L’approche du temps des Fêtes a incité le Bureau d’éthique appliquée à vous proposer une réflexion un peu différente de celles auxquelles nous vous avons habitués. Nous la croyons cependant bien à propos.
La pandémie actuelle affecte profondément nos vies tant sur les plans professionnel que personnel. Les assignations et les horaires sont chamboulés, le délestage des activités cliniques génère d’innombrables changements, Sans oublier les discussions au sujet d’une possible priorisation pour l’accès aux soins intensifs1. Tous espèrent qu’un tel protocole ne soit jamais mis en branle. Son objectif est de réduire au maximum la mortalité et la morbidité pour l’ensemble d’une population, de veiller à ce que les décisions soient justes et équitables, de soutenir les décisions des intervenants en période de stress extrême. Malgré tout, une telle perspective inquiète. Il convient, enfin, de souligner les répercussions de la pandémie dans nos vies personnelles. À l’approche des Fêtes, nous savons bien que les heures supplémentaires et la difficulté, voire l’impossibilité, de rencontrer nos familles en raison des mesures sanitaires auront un effet sur notre bien-être.
Cette situation a pour conséquence de provoquer beaucoup d’incertitude et d’insécurité. Incertitude sur les plans scientifique et professionnel. Les derniers mois nous ont appris qu’une crise de cette ampleur nous fait perdre nos repères spontanés et qu’un effort collectif est nécessaire pour les retrouver et les ajuster au besoin. Les consultations reçues en éthique appliquée en témoignent. Comme l’écrivait déjà à son époque le médecin Hippocrate : « La vie est courte, la science est longue, l’occasion fugitive, l’expérience trompeuse, le jugement difficile. Il faut non seulement faire soi-même ce qui convient, mais encore faire que le malade, les assistants et les choses extérieures y concourent ». Cela ne ressemble-t-il pas à ce que nous avons connu dernièrement?
En matière de vécu, la pandémie a créé beaucoup d’insécurité. Les liens qui nous unissent au travail et dans la vie privée ont été éprouvés et, parfois, redéfinis. La première vague du printemps nous a appris l’importance de revenir à l’essentiel : les gens avec qui et pour qui nous travaillons, les priorités dans notre travail, la mission d’une institution comme la nôtre, le leadership exercé aux différents niveaux de l’organisation.
J’ajouterais à ces remarques une dimension dynamique qui permet aux humains que nous sommes de faire face à l’adversité, de ne jamais nous considérer comme battus. Pour paraphraser Charles Péguy dans son poème Le Porche du mystère de la deuxième vertu, ce qui m’étonne chez tous les intervenants du CHU, c’est l’espoir. Cet espoir qui n’a l’air de rien du tout. Cet espoir qui ne sait pas mourir.
La période des Fêtes est là pour nous permettre de revenir à l’essentiel dans nos vies et à l’espoir que nous partageons d’un avenir meilleur! Bon temps des Fêtes!
François Pouliot
Conseiller en éthique
1. Le document est accessible sur http://www.cmq.org/pdf/coronavirus/20-ms-09394-07-dgaumip-007-protocole-priorisation-soins-intensifs-adulte.pdf
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