Un secret bien gardé : les préposés de l’ombre

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Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville1 où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est important, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.

 

Dans cette édition : Nathalie Jobin et Martine Dugas, préposées au retraitement des dispositifs médicaux

C’est bien connu, les chirurgiens ont besoin de différents outils et instruments pour opérer les patients. Ce qui est toutefois moins connu, c’est l’existence d’équipes de préposés dévoués qui travaillent à stériliser et à nettoyer ces instruments avant et après chacune des interventions chirurgicales. Les PRDM, ou « préposés au retraitement des dispositifs médicaux », représentent ainsi un maillon incontournable du processus  chirurgical. Pour en savoir davantage sur ce fascinant métier, je suis allée à la rencontre de deux PRDM aux expériences distinctes, mais qui partagent une énergie et des motivations très similaires. 

Par Corine Lachance, l’une des Chuchoteuses

Nathalie travaille au retraitement des dispositifs médicaux depuis 2004, ce qui fait d’elle une femme d’expérience dans le métier! En effet, elle occupe un poste à la stérilisation à l’Hôpital Saint-François d’Assise (HSFA) depuis un peu plus de 17 ans. Après avoir touché au domaine à l’Hôpital Chauveau, elle est engagée à HSFA et suit en parallèle son cours en stérilisation médicale. Bien que méconnu, le programme collégial de retraitement des dispositifs médicaux est offert dans plusieurs régions du Québec, notamment au Cégep de Lévis. 

Pour sa part, Martine est une préposée nouvelle dans le métier : elle a suivi sa formation au CHU et l’a terminée au mois de septembre 2021; elle y travaille depuis environ cinq mois. Le destin a bien fait les choses pour Martine, qui avait d’abord postulé pour un poste d’assistante technique aux soins de la santé (ATSS) : les besoins étant à l’unité de stérilisation à ce moment-là, on lui a plutôt proposé un emploi de PRDM à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus (HEJ). Un choix qu’elle ne regrette pas!
 

Un métier méconnu 

Les deux préposées ont des parcours très différents, mais une chose les unit : le constat que ce métier, pourtant essentiel au bon fonctionnement du processus chirurgical, est méconnu. « C’est un maillon indispensable dans le processus qui mène à opérer quelqu’un. C’est sûr qu’il y a les médecins qui ont l’expertise d’opérer le patient, mais ils doivent utiliser des instruments qui ont été stérilisés! », explique Martine lorsque je lui demande en quoi consiste le travail.

Les deux préposées trouvent dommage que métier ne soit pas davantage connu et promu. « C’est un peu ça notre problème : on ne nous connaît pas beaucoup! Les gens ont souvent une vision très simple de ce qu’on fait : on passe les instruments dans les machines et c’est à peu près ça, mais quand ils voient ce qu’on fait réellement, ils se rendent vite compte que c’est plus compliqué que ça! », ajoute Nathalie. 
 

Le travail de PRDM

Le travail réalisé au quotidien par les préposés comme Nathalie et Martine est pourtant impressionnant! Pour donner une idée de grandeur, à HSFA, ce sont douze personnes qui travaillent à l’unité de retraitement des dispositifs médicaux de jour, neuf de soir et une de nuit. « Ça roule 24 heures sur 24 et les laveurs fonctionnent un bon 20 heures sur 24 », précise Nathalie. 

Plus concrètement, Martine me décrit le travail de stérilisation comme étant divisible en trois grandes étapes. « Mais dans chaque étape, il y a plusieurs sous-tâches! », ajoute-t-elle en riant. 

Premièrement, il y a l’arrivée des instruments qui ont été souillés, par exemple lors d’une opération. Selon leur nature, chacun d’eux est nettoyé dans les laveurs ou à la main selon un protocole spécifique. Ils arrivent ensuite dans la section du matériel propre, puis on procède au montage des « plateaux » qui comprennent les instruments nécessaires à chaque type d’opération.

Au cours de cette étape, Martine précise qu’il est important de s’assurer que les instruments sont intacts et fonctionnels. Ensuite, hop dans les autoclaves, de grosses machines qui stérilisent les instruments. Une fois stérilisés, ces derniers sont prêts à être réacheminés vers les salles d’opération. 
 

Les défis et les joies du métier

Être préposé au retraitement des dispositifs médicaux, c’est savoir être minutieux, concentré et organisé. En effet, pour éviter des erreurs, il faut rester très appliqué malgré les distractions qui surviennent inévitablement au courant de la journée. « Il faut que tu remontes tes plateaux sans faire d’erreur ou d’oubli. Un oubli, ça peut arriver, mais pas trop souvent! À un certain point, ça pourrait créer des retards dans la salle de chirurgie et dans les cliniques externes aussi », m’explique Nathalie.

Pour Martine, être rigoureux s’ajoute à la liste des qualités à avoir pour exercer le métier : « Il faut que le travail soit bien fait. Ce n’est pas juste de dire "bof, c’est correct". Il faut être conscient de l’impact de notre travail, parce qu’au final, c’est les patients que ça touche. » 

Cet impact sur les patients, c’est beaucoup ce qui motive Nathalie et Martine au travail. « On sent qu’en bout de ligne, on fait la différence : quelqu’un va pouvoir avoir sa chirurgie parce qu’on a réussi à passer à travers, même s’il manquait du monde, même si c’était dernière minute lorsqu’on a reçu le matériel… ça, c’est motivant! », me raconte Nathalie.

Le dynamisme et l’absence de monotonie au travail sont également des facteurs qui plaisent aux deux préposées. En effet, une rotation leur permet de travailler dans les différents secteurs de l’unité : « Chaque poste de travail a des aspects intéressants et vient stimuler différentes compétences. On apprend tout le temps! », s’exclame Martine. 

Une chose est certaine : ces préposées de l’ombre gagnent à être connues et reconnues pour le travail qu’elles effectuent jour après jour! Sans les préposés au retraitement des dispositifs médicaux, opérer les patients serait quasi impossible!  

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Nathalie Jobin, préposée au retraitement des dispositifs médicaux à l’Hôpital Saint-François d’Assise. 

 

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Martine Dugas, préposée au retraitement des dispositifs médicaux à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. 



1.  92,9 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’employés (14 000) du CHU. Source: https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/ 



Pour en savoir plus sur les préposés au retraitement des dispositifs médicaux, consultez la page 4 du Chuchoteur de décembre 2017
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Commentaires



 

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24 août 2022

Bonjour
Les travailleur de l ombre sont souvent méconnue!
Je respect grandement les proposées au stérilisation
Pour le travail qui font a fin de participer et s engager a la santé publique.

Par Mohammed atil
26 janvier 2022

Merci @Julie!

Par Isabelle
26 janvier 2022

Continuez votre bon travail

Par Julie
25 janvier 2022

Bravo Mr Zoulou
quelqu'un qui mes ces culottes

Par Ernest

Dernière révision du contenu : le 1 février 2023

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