Un secret bien gardé : une carrière d’infirmier guidée par la rigueur et la passion

Image.


Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est essentiel, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.1

Dans cette édition : David-Alexandre Morin, infirmier au soins intensifs de L’Hôtel-Dieu de Québec, spécialisé en installation de dispositifs d’accès intraveineux périphériques sous guidage échographique. 

David-Alexandre est la preuve que, grâce à la rigueur, à la persévérance et à une passion indéfectible, même ceux qui « partent de loin » peuvent exceller. 

Sans trop savoir pourquoi, et malgré son âme de jeune ado rebelle, il prend à 15 ans une décision qui marquera son avenir : s’enrôler dans les Forces armées canadiennes, plus précisément à l’école du Service de santé des Forces armées canadiennes, où il suit un cours axé sur les premiers soins.

L’expérience est exigeante, mais elle nourrit son intérêt profond pour les soins de santé. Cet intérêt le pousse d’ailleurs à poursuivre des études en soins infirmiers au Cégep de Trois-Rivières. 


David-Alexandre à 17 ans, alors qu’il était dans les Forces armées canadiennes.


En 2001, fraîchement installé à Québec, David-Alexandre décroche un poste d’infirmier à L’Hôtel-Dieu de Québec. Après un passage sur les unités de soins, il rejoint l’urgence sur le quart de soir. C’est là qu’il fait la rencontre de Mme Colette Gagné, une infirmière chevronnée qui deviendra sa première mentore et éveillera sa passion pour les accès vasculaires. 

« J’arrivais dans une équipe de gens très expérimentés et j’avais du mal à suivre le rythme. Un jour, Colette m’a rencontré et m’a dit : "Là, j’te le dirai qu’une seule fois : t’en arrache! Pour piquer, c’est zéro. Maintenant que c’est dit, soyons constructif, tu vas me suivre, et quand tu auras terminé avec moi, tu sauras un excellent infirmier, tu seras mon ti-gars." » 

Mme Colette Gagné était une référence en matière de soins infirmiers, et plus précisément une spécialiste des ponctions veineuses et de l’installation de cathéter intraveineux. Elle réussissait là où les autres échouaient. David-Alexandre apprend à ses côtés avec humilité et acharnement. 


 

Des forces armées canadiennes à l’échoguidage aux soins intensifs du CHU

Après quelques années passées à l’urgence, puis en salle de réanimation, et après avoir pratiqué à des milliers de reprises les diverses techniques essentielles au travail d’un infirmier et ainsi acquis beaucoup de dextérité, David-Alexandre ressent le besoin d’aller plus loin et d’élargir sa pratique.

« Je voyais les patients quitter pour les étages ou pour les soins intensifs, et je me disais que j’aurais aimé poursuivre leurs soins. J’ai donc postulé sur un poste de soir aux soins intensifs. »

Cette unité de soins intensifs, qui comprend 17 lits, est supervisée par deux médecins intensivistes, l’infirmier chef et une assistante infirmière chef chevronnée. Ils sont soutenus par une équipe multidisciplinaire (pharmaciens, nutritionnistes, physiothérapeutes, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, infirmières, inhalothérapeutes et préposés aux bénéficiaires). 

Accueilli aux soins intensifs par Mme Diane Godbout, qui à l’époque était l’infirmière monitrice des soins intensifs, il commence sa formation intensive. Après quelques semaines en formation de jour, Mme Godbout passe le flambeau à Mme Stéphanie Dupuis, alors infirmière sur le quart de soir, aujourd’hui infirmière monitrice aux soins intensifs.

C’est un milieu exigeant, mais David-Alexandre s’y sent rapidement dans son élément. Grâce à ces deux infirmières chevronnées, il développe une rigueur exemplaire et un souci du détail qui continuent de le définir aujourd’hui.

Malgré cette expertise, il cherche à approfondir ses compétences. Un jour, une opportunité se présente : une formation en guidage échographique de dispositifs intraveineux, une technique qui permet de repérer les veines invisibles à l’œil nu grâce à l’échographie et qui représente une avancée significative pour les soins aux patients. 

« Je pense qu’on m’a choisi parce que, lorsqu’aucun de mes collègues ne parvenait à installer un dispositif intraveineux, c’est moi qu’on venait chercher. C’est encore le cas aujourd’hui. Je crois que c’est un don du "petit Jésus"! Grâce au guidage échographique, j’arrive désormais à insérer des dispositifs intraveineux plus longs dans 99 % des cas, même chez des patients en anasarque (un gonflement général de tout le corps) ou sévèrement déshydratés. Dire qu’à mes débuts, je n’étais pas doué pour piquer... Merci, Colette! »

 

Le guidage échographique : un impact majeur sur les soins et les coûts 

Depuis cette formation, l’échoguidage est devenu une véritable passion pour David-Alexandre. Au-delà de l’aspect technique, il en perçoit immédiatement les bénéfices, tant pour les patients que pour le système de santé : moins de tentatives ratées, ce qui réduit la douleur et le stress des patients; diminution des complications comme les infections, thromboses et phlébites; réduction des coûts, notamment en limitant l’utilisation de matériel et en évitant des interventions médicales plus complexes. 

« Les appareils d’échographie sont coûteux, mais c’est peu comparé aux économies qu’ils permettent de réaliser. Une étude menée dans un hôpital aux États-Unis a démontré que trois infirmières dédiées à l’échoguidage avaient permis d’économiser 3,5 millions de dollars! »2

Tout cet argent épargné peut être utilisé pour d’autres soins et d’autres patients, ce qui est toujours le bienvenu dans le domaine de la santé!

Aujourd’hui, David-Alexandre est un expert formateur en guidage échographique pour le CHU de Québec-Université Laval. Il enseigne aux infirmiers une formation théorique préenregistrée « Installation d’un cathéter intraveineux périphérique par échoguidage » sur l’Environnement numérique d’apprentissage (ENA, ID 10244), suivie d’une formation pratique de perfectionnement.

Cette formation a d’abord été élaborée par Mme Marie-Audrey Roy, infirmière au CHUL, puis elle a été peaufinée par David-Alexandre et trois de ses collègues : M. Carl Lavoie, infirmier au CHUL, M. Benjamin Lemieux, infirmier à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, et Mme Anick Boivin, infirmière à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. 

David-Alexandre tient d’ailleurs à remercier la Fondation du CHU de Québec qui a contribué à l’achat d’un appareil d’échographie destiné essentiellement à la formation des futurs experts en guidage échographique. Cet appareil d’échographie mobile se déplace à travers l’ensemble des cinq hôpitaux du CHU.

Animé par sa passion, David-Alexandre est fier de faire partie de SonoNurse VS, une entreprise innovante spécialisée dans l’optimisation des accès vasculaires, de l’échoguidage et des lignes intraveineuses. Dans le cadre de ses fonctions de consultant expert en accès vasculaires sous guidage échographique, il collabore avec une équipe d’ingénieurs et du Dr Yahia Zine, anesthésiologiste, afin de développer « Install-Vasc », un outil spécialement conçu pour les débutants en guidage échographique. L’objectif de SonoNurse VS est d’améliorer la sécurité des soins en réduisant les erreurs et en intégrant des pratiques novatrices fondées sur l’expertise clinique.
 


Le logo de Sononurse VS.



Un modèle d’engagement et d’amélioration continue

Aujourd’hui, David-Alexandre Morin est toujours infirmier aux soins intensifs de jour, dans un milieu qu’il affectionne particulièrement et entouré d’une équipe qu’il qualifie d’ « extraordinaire ». Une progression naturelle pour un professionnel qui n’a jamais cessé de viser la perfection. 

« "Pourquoi se contenter de l’excellence si l’on peut atteindre la perfection?" Si j’ai réussi, alors tout le monde peut y arriver! Cela demande de la pratique, une véritable passion et une aisance avec les patients. J’ai eu la chance d’être formé par trois mentores exceptionnelles : Colette, Diane et Stéphanie. Comme le dit si bien le proverbe : "Seul, on va vite; ensemble, on va loin." Un immense merci à ces trois infirmières extraordinaires! »

Aujourd'hui, David-Alexandre assure, à l’occasion, des remplacements à titre d’assistant infirmier-chef au sein de son département. Il tient d'ailleurs à souligner la rigueur et le professionnalisme de ses collègues titulaires du poste, Mme Annie Côté et Mme Stéphanie Lavoie, dont la collaboration constitue un modèle d’excellence au sein de l’unité.

Le parcours de David-Alexandre illustre parfaitement les valeurs du CHU : engagement, rigueur et amélioration continue. Il est non seulement un acteur clé des soins intensifs, mais aussi un éducateur et un innovateur au service de sa profession. Comme quoi même ceux qui « partent de loin » peuvent devenir les meilleurs!



Photos : Elias Djemil.


Notes

  • Près de 95 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’intervenants (18 000) du CHU de Québec-Université Laval. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/

  • Ostroff, M. (2017, 10 février). Ultrasound-guided vascular access program saves St.Joseph’s $3.5 million. Becker’s Hospital Review.

     


Commentaires



 

Voir les commentaires
13 avril 2025

très fière de toi avec ta détermination je savais que tu pouvais tout réussir tu resteras toujours mon ti gars gros bisous câlin et bonne continuité
Colette xx

Par Colette Gagné
13 avril 2025

Félicitations pour votre persévérance. Ce sont les patients qui en profitent aujourd’hui. On me dit que j’ai des veines « fuyantes », je comprends que cette nouvelle technologie me servira probablement un jour. Je vous souhaite de poursuivre votre beau travail encore longtemps et merci!

Par Chantal
10 avril 2025

Très triste de voir qu'après 35 ans de service comme inhalothérapeute, notre profession ne soit pas mentionnée dans cet article avec tous les autres membres de l'équipe multidisciplinaire alors que nous sommes aux soins intensifs en permanence. J'aimerais beaucoup que mon commentaire ne soit pas retiré comme ceux de mes collègues inhalos qui avaient commenté. Merci

Par Annie Ouellet
8 avril 2025

Comme je suis fière pour toi du chemin que tu as parcouru ta persévérance ton engagement font de toi un être humain merveilleux récolte les bienfaits de ton labeur à bras ouverts tu es une bonne personne mon ami ❤️

Par Sylvie Trepanier
7 avril 2025

Pharmaciens, nutritionnistes, physiothérapeutes, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, infirmières et préposés aux bénéficiaires... inhalothérapeute?!

Par seja002




Dernière révision du contenu : le 10 avril 2025

Signaler une erreur ou émettre un commentaire