Le 19 octobre dernier, la toute première édition du Colloque Urgence, préhospitalier et première ligne a été le théâtre d’une présentation mettant en lumière une initiative novatrice du CHU de Québec-Université Laval (CHU), qui a depuis fait des vagues constructives à travers la province.
Dans une présentation conjointe, réalisée avec le CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Stéphane Tremblay, directeur des soins critiques au CHU, et Mylène Ferrand, coordonnatrice des soins critiques – volets des urgences au CHU, accompagnés de deux collaborateurs du CIUSSS, Laurie Fortin, conseillère cadre – programmes transversaux et soutien à la Direction des services professionnels-DSDT, et Jean Morneau, chef innovation et soutien à la transformation, ainsi que d’Andrée-Ann Aubut, conseillère clinique, Direction des services d’urgence au ministère de la Santé et des Services sociaux, ont animé l’atelier « Innover pour avancer, l’utilisation du prétriage virtuel pour la prise en charge des usagers se présentant à l’urgence, de la pratique à l’encadrement ».
Ce projet a été initié en réponse à la nécessité de réaffecter les infirmières immunosupprimées ou enceintes du secteur de l’urgence durant la pandémie. Rapidement, le télé prétriage s’est transformé en une solution puissante pour maintenir ces précieuses ressources au travail, tout en optimisant la prise en charge des patients. Depuis son lancement en mai 2022 à l’urgence du CHUL, l’infirmière présentant des critères de vulnérabilité est désormais installée dans un bureau à proximité de l’urgence, d’où elle effectue une première évaluation par l’entremise de l’application Teams. Cette approche a rapidement démontré son efficacité, éliminant les délais d’attente à l’arrivée des patients et réduisant considérablement le délai entre le prétriage et l’évaluation du triage.
Une approche virtuelle, mais entourée d’humains
Depuis mai 2022, les résultats du projet sont remarquables, avec une amélioration soutenue de la sécurité et de l’efficacité des activités à l’urgence. Grâce à la présence virtuelle de l’infirmière, les patients sont accueillis dès les dix premières minutes suivant leur arrivée, contribuant à une augmentation de 26 % dans la réévaluation des patients de la salle d’attente. Cette approche a également permis de réduire les délais d’attente entre le prétriage et le triage; ces derniers sont en effet passés de plusieurs heures à moins de quinze minutes.
À cet effet, un sondage mené en juillet dernier auprès de 100 usagers de l’urgence fait état d’une satisfaction à près de 92 % quant au processus de télé prétriage. Engagé envers l’amélioration continue, le CHU poursuit ses travaux de développement, dans une approche partenariale, avec le soutien de patients partenaires qui ont accepté de nous faire part de leur expérience.
Sensible aux préoccupations de ses clientèles plus vulnérables qui pourraient éprouver des difficultés avec la technologie ou y être réticentes, soulignons qu’il est toujours possible d’effectuer le prétriage en présentiel à l’urgence.
La satisfaction de la clientèle est également un souci pour nos intervenants de l’urgence, pour qui cette pratique permet de préserver la force de travail et d’expertise au sein du secteur. Si l’équipe du triage aurait pu être initialement réticente au déploiement de ce projet, l’évaluation des processus démontre aujourd’hui une augmentation de la satisfaction de l’équipe, pour laquelle une diminution de la charge mentale associée à la tâche a été exprimée. De plus, cette mesure a également un effet direct sur la réduction du temps supplémentaire des équipes de l’urgence du CHUL.
Voyez les témoignages des membres de l’équipe!
Enfin, en plus d’être bénéfique pour les usagers et le personnel, ce projet permet de libérer plus rapidement les ambulances et au personnel préhospitalier d’être disponible pour de nouvelles interventions.
Un modèle qui fait ses preuves
Le succès du projet n’est pas passé inaperçu, puisqu’il s’est taillé une place parmi les récipiendaires des Prix Stars du Réseau de la santé 2022, dans la catégorie Moderne, en mai dernier.
De gauche à droite : Claudia Hébert-Beaudoin, infirmière clinicienne et monitrice clinique de l’urgence du CHUL; Julie Marois, chef d’unité de soins de l’urgence du CHUL; Mylène Ferrand, coordonnatrice des soins critiques – Volet des urgences, direction des soins critiques.
À la suite de son implantation au CHUL, plusieurs établissements de santé ont manifesté leur intérêt pour en apprendre davantage sur le télé prétriage et sont venus visiter nos installations. C’est notamment le cas du CIUSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui a ensuite emboîté le pas vers l’implantation de cette pratique dans ses hôpitaux, avec l’objectif d’améliorer la fluidité dans ses urgences et diminuer le délai de prise en charge médicale.
Fort de ces réussites, le projet de télé prétriage, qui sera déployé prochainement à l’urgence de l’Hôpital du Saint-Sacrement du CHU, a attiré l’attention du ministère de la Santé et des Services sociaux. Ce dernier a d’ailleurs annoncé, à la suite de la présentation conjointe lors du Colloque en octobre, la mise en place de lignes directrices nationales pour encadrer la pratique et l’officialiser à travers la province.
Inspirer le changement par l’innovation en santé
La télémédecine fait désormais partie des bonnes pratiques innovantes et d’avenir pour améliorer l’expérience-patient. Peu coûteux et facilement réalisable, le télé prétriage nous plonge dans une logique d’utilisation pertinente de notre précieuse main-d’œuvre, particulièrement dans le contexte actuel, tout en favorisant l’innovation technologique au profit de la prestation des services aux usagers.
Le projet de télé prétriage mené par la Direction des soins critiques représente bien plus qu’une solution pragmatique en réponse aux défis de main-d’œuvre. Il incarne l’esprit novateur de notre grand CHU et sert de phare pour éclairer la voie vers une prise en charge clinique plus efficace et sécuritaire, plaçant le patient au cœur des soins.
Nous pouvons en être fier(-ère)s!
Photo principale : de gauche à droite : Jean Morneau, chef innovation et soutien à la transformation, Laurie Fortin, conseillère cadre – programmes transversaux et soutien à la Direction des services professionnels-DSDT, Andrée-Ann Aubut, conseillère clinique, Direction des services d’urgence au ministère de la Santé et des Services sociaux, Mylène Ferrand, coordonnatrice des soins critiques – volets des urgences, et Stéphane Tremblay, directeur des soins critiques. Photo : Le Point en santé et services sociaux.