Les exclusions

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Mais, après tout, rien n’est vrai qui force à exclure. 
La beauté isolée finit par grimacer, 
la justice solitaire finit par opprimer. 
Qui veut servir l’une à l’exclusion de l’autre 
ne sert personne ni lui-même, et, 
finalement, sert deux fois l’injustice.

Albert Camus, L’Été
 

La façon la plus simple de définir l’exclusion est de la rattacher à l’action qu’elle présuppose : EXCLURE. Exclure, c’est ne pas admettre ou rejeter la possibilité de quelque chose. Exclure, c’est refuser quelque chose ou quelqu’un. Exclure, c’est écarter quelqu’un d’un ensemble. C’est, de façon simpliste, le contraire de l’inclusion!

L’exclusion, quoi qu’elle provienne sans doute d’une seule et même souche, prend toutes sortes de visages. Elle s’appellera « racisme » et s’attaquera aux personnes des minorités visibles, qui parlent une langue différente ou, plus largement, aux membres des communautés ethnoculturelles. C’est la sœur jumelle du sexisme et des rapports de force basés sur la différence de sexe. Elle épousera des apparences diverses pour rejeter les personnes d’identité ou d’expression de genre différentes (transphobie) ou d’orientation sexuelle différente (homophobie) et frisera la maladie puisqu’on l’affuble du suffixe « phobie », qui est une peur maladive. Elle visera les personnes handicapées, qu’il s’agisse de personnes présentant une déficience intellectuelle, physique, sensorielle ou encore aux prises avec un problème de santé mentale, et qui utilisent ou pas un moyen de pallier leur handicap. Elle adoptera les stigmates antireligieux, discriminera sur la base de l’âge, de la condition sociale de l’autre ou d’un problème de comportement (toxicomanie, prostitution, par exemple). L’exclusion s’attaque à tout ce que MOI je juge ne pas être acceptable. Je suis MA propre grille de référence pour MES exclusions. Elle peut donc être variable, mais n’en demeure pas moins profondément détestable, car elle place l’exclu en position de fragilité, de vulnérabilité, d’isolement, avec toutes les conséquences que cela peut engendrer, notamment au plan de sa santé.

La première valeur du CHU de Québec-Université Laval (CHU) est l’humanisme, à laquelle nous avons donné volontairement une définition qui nous est propre. L’humanisme, pour nous, se traduit par le RESPECT et la BIENVEILLANCE envers nos patients et entre nous.

Il faut lutter contre l’exclusion et cette lutte peut prendre différentes formes. Le CHU s’engage à être un milieu d’inclusion. Pour y arriver, il a adopté des politiques et des procédures, notamment sur le civisme et le non-harcèlement. D’autres sont à l’étude, dont notamment une politique portant sur les accommodements raisonnables. Le CHU s’est doté notamment de plans d’action concernant les usagers en provenance des communautés autochtones, ceux des communautés ethnoculturelles, à l’égard des personnes handicapées ou pour desservir les personnes de langue anglaise. Le ministère de la Santé et des Services sociaux a accepté un projet pilote présenté par le CHU visant la mise en place d’un agent de liaison auprès des communautés à risque d’ostracisme. De nombreuses initiatives de ce genre se multiplient parce que c’est avec une multitude de gestes simples que se construit un milieu inclusif.

Vous aussi, vous pouvez contribuer au développement d’un CHU tourné vers l’inclusion sociale par vos attitudes et dans les gestes que vous posez. Réfléchissez à votre ressenti face à la différence. Qu’est-ce qui vient vous chercher et qui fait que vous pourriez pencher du côté de l’exclusion? Vous constaterez que souvent c’est la peur, la méfiance, l’ignorance ou la simple méconnaissance de l’autre qui engendre la pulsion d’exclusion. Prendre le temps de lire, de s’informer, d’en parler, contribuera à contrecarrer la plupart des réflexes d’exclusion. Mais c’est le temps, l’apprentissage d’une relation d’ouverture à l’autre, le dialogue, qui nous feront entrer tous ensemble dans l’univers beaucoup plus confortable de l’inclusion sociale.
 

On n’a pas plus tôt fermé ses volets à la lumière du dehors 
que la lumière du dedans s’évanouit. 
L’esprit d’exclusion est un esprit de ténèbres. 

Henri Boucher, Pensées et réflexions



Daniel La Roche
Direction de la qualité, de l’évaluation, de l’éthique et des affaires institutionnelles


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Dernière révision du contenu : le 18 mars 2022

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