Recherche clinique en néphrologie : améliorer la prise en charge des patients

Image.


L’Hôtel-Dieu de Québec est le plus important centre de dialyse et de transplantation rénale dans la province, avec un minimum de 40 000 traitements de dialyse et de 60 greffes par année. Parmi les membres de l’équipe de 16 néphrologues qui y travaillent, plusieurs font également de la recherche clinique, comme les Drs Sacha De Serres et Fabrice Mac-Way.

Les deux médecins spécialistes ont commencé leur parcours au CHU de Québec-Université Laval (CHU), dans le service de néphrologie au département de médecine, à peu près en même temps. Ils s’intéressent tous deux aux patients atteints de maladie rénale aigue et chronique, sont cotitulaires de la Chaire de recherche en néphrologie et mènent leurs travaux de recherche dans l’axe Endocrinologie et néphrologie du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval. Cependant, leur programme de recherche ne s’intéresse pas aux mêmes aspects de cette spécialité : le Dr Sacha De Serres se penche sur l’immunologie de la transplantation, tandis que le Dr Fabrice Mac-Way se concentre sur les problèmes osseux associés à la maladie rénale.
 

Outiller l’immunosurveillance

Jusqu’au début des années 2000, le rejet du rein transplanté survenait chez 40 à 50 % des patients au cours de la première année suivant la greffe. Depuis, les choses se sont grandement améliorées, puisqu’il y a maintenant moins de 10 % de rejet dans la première année. Toutefois, en contrepartie, les cas d’infection ont augmenté, tandis que les rejets se produisent toujours, mais dans des intervalles plus longs (cinq, dix, quinze, voire vingt ou vingt-cinq ans…). Pour le Dr Sacha De Serres, l’objectif est donc de trouver le juste équilibre entre immunosuppression et protection contre les infections, tout en essayant de comprendre pourquoi les rejets se produisent.

« Tous les patients reçoivent une dose standard d’immunosuppresseurs et il n’existe pas d’outil permettant de mesurer précisément le niveau d’immunosuppression qui en résulte. Si un rejet survient, on conclut qu’il faudrait peut-être immunosupprimer un peu plus le patient et, à l’inverse, s’il a des infections à répétition, on essaie de diminuer la dose. Je vise donc à développer un outil pour mieux guider et mieux personnaliser l’immunosuppression. »

Pour mener ses travaux, le Dr De Serres recueille des cellules immunitaires contenues dans le sang de ses patients, puis les « stimule » en laboratoire avec différentes protéines de virus ou qui correspondent à celles du donneur. Il est ainsi possible de mesurer les marqueurs d’infection, soit le pourcentage de cellules qui ont produit une réponse immunitaire, et qui aident à prédire comment le patient combattra une éventuelle infection.

L’équipe du Dr De Serres bénéficie d’une subvention des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) pour tester son outil d’immunosurveillance et, en plus du CHU, quatre centres participent maintenant au recrutement des patients à Montréal (CHUM et Hôpital Maisonneuve-Rosemont), Toronto (University Health Network), Winnipeg (Université du Manitoba) et Boston (Brigham and Women’s Hospital).
 

Traiter les problèmes osseux

Souffrir d’insuffisance rénale signifie également, pour la majorité des patients, d’avoir des problèmes osseux qui vont mener, éventuellement, à des problèmes vasculaires. Ainsi, les personnes atteintes voient leur risque de fracture doubler, voire quadrupler, par rapport à celui de la population générale et, de plus, ils ont de quatre à six fois plus de risque de mourir, par exemple, des suites d’une fracture de la hanche. 

Les recherches du Dr Fabrice Mac-Way visent donc à comprendre quels mécanismes mènent au développement de problèmes osseux chez les patients en insuffisance rénale afin de prévenir ces complications et de réduire leur incidence. Pour y parvenir, il procède entre autres à l’aide de biopsies : il recueille des échantillons d’os chez ses patients, puis les analyse en laboratoire.

Une partie des échantillons recueillis servent à poser les diagnostics, tandis que le reste alimente une biobanque. Cette dernière est utilisée par le clinicien-chercheur pour découvrir des marqueurs sanguins qui pourraient aider à identifier les types d’atteintes osseuses, et éventuellement de mieux les prévenir et les traiter. « Nous faisons ces biopsies pour savoir comment l’os est affecté et pour essayer de guider les traitements. Parce qu’actuellement, malheureusement, il n’y a pas de traitement que nous pouvons utiliser, puisque tous les médicaments pour l’ostéoporose sont contre-indiqués, soit parce qu’ils n’ont pas ou trop peu été étudiés dans ce contexte spécifique, soit parce qu’ils peuvent causer des complications chez le patient en insuffisance rénale. » 

Ce projet est financé par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et plusieurs centres, en plus du CHU, y participent, dont le Centre de santé universitaire McGill et l’Hôpital Sacré-Cœur à Montréal, l’Université Columbia de New York ainsi que, bientôt, des centres hospitaliers au Brésil (Université de São Paolo), en Belgique (Université KU Leuven) et en France (Université de Lyon, Saint-Étienne).
 

Améliorer la prise en charge des patients

Chacun à leur façon, les Drs De Serres et Mac-Way raffinent la compréhension des mécanismes qui causent des complications fréquentes chez les patients souffrant d’insuffisance rénale. Grâce à leurs travaux, la qualité de vie de nombreuses personnes est déjà concrètement améliorée.


Photo-S-De-Serres_350x375-1.jpgMAC-WAY-Fabrice-2012_350x375.jpg
Les Drs Sacha De Serres et Fabrice Mac-Way, néphrologues et cliniciens-chercheurs.


Laisser un commentaire



 Security code

 

Voir les commentaires
15 septembre 2022

Bonjour Dre Aloui, Nous vous invitons à contacter la Direction des services professionnels et des affaires médicales au 418 525-4444, poste 54348 ou 15447, ou par courriel au effectifs.medicaux@chudequebec.ca. Ils pourront vous expliquer comment poser votre candidature pour un poste de médecin. Merci de votre intérêt!

Par Isabelle Roy pour Le Chuchoteur
14 septembre 2022

Bonjour,
je voudrais contacter le chef du service de Néphrologie dialyse et transplantation. Je suis néphrologue tunisienne ayant travaillé en Tunisie et en France.
Merci d'avance

Par Sabra ALOUI
18 novembre 2021

Bravo Fabrice, bravo Sacha!
C'est bon de voir que vos efforts et vos travaux soient soulignés de belle façon.
Continuez la longue implication en recherche de l'équipe de néphrologie.

Par Serge Langlois

Dernière révision du contenu : le 24 janvier 2023

Signaler une erreur ou émettre un commentaire