Le Comité des malformations orofaciales : près de 60 ans de progrès

Au Québec, un bébé sur 700 naît avec une fente labiopalatine, autrefois nommée « bec-de-lièvre ». C’est notamment pour venir en aide à ces enfants qu’est né, il y a près de 60 ans, le Comité des malformations orofaciales du CHU de Québec-Université Laval (CHU). 

Le Comité des malformations orofaciales du CHU de Québec-Université Laval (CMOF) regroupe les services d’une équipe multidisciplinaire qui assure l’évaluation, les traitements et le suivi des enfants porteurs d’une malformation orofaciale, telles les fentes labiopalatines associées ou non à un syndrome. L’équipe est composée de chirurgiens ORL, de chirurgiens maxillofaciaux, de pédiatres, de dentistes pédiatriques, d’orthodontistes, de prosthodontistes, d’orthophonistes, de travailleurs sociaux, d’audiologistes et d’une coordonnatrice.

Cette équipe offre des services surspécialisés et complexes à la clientèle dès le dépistage prénatal, et ce, jusqu’à l’âge adulte. Ce programme suprarégional dessert une population de près de 2,5 millions de personnes provenant de huit régions administratives, soit la région de la Capitale-Nationale, toutes les régions de l’est du Québec et, plus à l’ouest, jusqu’à Trois-Rivières en Mauricie-Centre du Québec et en Estrie. 

Il est reconnu mondialement qu’une pratique interdisciplinaire est essentielle afin de minimiser les impacts négatifs des malformations orofaciales sur les enfants et leur famille, puisque celles-ci entraînent des répercussions fonctionnelles et psychosociales chez l’enfant ainsi que dans son noyau familial. Des interventions chirurgicales, orthophoniques, dentaires, orthodontiques et prosthodontiques spécialisées respectant les meilleures pratiques sont réalisées au CMOF et nécessitent une coordination rigoureuse tout au long du continuum de soins. L’ensemble des traitements est interdépendant et vise à minimiser les conséquences des malformations orofaciales sur la respiration, l’alimentation, la parole, l’apparence et, par conséquent, sur l’estime de soi.

Cette approche multidisciplinaire a jusqu’ici permis de faire des progrès considérables dans la qualité des soins prodigués, notamment parce que tous les membres de l’équipe sont actifs en recherche et qu’ils sont à l’affût des dernières connaissances et techniques dans leur domaine respectif. Le CMOF est ainsi devenu une référence en soins spécialisés et surspécialisés et est d’ailleurs reconnu par l’American Cleft-Palate Association depuis 2018.

Hommage à des figures marquantes au CMOF

Le CMOF a toujours pu compter sur des spécialistes passionnés et dévoués au mieux-être de leurs jeunes patients. Au cours de la dernière année, l’équipe a toutefois entamé une transition alors que des figures marquantes se sont retirées de l’équipe, soit la D^re Claire Hudon, pédiatre (retraite), le D^r Jacques Leclerc, ORL, et M^me Jocelyne Lévesque, orthophoniste et coordonnatrice (retraite).


D^re Claire Hudon



Diplômée de médecine de l’Université Laval avec une spécialité en pédiatrie, la D^re Claire Hudon a pratiqué comme pédiatre au Centre mère-enfant Soleil du CHU et a été membre du CMOF tout au long de sa carrière.

La D^re Hudon, retraitée depuis septembre 2021, a également été professeure titulaire du Département de pédiatrie de l’Université Laval et membre de nombreux comités facultaires (comité d’admission en médecine, comité de programme de doctorat en médecine, comité d’évaluation et de suivi d’implantation des campus satellites), universitaires (conseil universitaire), provinciaux (comités des responsables d’agrément québécois) et canadiens (comité des directeurs de programme de résidence en pédiatrie canadien, comité des responsables d’agrément du Canada). Par ailleurs, elle a été directrice du programme de résidence en pédiatrie, coresponsable du cours de pédiatrie, directrice du préexternat et, plus récemment, responsable de l’agrément au programme de doctorat en médecine. Enfin, elle a également été active en recherche et a collaboré à la publication de chapitres dans le Dictionnaire de pédiatrie Weber.

La D^re Hudon est reconnue pour sa rigueur professionnelle, mais aussi pour sa personnalité affable, son souci des autres, sa facilité d’approche et son attitude inclusive. Très tournée vers l’intégration des différentes pratiques afin de mieux servir les patients, elle a su instaurer un véritable esprit de travail d’équipe interdisciplinaire au CMOF. 


D^r Jacques Leclerc



Diplômé de médecine de l’Université Laval avec une spécialité en oto-rhino-laryngologie et chirurgie cervico-faciale, le D^r Leclerc a effectué des surspécialisations en ORL pédiatrique (Hospital for Sick Children de Toronto, Children’s Hospital de Pittsburgh, Hôpital Necker de Paris). Arrivé au CHU en 1985, il a contribué à la mise sur pied du département d’ORL pédiatrique. 

Au cours de sa riche carrière, il a été chef administratif et universitaire du département d’ORL et de chirurgie cervico-faciale de l’Université Laval (1995-2000) et membre du jury pour les examens du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada (1990-1998). Il a également agi comme secrétaire (1999-2004) et président (2004-2005) de la Société canadienne d’oto-rhino-laryngologie. 

Le D^r Leclerc s’est joint au CMOF en 1991 où il a développé une expertise dans les chirurgies de réparation de la lèvre, du palais et du nez. Il a ensuite assumé la présidence du CMOF de 2003 à 2021. 

Très engagé en recherche, il a publié dans plusieurs journaux scientifiques prestigieux sur des sujets aussi variés que les fentes labiopalatines, l’anthropométrie faciale, la dysfonction vélopharyngée, la physiologie nasale, l’atrésie de choanes et la navigation 3D en chirurgie des sinus. Il a réalisé plusieurs de ces recherches en collaboration avec des résidents, des orthophonistes, des pédiatres et orthodontistes membres de l’équipe. Il a également été membre du comité de révision de trois journaux scientifiques en oto-rhino-laryngologie. 

En 2016, le D^r Leclerc s’est vu remettre le Prix d’excellence – spécialiste de l’année du Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. 


M^me Jocelyne Lévesque



M^me Jocelyne Lévesque est une orthophoniste qui a su inspirer toute une génération de professionnels. Au cours de sa carrière, elle s’est dévouée auprès de multiples clientèles, et ce, en participant en parallèle à plusieurs comités consultatifs où elle a mis de l’avant l’importance de la collaboration interdisciplinaire et l’intégration des meilleures pratiques en orthophonie. Mme Lévesque est reconnue comme une référence en dysphagie pédiatrique, spécialité dans laquelle elle enseigne toujours aux étudiants à la maîtrise en orthophonie à l’Université Laval. 

M^me Lévesque s’est officiellement jointe au CMOF en tant que coordonnatrice en 1999 et a assumé ce rôle jusqu’en 2021. Elle a également occupé le poste de coordonnatrice clinique du service d’orthophonie-audiologie et a participé activement à la création du programme de maîtrise en orthophonie à l’Université Laval.

En 2020, M^me Lévesque a reçu la mention Reconnaissance « Ensemble de la carrière » du Conseil multidisciplinaire du CHU, une mention remise aux professionnels qui se sont distingués par un parcours professionnel d’exception, une implication au-delà des standards et en étant une source d’inspiration pour ses pairs. En 2021, l’Association des conseils multidisciplinaires du Québec (ACMQ) lui a décerné une mention spéciale dans la catégorie « Individu-sénior » du CECM pour sa contribution remarquable à titre de présidente du CECM du CHU.

En 2021, M^me Lévesque a également reçu le prix Germaine-Huot de l’Ordre des orthophonistes et des audiologistes du Québec pour l’ensemble de sa carrière. Elle a été sélectionnée pour son apport majeur dans le développement et dans le rayonnement de la profession d’orthophoniste. 
 

Une tradition d’excellence qui se transmet

Malgré ces départs, le CMOF poursuit son développement grâce à l’arrivée de nouveaux acteurs. À travers de multiples projets, toujours élaborés dans un esprit de collaboration et de recherche du dépassement, le but demeure d’améliorer les soins apportés aux enfants naissant avec une malformation orofaciale. 

La D^re Marie-Julie Blouin, ORL pédiatrique, chirurgienne cervico-faciale et nouvelle présidente du CMOF, et M^me Élisa-Maude McConnell, orthophoniste et actuelle coordonnatrice du CMOF, poursuivent le travail dans un esprit de continuité après avoir œuvré auprès des membres de l’équipe pendant plusieurs années. 

Le CMOF vise maintenant l’atteinte de nouveaux sommets, notamment par la poursuite de la mise en place du moulage naso-alvéolaire dès les premiers jours de vie, une technique orthodontique de repositionnement des segments osseux afin de favoriser la chirurgie de la lèvre et du nez. Ce projet de recherche clinique est d’ailleurs évalué par l’Unité d’évaluation des techniques et modes d’intervention en santé (UETMIS) et par le Comité d’introduction des pratiques innovantes (CIPI) du CHU. 

En collaboration avec l’université McMaster en Ontario, l’équipe a également traduit en français québécois le CLEFT-Q, un instrument de mesure des résultats esthétiques et fonctionnels tels que perçus par l’usager. Cet outil rigoureusement développé et connu mondialement est maintenant utilisé afin de mieux mesurer l’impact de la malformation sur la qualité de vie de l’usager enfant, adolescent et jeune adulte. 

Enfin, l’arrivée de nouveaux professionnels au CMOF a incité l’équipe à repenser certains processus clinico-administratifs afin d’augmenter l’efficacité et la qualité des soins. 

Avec la passion et le dévouement qui ont toujours caractérisé le CMOF, l’équipe actuelle souhaite maintenant poursuivre et développer sa pratique interdisciplinaire qui a jusqu’ici permis de faire des progrès considérables dans la qualités des soins prodigués aux patients. 

      

À gauche : D^re Marie-Julie Blouin, ORL pédiatrique, chirurgienne cervico-faciale et nouvelle présidente du CMOF.

À droite : M^me Élisa-Maude McConnell, orthophoniste et actuelle coordonnatrice du CMOF.

 

Les fentes labio-palatines

La fente à la lèvre ou au palais n’est pas due à l’absence de tissu ou d’os, mais plutôt à une fusion qui ne s’est pas complètement réalisée lors des premières semaines de grossesse.