Mme Geneviève Bolduc a été embauchée à L’Hôtel-Dieu de Québec en décembre 1970, en tant que préposée aux bénéficiaires. Au fil de ces 53 ans de travail, elle en a occupé des postes et en a fait des départements, avec toujours autant de passion et d’entrain! Le Chuchoteur lui a posé quelques questions sur son impressionnant parcours.
1. Depuis combien de temps travaillez-vous au CHU?
Je travaille au CHU depuis plus de 52 ans. J’ai débuté le 8 décembre 1970.
Le matin du 7 décembre, j’avais donné mon nom à l’assurance-chômage et dès l’après-midi, j’ai reçu un appel me demandant d’aller rencontrer Sœur Angéla Veilleux aux ressources humaines, à L’Hôtel-Dieu de Québec (L’HDQ).
J’ai commencé dès le lendemain, le 8 décembre, comme préposée aux bénéficiaires au sixième étage, au département de gynécologie. Je me suis très bien adaptée à la clientèle et au personnel. Il faut dire que j’avais débuté mon cours d’infirmière un an avant, mais je n’avais malheureusement pas passé certaines matières.
2. Comment avez-vous débuté dans ce métier?
J’ai fait plusieurs postes au fil des années!
J’ai été préposée au lavage de la vaisselle, et ce n’était pas agréable de nettoyer les assiettes dans ce temps-là, car la clientèle fumait!
J’ai aussi été préposée à la cafétéria. Il y avait une bonne entente avec les cadres et les employés; j’ai eu beaucoup de plaisir avec mes collègues.
Ensuite, j’ai été caissière à la cafétéria. À l’époque, on devait tout calculer mentalement, donc il fallait connaître tous les prix par cœur. Il ne fallait pas faire d’erreur, car tu te le faisais dire! Quand ça arrivait, je recomptais le contenu du plateau et la plupart du temps, tout était correct. Il y avait des gens qui cachaient des petites choses, comme du beurre, des biscuits soda, etc. entre deux plats pour qu’on ne les voit pas!
Après, j’ai été préposée aux archives. Là, c’était une vraie « job de bras », car il fallait déplacer les filières pour classer et sortir les dossiers. C’est là que j’ai appris l’informatique. Quand des dossiers étaient perdus, on avait affaire à les trouver!
J’ai également été préposée en ORL. Au début, j’ai trouvé cela un peu difficile, car il y avait des infirmières qui voulaient me prendre en défaut. Quand je répondais au téléphone, ma patronne Mme Pauline Pouliot prenait toujours la ligne en même temps que moi dans son bureau et, de temps en temps, je me faisais interpeller. Je suis quand même restée dans ce département pendant 22 ans! Ces années ont été agréables, malgré la surcharge de travail. Et les médecins et le personnel m’appréciaient beaucoup.
Je suis ensuite passée au département d’ORL et d’ophtalmologie. Je répondais au téléphone, prenais les messages et faisais les statistiques à la main. Avec les médecins du département et les collègues, nous étions comme les membres d’une famille.
Finalement, je suis devenue agente administrative classe 3 à la clinique externe et aux rendez-vous. Depuis la pandémie, je suis au département des rendez-vous. À la réception de la clinique externe, j’aimais beaucoup le contact avec la clientèle. Cela me manque un peu.
3. Quelles sont les qualités que vous reconnaissent vos collègues?
Généreuse de son temps, toujours prête à rendre service, enthousiaste. Et lors des fêtes de Noël et de Pâques, mes collègues ont hâte de recevoir les petites douceurs que je prépare pour eux : du chocolat et du sucre à la crème!
4. Avez-vous un(e) mentor(e)?
Je dirais que ma mentore a été Garde Pauline Pouliot. Elle m’a beaucoup aidée à avoir confiance en moi et dans mon travail. Il y a aussi Huguette Henley des ressources humaines; elle était très patiente quand je passais un test.
5. Y a-t-il quelque chose qui vous fait sourire ou vous motive au travail?
J’aime mon milieu de travail, et un matin avec les sourires de mes collègues, de mes supérieurs et des médecins de la clinique, cela fait ma journée. C’est l’entraide de mes collègues et le contact avec les gens qui me motivent. Et après tant d’années, ça me fait sourire quand les patients se souviennent de moi.
6. Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre travail?
J’aime le contact avec les patients, le travail d’équipe et le soutien entre employés. J’aime donner des rendez-vous, recevoir les patients et les diriger au bon endroit dans l’hôpital. J’aime faire les statistiques et aider mes collègues quand ils en ont besoin et vice-versa. J’aime aussi répondre aux demandes des médecins.
Quand on aime son travail, on se rend compte au bout de ces années qu’on se construit une très belle famille! Et je pourrais ajouter : « CHU un jour, CHU toujours! ».
7. Qu’est-ce qui vous rend la plus fière?
Le fait d’avoir réussi à passer toute ma carrière au même endroit, dans différents départements, et de m’en être sortie malgré tous les obstacles. Et ce qui me rend la plus fière, c’est d’avoir réussi à monter les échelons graduellement et d’être parvenue à faire autant d’années de service : ça fera 53 ans en décembre 2023!
8. Avez-vous des anecdotes, des faits cocasses ou des secrets bien gardés de L’Hôtel-Dieu de Québec?
Garde Pouliot : le matin, au début de l’hiver et même jusqu’à la fin avril, elle arrivait avec sa tuque callée jusqu’aux yeux, même s’il ne faisait pas très froid dehors, juste pour me faire rire.
Un jour, un ami d’enfance de Garde Pouliot, mais qu’elle ne voulait surtout pas voir, se présente au comptoir. Elle était assise dos à moi, et le Dr Pierre Ferron était devant elle. Le visiteur demande si Mme Pouliot est là. Je lui réponds que non, qu’elle est en réunion, alors il est reparti. Le Dr Ferron et Garde Pouliot ont pouffé de rire en se demandant pourquoi j’avais répondu cela! Garde Pouliot est retournée au plus vite dans son bureau, de peur que son « ami » ne revienne.
Le Dr Pierre Ferron
Quand j’étais à la cafétéria, après le dîner, on nettoyait les tables et les comptoirs. Deux de mes amies avaient chacune une chaudière d’eau à la main; elles disaient « t’es pas game! » et finalement, elles ont chacune lancé le contenu de leur chaudière sur l’autre. Tout le monde a beaucoup rit, mais les supérieurs n’étaient pas contents du tout! Une chance qu’elles avaient des robes de rechange!
Geneviève Bolduc déguisée en Père Noël en compagnie de son amie Solange, la joueuse de tours!
Le Dr Paul Savary était un bon conteur d’histoires; il nous faisait beaucoup rire. Il arrivait toujours en retard, mais il était très apprécié par sa clientèle.
Le Dr Georges Demers : quand il n’avait pas de bureau à sa disposition, il s’installait à un semblant de bureau à côté de l’accueil et il faisait sa paperasse. Les clients allaient le voir et il leur répondait.
Le Dr François Parent ne comprenait pas mon écriture et un jour, il m’a donné un devoir : pratiquer à écrire mes lettres comme une élève de première année!
J’ai rencontré mon conjoint à l’hôpital. C’est ma patronne, Mme Jeannine Richard (sur la photo ci-dessus), qui me l’a présenté. Il travaillait dans la sécurité avec son ami. Elle a organisé un souper et on a continué à se voir de temps en temps.
Depuis le 6 novembre 2023, Mme Bolduc travaille au département des prélèvements. Bien que ce nouvel emploi la tienne bien occupée, elle apprécie beaucoup le soutien qu’elle reçoit de ses collègues techniciennes et elle est heureuse d’avoir un contact direct avec les usagers. Après 53 ans de service à L’Hôtel-Dieu de Québec, il semble qu’elle a encore envie d’apprendre et de découvrir toutes les facettes de l’hôpital!
Photo principale - de gauche à droite : carte d'employée reçue lors de l'obtention d'un premier poste de préposée à la clinique externe, dans les années 1970; photo prise lors des 25 ans de service de Mme Bolduc; carte d'employée actuelle.