À l’extérieur de LA pièce, le ciment et l’acier règnent en rois et maîtres. Un chariot élévateur et des piles de matériaux sont répartis çà et là. Dans une atmosphère sombre illuminée de façon sporadique par quelques ampoules dénudées s’activent des travailleurs à l’air déterminé.
Au niveau 5000 du Pavillon F du nouveau complexe hospitalier (NCH), le décor correspond en tous points à celui d'un chantier de construction. Jusqu’à ce que l’on accède à LA pièce en question. Cette dernière est scellée par une épaisse bâche de plastique et un large ruban gommé. L’objectif de toutes ces précautions? Éviter que la poussière ne s’infiltre à l’intérieur. Parce qu’une fois traversé, ce rideau plastifié dissimule une véritable chambre de soins intensifs presque achevée.
Les murs sont plâtrés et peints. Un lit trône au centre de l’espace. Un lève-patient et des bras articulés supportant divers équipements sont installés dans les entrailles du plafond suspendu. Abstraction faite du grondement d’un chauffage d’appoint qui s’active régulièrement, on se croirait dans une chambre quasiment prête à accueillir son premier patient!
Entrée de l’échantillon d’ouvrage d’une chambre de soins intensifs lors d’une visite le 12 décembre 2023.
Bienvenue dans un échantillon d’ouvrage
Cette chambre fait partie de ce que l’on appelle un « échantillon d’ouvrage ». Il s’agit d’une pièce sur le chantier qui bénéficie d’une construction accélérée jusqu’à son aménagement quasi final. Celle-ci sert de prototype qui sera analysé avant de procéder à la construction d’une série de pièces identiques.
Dans les échantillons d’ouvrage, des visites sont organisées. Des représentants du gérant-constructeur Axor, de la Société québécoise des infrastructures (SQI), des consortiums de professionnels en architecture, génie mécanique et électrique ainsi que du CHU de Québec-Université Laval et son bureau de projet s’y rencontrent afin de valider l’aménagement.
Des médecins, infirmières, représentants des équipes de prévention et contrôle des infections, d’hygiène et salubrité et d’autres sont également invités dans certaines pièces à vocation clinique, comme les chambres d’hospitalisation. Troquant leur tenue habituelle pour un dossard orange et des bottes de chantier, ils observent les lieux, se projetant dans le futur, et y reproduisent les gestes du quotidien.
Pour une immersion encore plus complète, l’équipement qui meublera la future chambre est déjà en place. Ces écrans de monitoring sont-ils à une hauteur adéquate? Ce téléphone est-il rapidement accessible en cas de besoin? Et qu’en est-il de ce rideau, de ce contenant de biorisque, de ce fauteuil patient, de ce terminal informatique, de ce bouton d’urgence? En bref, est-ce que l’espace est ergonomique, autant pour le patient que pour l’intervenant ? Est-il aménagé de façon optimale pour donner les meilleurs soins possibles?
Observations de l’échantillon d’ouvrage d’une chambre de soins intensifs lors des visites des équipes cliniques les 12 et 19 décembre 2023.
Ces rendez-vous sont l’occasion d’identifier toute modification finale à apporter aux plans de construction avant que les travailleurs du chantier recréent ces pièces, parfois par dizaines. Ce faisant, on évite de reproduire d’éventuelles erreurs à répétition et de devoir les corriger par la suite, ce qui entraînerait des délais et des coûts additionnels.
Tester... et recommencer
Les échantillons d’ouvrage ne sont pas les seules occasions de tester la réalité du NCH. Au tout début du projet, médecins et intervenants experts de toutes les disciplines touchées par le projet ont réfléchi à la façon d’améliorer l’organisation du travail et des espaces dans le nouvel hôpital. À partir de ces données, les ingénieurs, architectes et gestionnaires du projet ont pu élaborer les plans qui guideraient la construction.
En 2019, dans un vaste garage avoisinant le chantier du NCH, des maquettes grandeur nature de certaines pièces types avaient été construites. Infirmières, médecins, préposées aux bénéficiaires, professionnels, employés de soutien ainsi que patients partenaires avaient alors été invités à visiter les lieux et à tester les installations. Grâce à leurs commentaires, une première série d’améliorations avaient déjà pu être apportées aux plans.
Maquette grandeur nature d’une chambre de soins intensifs construite pour un atelier de validation clinique en 2019.
Les deux pieds dans la réalité
En plus de la chambre de soins intensifs décrite précédemment, plusieurs autres pièces bénéficient du statut d’échantillon d’ouvrage. En partie chapeautées par les chefs de services Intégration en soins et services cliniques du NCH, certaines ont été passées en revue à la fin de 2023, tandis que d’autres seront examinées dans les mois à venir, dont :
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des espaces civières de la salle de préparation/récupération du secteur d’angiographie, à l’urgence, en chirurgie d’un jour, au bloc opératoire dans la salle de réveil;
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une « utilité souillée » (pièce sur une unité d’hospitalisation où du matériel est nettoyé);
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l’aménagement des plafonds d’une salle d’opération;
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des chambres simples, dont certaines sont situées dans les secteurs de la traumatologie et de l’hémato-oncologie;
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une toilette universelle accessible aux personnes à mobilité réduite.
Visite d’un échantillon d’ouvrage d’une salle de civière fermée à l’urgence, le 21 septembre 2023.
Chose certaine, qu’ils jouissent ou non du statut d’échantillon d’ouvrage, chaque secteur en construction bénéficie d’une constante vigie, assurée entre autres par des conseillers et des techniciens en bâtiment de l’équipe de la réalisation immobilière du bureau de projet NCH. Encore aujourd’hui, tout comme à ses débuts, le projet s’inspire des meilleures pratiques du réseau de la santé en veillant à toujours placer les patients et les intervenants au cœur des décisions.