertissement, plus précisément à l’industrie des jeux vidéo. Toutefois, l’utilisation de cette technologie est courante dans des domaines de plus en plus variés. À preuve, l’expérimentation vécue dernièrement par plusieurs intervenants du CHU de Québec-Université Laval (CHU) qui ont pu explorer de façon virtuelle le futur bloc opératoire du nouveau complexe hospitalier (NCH)!
Selon l’Office québécois de la langue française, la réalité virtuelle est une « technologie permettant une stimulation interactive et en temps réel de la réalité, par la création par ordinateur, à l’aide d’images de synthèse, d’un environnement virtuel en 3D dans lequel on peut évoluer »1.
Lors d’ateliers de travail portant sur la configuration des salles d’opération du futur bloc opératoire, un visiocasque2 simulant virtuellement les lieux a été utilisé par la compagnie STERIS. Josée Mignault, chef de service intégration des soins et services cliniques du NCH, a tout de suite su qu’il fallait permettre aux intervenants d’essayer cette technologie! Grâce à l’appui de Janice Gagnon, chef de service transformation NCH pour la direction chirurgie et périopératoire, et de Marc-André Paradis, ingénieur au service-conseil génie biomédical du CHU, une activité de réalité virtuelle a été développée pour les 16 et 23 octobre derniers. Le souhait de ce trio? Montrer concrètement aux équipes que les plans tiennent la route, qu’ils sont cohérents avec les discussions et les décisions prises par le passé.
STERIS est la compagnie qui a remporté l’appel d’offres des « plafonds intégrés » des salles d’opération du NCH. Ces plafonds sont conçus avec des ancrages pour accueillir les bras articulés, les systèmes de ventilation (dont les « plafonds soufflants » à flux laminaires), les lumières vertes qui permettent de mieux voir les contrastes ainsi que les systèmes électriques, mécaniques, informatiques, audio-vidéo, etc. L’apport de STERIS est donc primordial dans la concrétisation du NCH. De plus, leur vision innovante permet de travailler le projet de façon différente. Le meilleur exemple? L’équipe de STERIS a tout de suite accepté l’idée d’aller à la rencontre des équipes des blocs opératoires de L’Hôtel-Dieu de Québec et de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus avec la réalité virtuelle : une première pour eux aussi!
L’objectif premier de ces deux journées était de rendre plus concrets les changements à venir pour les intervenants qui travaillent au bloc opératoire de l’un des deux hôpitaux. Médecins, infirmières, inhalothérapeutes, anesthésiologistes, techniciens biomédicaux, gestionnaires, résidents et autres intervenants œuvrant dans les blocs opératoires de L’Hôtel-Dieu de Québec et de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus étaient invités à utiliser le visiocasque pour se promener virtuellement dans une salle du futur bloc opératoire. En plus de cette expérience immersive, l’utilisation de la maquette virtuelle a permis d’explorer le projet en entier et les plans ont été présentés afin d'aider les participants à mieux concevoir à quoi va ressembler leur futur environnement de travail.
Toutes ces initiatives ont permis de répondre à plusieurs questions et préoccupations provenant des équipes qui ne touchaient pas exclusivement au bloc opératoire, mais bien le projet du NCH en entier comme la cafétéria, les salles de pause et les vestiaires. « Pour la gestion de changement, il n’y a rien de mieux que d’aller sur le terrain et de montrer physiquement et visuellement le futur environnement de travail dans lequel ils évolueront. C’est concret! Et ça fait réaliser aux gens que ça s’en vient », explique Janice Gagnon.
La présence de Marc-André Paradis a permis de bonifier la démonstration et la force du futur système d’intégration des salles d’opération : caméras, configuration des bras avec accessoires, capacité de diffusion des images et des vidéos, télécommunication entre les différents plateaux techniques (unité de retraitement des dispositifs médicaux, pathologie, enseignement…), etc. « Nous avons reçu beaucoup de commentaires positifs! Les intervenants étaient heureux qu’on aille à leur rencontre », conclut Josée Mignault qui prendra prochainement une retraite bien méritée après près de 37 années de dévouement au CHU.
En démonstration au bloc opératoire de L’Hôtel-Dieu de Québec : Marc-André Paradis, ingénieur au service-conseil de génie biomédical du CHU, Josée Mignault, chef de service - intégration des soins et services cliniques du NCH, Janice Gagnon, chef de service - transformation NCH pour la Direction chirurgie et périopératoire, et Michel Groleau, directeur de projets pour STERIS Canada.
Capacité chirurgicale augmentée et innovations multiples
Le futur bloc opératoire du NCH sera situé dans le pavillon F, le bâtiment le plus imposant du projet. Occupant deux étages, le vaste espace comprendra 30 salles d’opération chirurgicale et une salle d’intervention en anesthésie qui permettront de réaliser 5 000 chirurgies supplémentaires par année, soit 20,3 % de plus que la capacité actuelle de L’Hôtel-Dieu de Québec et de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus réunis.
Par ailleurs, plusieurs innovations se concrétiseront dans ce secteur névralgique, notamment :
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une salle dédiée aux anesthésistes, servant à l’installation de cathéters divers
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une salle d’opération annexée à une salle IRM comprenant un appareil d’IRM 1.5 Tesla qui permet d’obtenir des images avant, pendant et après la chirurgie, et ainsi d’améliorer la précision des interventions
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une salle d’opération hybride, avec un équipement de radiologie de type biplan, qui combine angiographie, radiologie et imagerie 4D, et qui sera utilisée pour répondre à nos missions d’urgence
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une salle d’opération dédiée aux dons d’organes
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l’ajout d’équipements de haute technologie tels que robot chirurgical laparoscopique, assistants robotisés et autres qui permettront aux chirurgiens d’obtenir plus de dextérité, de visibilité, de précision et de liberté de mouvement lors d’interventions complexes et délicates, et ce, de manière moins invasive pour les patients
Tester et retester la réalité : le NCH innove!
Par la mise en place de la démarche Lean, le NCH place le patient et l’intervenant au cœur de sa conception. Depuis le début du projet, médecins, cliniciens, patients et professionnels du CHU collaborent à la planification et à la construction de l’hôpital d’aujourd’hui et de demain. Diverses initiatives ont été et seront déployées afin de toujours impliquer concrètement les équipes et ainsi bénéficier du savoir et des connaissances fines des intervenants qui œuvrent sur le terrain. Quelques exemples :
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Ateliers de planification multidisciplinaires : des intervenants experts de toutes les disciplines touchées par le projet ont participé aux activités de planification de la réalisation immobilière et des nouvelles manières de travailler. Au terme de ces activités, ingénieurs, architectes et gestionnaires du projet comprenaient mieux les besoins des équipes cliniques et des patients. Ainsi pouvaient commencer les travaux sur les plans du nouvel hôpital, en ayant la certitude que le résultat répondra aux besoins de ceux pour qui le projet a vu le jour.
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Maquettes grandeur nature : une fois les plans avancés, le bureau de projet du nouveau complexe hospitalier a construit des maquettes de salles d’examen et de chambres. Des professionnels cliniques ont pu tester la superficie, l’ergonomie et les fonctionnalités en simulant leur travail quotidien dans ce type d’installation. Les concepteurs des plans et devis ont pu par la suite adapter la planification des locaux pour assurer une meilleure réponse aux besoins et une meilleure exactitude.
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Visite d’échantillons d’ouvrage : pièce sur le chantier qui bénéficie d’une construction accélérée, jusqu’à son aménagement quasi final, et qui sert de prototype avant de procéder à la construction d’une série de pièces identiques. Des représentants des équipes sont invités à visiter l’endroit et à identifier toute modification finale à apporter aux plans de construction avant que les travailleurs du chantier recréent ces pièces, parfois par dizaines. On évite ainsi de reproduire d’éventuelles erreurs à répétition et de devoir les corriger par la suite, ce qui entraînerait des délais et des coûts additionnels.
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Banc d’essai et configuration d’équipements : afin de s’assurer que les équipements répondent aux besoins des équipes, de multiples étapes sont prévues pour les configurer et parfois même les tester avant les achats finaux. Vrais intervenants, vrais patients, situations réelles : rien de mieux que la réalité et les commentaires de nos collègues pour prendre les meilleures décisions et faire les meilleures acquisitions possibles!
Toutes ces occasions s’avèrent être des rendez-vous précieux et uniques de tester la réalité au NCH. Chaque secteur en construction au NCH peut compter sur la complémentarité des équipes du bureau de projet, notamment les professionnels de la réalisation immobilière et des conseillères cliniques, qui travaillent main dans la main. Leur motivation? Offrir aux intervenants du CHU – qui sont avant tout leurs collègues! – ainsi qu’aux usagers actuels et futurs un environnement de grande qualité où chaque détail a été pensé.
Photo principale : un intervenant de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus porte un visiocasque et explore virtuellement une salle d’opération du futur bloc opératoire.
Notes
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Réalité virtuelle : définition provenant de l’Office québécois de la langue française, https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8391371/realite-virtuelle
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Visiocasque : casque muni d’un dispositif d’affichage intégré sur lequel sont diffusées des images de synthèse générées par ordinateur, qui viennent immerger l’utilisateur dans un monde virtuel ou se superposer à sa vision réelle. Définition provenant de l’Office québécois de la langue française, https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/8357145/visiocasque