Criibacterium bergeronii, une bactérie découverte à Québec, révèle ses secrets

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Une équipe menée par deux responsables de projets de recherche du Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval (CRCHU) vient de publier la description formelle de Criibacterium bergeronii, une nouvelle bactérie.

L’étude de taxinomie bactérienne, qui permet de décrire avec précision et de classifier la bactérie, a été dirigée par Maurice Boissinot, Ph.D., et Rabeea Omar, Ph.D., du CRCHU et vient d’être publiée dans l’International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology (IJSEM) , une revue scientifique qui permet d’officialiser les noms des nouvelles bactéries. Cette publication confirme que l’équipe de chercheurs a découvert en Criibacterium bergeronii un nouveau genre et une nouvelle espèce de bactérie qui habite le corps humain. 

« C’est au cours d’une étude clinique visant à caractériser la flore vaginale des femmes que nous avons réussi à cultiver et à isoler cette bactérie pour la première fois, explique Rabeea Omar, responsable du projet. Nous avons rapidement su que nous étions en présence d’une bactérie jusqu’alors inconnue. En déchiffrant la séquence de son génome, nous avons été surpris de réaliser qu’elle était si éloignée de toutes les bactéries précédemment décrites qu’elle appartenait à une nouvelle espèce et représentait aussi le premier membre d’un nouveau genre bactérien. »

En effet, Criibacterium vient compléter la liste des 16 genres de la grande famille des Peptostreptococcaceae. Comme il s’agit de bactéries anaérobes, c’est-à-dire qui se développent en l’absence d’oxygène, elles sont plus difficiles à cultiver, mais l’équipe a réussi à contourner ce problème grâce aux infrastructures de pointe du Centre de recherche. 

« On sait qu’il y a de nombreuses bactéries qui vivent dans le corps (le microbiote humain), que la majorité d’entre elles ne sont pas nuisibles et que plusieurs sont même importantes pour l’équilibre de notre santé, mentionne Maurice Boissinot, responsable du projet et co-auteur de l’étude. Bien que plusieurs centaines d’espèces aient déjà été décrites comme étant associées à l’humain, leur culture et leur description complète demeurent un défi puisque chaque année, à travers le monde, une cinquantaine de nouvelles espèces et trois nouveaux genres seulement sont décrits formellement comme étant associés à l’humain. »

Grâce à une collaboration avec la professeure Elitza Tocheva de l’Université de Colombie-Britannique, les chercheurs ont utilisé une technique novatrice, la tomographie cryo-électrique, avec un microscope électronique à très haute résolution, pour étudier l’ultrastructure de cette nouvelle bactérie. Ils ont ainsi pu détecter une couche externe d’un type unique enveloppant la cellule de C. bergeronii. Cette découverte ouvre la porte à de nouvelles connaissances sur les enveloppes des bactéries qui peuvent être beaucoup plus complexes que ce qui était déjà connu pour les membres de la famille des Peptostreptococcaceae, famille à laquelle appartient la tristement célèbre C. difficile

Les collaborateurs Kathy Bernard du Laboratoire national de microbiologie à Winnipeg ainsi que le Dr Marc-Christian Domingo du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) ont également participé à la description de cette nouvelle bactérie, ce qui a permis de découvrir sa présence dans plusieurs prélèvements cliniques provenant d’autres parties du corps. De plus, une étude de 2020 (Tsementzi et al. Cancer Medicine. 2020;9:3714–3724) observe que C. bergeronii était plus abondante dans le vagin des patientes atteintes d’un cancer gynécologique. Les informations contenues dans la publication de IJSEM vont permettre aux microbiologistes du Québec et du monde entier de pouvoir identifier Criibacterium bergeronii dans les échantillons cliniques et de déterminer si cette espèce a un pouvoir pathogène ou s’il s’agit simplement d’un membre inoffensif de la flore normale du corps humain. 

Messieurs Boissinot et Omar ont baptisé le nouveau genre et la nouvelle espèce bactérienne Criibacterium bergeronii en l’honneur de leur mentor, le Dr Michel G. Bergeron, et du Centre de recherche en infectiologie (CRI) de l’Université Laval qu’il a fondé en 1974.

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De gauche à droite : Rabeea Omar, responsable de projet; Michel G. Bergeron, chercheur; Maurice Boissinot, responsable de projet (la photo a été prise avant le début de la pandémie).


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Dernière révision du contenu : le 18 mars 2022

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