Le CHU de Québec (CHU) est né le 9 juillet 2012 de la fusion du Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) et du Centre hospitalier affilié universitaire de Québec (CHA). Son histoire est toutefois beaucoup plus ancienne, puisqu’il faut remonter aux débuts de la Nouvelle-France pour en trouver les origines.
Par Alex Tremblay Lamarche, historien
La composante la plus ancienne du CHU, L’Hôtel-Dieu de Québec, naît en 1639 sous l’impulsion de trois Augustines originaires de Dieppe : Marie Guenet de Saint-Ignace, Anne Le Cointre de Saint-Bernard et Marie Forestier de Saint-Bonaventure. Après s’être initialement établies près du fleuve, à Sillery, avec le désir de soigner les autochtones, elles déménagent sur les hauteurs du Cap Diamant pour guérir les colons, les marins et les soldats qui se font de plus en plus nombreux dans la vallée laurentienne. Il faut dire que la colonie croît et que L’Hôtel-Dieu de Québec demeurera pendant plusieurs décennies le seul établissement de la ville exclusivement réservé aux soins. Les Augustines jouent donc un rôle capital dans le développement de Québec.
Hôpital Hôtel-Dieu - Pavillon d'Aiguillon, [vers 1900],
BAnQ Québec, Fonds J. E. Livernois Ltée, (03Q,P560,S1,P808), Photographe non identifié.
Si plusieurs hôpitaux voient le jour dans la ville au XIXe siècle – pensons entre autres aux hôpitaux de la Marine et de la Garnison qui n’existent plus aujourd’hui, ou encore au Jeffery Hale qui a toujours pignon sur rue –, il faut attendre le XXe siècle pour voir une série de nouveaux établissements francophones naître. Les importantes avancées de la médecine et l’accroissement de la population rendent nécessaires la création de nouveaux établissements dans d’autres secteurs de la ville.
Les Sœurs de Saint-François d’Assise de Lyon ouvrent ainsi, en 1914, un hôpital dans Limoilou. Elles y installent la première maternité francophone de la ville. Alors que les accouchements se pratiquaient principalement à domicile, ils peuvent, avec la création de l’Hôpital Saint-François d’Assise, se dérouler dans un environnement plus sain doté d’une salle d’accouchement et d’une pouponnière. C’est une petite révolution à Québec.
Hôpital Saint-François-d'Assise, [Vers 1930],
BAnQ Québec, Fonds L'Action catholique, (03Q,P428,S3,SS1,D13,P13-7), Photographe non identifié.
Le 31 janvier 1923, c’est au tour d’un établissement destiné aux soins des enfants de voir le jour dans la capitale. Les docteurs Irma LeVasseur, René Fortier et J.-Édouard Samson fondent l’Hôpital de l’Enfant-Jésus avec l’aide des Dominicaines. Ils souhaitent ainsi voir reculer la mortalité infantile à Québec. Bien vite, l’établissement compte 29 médecins, une cinquantaine d’infirmières et une vingtaine de religieuses.
Hôpital de l'Enfant-Jésus, Québec, 1950,
BAnQ Québec, Fonds Ministère de la Culture et des Communications, (03Q,E6,S7,SS1,P78600), Paul Carpentier.
Parallèlement, le Dr Arthur Rousseau, doyen de la Faculté de médecine de l’Université Laval, souhaite doter l’institution d’un hôpital universitaire. Il peut certes compter sur L’Hôtel-Dieu de Québec, mais il désire disposer d’un hôpital dont il sera le seul maître à bord. De concert avec le père Auguste Pelletier, qui déplore que la haute-ville ne dispose que d’un seul hôpital, alors que les besoins se font de plus en plus importants à l’ouest du cœur historique, il fonde l’Hôpital du Saint-Sacrement en 1927. Encore une fois, il bénéficie du concours d’une communauté religieuse : les Sœurs de la Charité.
Quartier Saint-Sacrement - Chemin Sainte-Foy - Vue éloignée de l'hôpital Saint-Sacrement, 1928,
BAnQ Québec, Collection initiale, (03Q,P600,S6,D1,P130), Thaddée Lebel.
En 1954, c’est au tour du gouvernement fédéral d’ouvrir un hôpital à Sainte-Foy. L’établissement d’abord destiné aux anciens combattants est rapidement ouvert à une clientèle plus large. Il faut toutefois attendre 1968 pour qu’il prenne réellement son envol. La Faculté de médecine de l’Université Laval désire alors se doter d’un hôpital universitaire comme cela se voit aux États-Unis et en France afin de regrouper cliniciens, chercheurs, internes et résidents en un seul endroit. Si l’Hôpital du Saint-Sacrement était jusqu’alors le seul établissement à avoir signé un contrat d’affiliation avec l’Université Laval, cela n’empêchait pas une douzaine d’autres hôpitaux de la région d’entretenir des liens avec la Faculté de médecine. L’hôpital de Sainte-Foy devient alors le Centre hospitalier de l’Université Laval (CHUL).
Le CHUL vers 1950, archives du CHU de Québec-Université Laval.
Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, ces cinq hôpitaux se développent parallèlement. Pour ne citer que quelques exemples, l’Hôpital Saint-François d’Assise voit sa mission renforcée en 1985 en devenant le centre reconnu en périnatalogie pour la Capitale-Nationale et l’est du Québec, l’Hôpital du Saint-Sacrement met sur pied le premier laboratoire moderne de recherche en hématologie au Québec et L’Hôtel-Dieu de Québec voit un important centre d’oncologie se développer en ses murs. L’expansion de chacun de ces hôpitaux ne se fait pas sans d’importants investissements. Soucieux d’offrir à chacun d’eux des équipements à la fine pointe de la technologie tout en s’assurant d’éviter que les forces vives de chaque domaine ne soient dispersées sur plusieurs sites, la Régie régionale de la santé et des services sociaux et le ministère de la Santé et des Services sociaux décident d’opérer des fusions au milieu des années 1990.
En 1995, l’Hôpital du Saint-Sacrement et l’Hôpital de l’Enfant-Jésus sont fusionnés pour former le CHA (centre hospitalier affilié universitaire de Québec), tandis que L’Hôtel-Dieu de Québec, l’Hôpital Saint-François d’Assise et le CHUL sont réunis pour créer le CHUQ (Centre hospitalier universitaire de Québec). Ce regroupement fait du CHA le principal centre d’hématologie de l’est du Québec et « le principal centre de diagnostics, de traitements, de recherche et d’enseignement pour les maladies du sein1 », aux côtés des activités de neurologie et de traumatologie, tandis que l’on trouve au CHUQ des missions d’enseignement et de recherche complémentaires, telles que l’oncologie, la néphrologie ou encore la chirurgie vasculaire. Le regroupement du CHUQ et du CHA en 2012 s’est donc inscrit dans la continuité de cette fusion en voulant consolider les pôles d’excellence régionaux.
Si les structures dans lesquelles évoluent les équipes du CHU ont changé au cours des dernières décennies, un fait demeure constant : depuis près de 400 ans, le personnel de L’Hôtel-Dieu de Québec, de l’Hôpital Saint-François d’Assise, de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, de l’Hôpital du Saint-Sacrement et du CHUL a à cœur le bien-être de la population de Québec!
1. Communiqué de presse : Fusion de deux hôpitaux majeurs, 13 décembre 1994, Archives de l’Hôpital du Saint-Sacrement.