Un secret bien gardé : une physiothérapeute au Centre des maladies du sein

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Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville1 où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est important, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.

 

Dans cette édition : Mélissa Bergeron, physiothérapeute. 

Alors qu’elle voulait devenir physiothérapeute pour prendre soin d’équipes sportives, Mélissa Bergeron est plutôt devenue l’une des pionnières de la physiothérapie pour le suivi post-opératoire des personnes atteintes d’un cancer du sein.

Après quelques mois passés à travailler comme physiothérapeute en pédiatrie et en réadaptation dans un établissement de santé de la Beauce, Mélissa a eu envie de rapprocher son lieu de travail de son domicile. C’est ainsi qu’elle a postulé et été embauchée à l’Hôpital du Saint-Sacrement en 2008, où elle a notamment été formée pour remplacer la physiothérapeute qui s’occupait plus spécifiquement de la clientèle en cancer du sein.

« À l’époque, le suivi en physiothérapie consistait à faire une simple tournée d’enseignement auprès des personnes opérées la veille pour un cancer du sein. Cela prenait beaucoup de temps à la physiothérapeute et n’était pas optimal pour les patientes, car après une anesthésie et une opération, dans le rush du matin et du départ, elles n’étaient pas dans les meilleures dispositions pour recevoir et bien comprendre de nouvelles informations, raconte Mélissa. De plus, aucun suivi ou traitement n’était offert en physiothérapie outre cette brève rencontre d’enseignement le lendemain matin de la chirurgie. »

La nouvelle physiothérapeute se questionne et a envie d’innover afin de mieux organiser son temps et de fournir de meilleurs services aux patients. Elle se renseigne donc sur ce qui se fait ailleurs et est séduite par le modèle proposé par son homologue Annie Girouard, de l’Hôpital Charles-Lemoyne : cette dernière organise des rencontres d’information et d’enseignement pour des groupes de patients après une chirurgie du sein.

Avec l’accord et l’encouragement de ses supérieurs ainsi que de l’équipe médicale du Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia (CMS) du CHU de Québec-Université Laval, Mélissa réorganise la manière de fournir les services à la clientèle. Entre autres, elle met en place des rencontres de groupe après les opérations à l’automne 2010. Mais surtout, elle obtient en 2011 une bourse de 10 000 $ pour se spécialiser en cancer du sein : pendant environ un an, elle suit des cours, assiste à des congrès et se perfectionne dans quelques centres aux États-Unis ainsi que dans l’Ouest canadien. Grâce à une aide financière généreuse offerte par la Fondation du cancer du sein du Québec, elle peut ensuite développer l’offre de services en physiothérapie au CMS ainsi que tous les documents qui y sont rattachés. Elle devient ainsi l’une des premières physiothérapeutes spécialisée dans ce domaine à Québec.
 

Mais une physio en cancer du sein, ça fait quoi?

Il y a deux raisons principales pour qu’une personne soit référée en physiothérapie en lien avec le cancer du sein : le lymphœdème et les problèmes de mobilité au bras du côté opéré.

« Environ 70 % des patientes qui me sont référées présentent un lymphœdème, c’est-à-dire un problème de circulation lymphatique qui provoque une enflure. Cela peut survenir après le retrait des ganglions par chirurgie ou à la suite de traitements de radiothérapie au niveau des ganglions. Chez ces patientes, l’enflure se concentre au bras du côté opéré. Le lymphœdème doit être traité rapidement pour éviter sa progression et les séquelles secondaires , comme les inconforts et les risques d’infection », explique Mélissa.

Les autres patients qui sont suivis en physiothérapie au CMS présentent des problèmes de mobilité à l’épaule à la suite de la  chirurgie ou des traitements de radiothérapie. « La chirurgie peut causer des adhérences au niveau de la cicatrice ou de certains vaisseaux; des cordons axillaires peuvent alors survenir et limiter les mouvements du bras. La radiothérapie crée aussi une perte de souplesse de la peau et des muscles au niveau des régions irradiées. Ce sont toutes des choses qu’un physiothérapeute peut aider à améliorer. »

Bien qu’encore peu de physiothérapeutes soient spécialisés en cancer du sein et en lymphœdème à ce jour au Québec, les services offerts dans ce domaine se développent tranquillement et prouvent chaque jour leur caractère essentiel : « Le taux de survie en terme d’années après le diagnostic de cancer du sein s’est beaucoup amélioré dans les dernières années; il est donc très important pour la clientèle de récupérer une fonction optimale au bras du côté opéré et d’éviter la progression d’un lymphœdème qui pourrait devenir très limitant s’il n’est pas traité. »

La demande est d’ailleurs assez forte pour qu’un deuxième poste en physiothérapie à temps plein en cancer du sein ait été ouvert au CMS en janvier 2022. Une troisième physiothérapeute a également été formée en cancer du sein dans les dernières années afin de permettre une meilleure polyvalence dans l’équipe ainsi qu’une continuité dans les soins offerts aux patientes en cas d’absence d’une physiothérapeute. En parallèle, une autre physiothérapeute offre des services similaires pour les patients du Centre intégré de cancérologie qui sont atteints d’autres formes de cancer.

D’ailleurs, après avoir travaillé seule pendant plusieurs années, Mélissa trouve particulièrement motivant de travailler en équipe, mais aussi en réseau avec les physiothérapeutes spécialisés en cancer du sein des autres établissements.

« J’ai vraiment développé une passion pour cette spécialisation! Et il reste tant de choses à faire et à développer, que ce soit dans les soins ou la recherche! Je me vois vraiment poursuivre et finir ma carrière ici, au Centre des maladies du sein! »

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Mélissa Bergeron, physiothérapeute
au Centre des maladies du sein Deschênes-Fabia
du CHU de Québec-Université Laval.

 

 

1. 92,9 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’employés (14 000) du CHU. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/.


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Dernière révision du contenu : le 24 octobre 2022

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