L’exécutif du Conseil multidisciplinaire est fier de présenter, au cours des prochaines éditions du Chuchoteur, les articles de plusieurs boursiers afin de vous permettre de découvrir les occasions d’apprentissage, de perfectionnement et de découverte qu’ils ont pu vivre grâce aux bourses du programme de formation et développement de la Fondation du CHU de Québec. Voici le premier article de cette série, signé par Jessy Milliard-Lévesque et Christine Lessard du laboratoire de microbiologie du CHUL.
Grâce à la bourse remise par la Fondation du CHU de Québec, nous avons eu la chance d’assister au congrès de l’European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases (ECCMID), un congrès international de grande envergure en microbiologie qui s’est tenu à Barcelone (Espagne) du 27 au 30 avril 2024. Il permet des échanges scientifiques de qualité avec plusieurs experts sur des sujets concernant la biologie moléculaire en microbiologie, la microbiologie clinique, les maladies infectieuses et la prévention des infections. Le fait de voir et de connaître les nouvelles avancées à la fine pointe de la technologie dans ce domaine est plus que passionnant. Les informations recueillies dans ce congrès nous ont permis de transmettre certaines de ces connaissances à nos pairs et de les utiliser dans la vie de tous les jours.
Voici un résumé des conférences qui ont particulièrement retenu notre attention.
Les changements climatiques affectent les virus (Climate change and the spectrum of infectious consequences)
Pour débuter, le conférencier présentait les résultats d’une recherche au cours de laquelle il a été démontré que le dégel du permafrost libère des virus qui y ont été conservés depuis longtemps. Leur impact global est encore méconnu.
L’augmentation de la température de la Terre entraîne la multiplication de certains virus et bactéries dans les différents écosystèmes. Par exemple, les virus de la dengue et Zika connaissent actuellement une croissance dans les pays européens.
L’empreinte humaine, qui crée notamment des pertes d’habitat pour les animaux, la surexploitation des territoires et la pollution, joue aussi un rôle important dans l’augmentation de certaines maladies. De plus, la déforestation diminue la quantité de nourriture disponible pour certains animaux vecteurs du virus de l’Ébola, ce qui favorise leurs contacts avec l’humain et augmente donc le risque de transmission du virus.
Pneumocystis jirovecii et rougeole (Pneumocystis jirovecii pneumonia : diagnostic updates, Measles and polio eradication : where do we stand)
Le laboratoire de microbiologie du CHUL a déployé en 2024 les analyses permettant la détection du champignon Pneumocystis jirovencii et du virus de la rougeole par test d’amplification des acides nucléiques (TAAN). Ces sujets, qui s’appliquent concrètement à notre travail actuel, faisaient justement l’objet d’une conférence chacun.
La première conférence portait sur le champignon Pneumocystis jirovencii qui cause des symptômes s’apparentant à ceux de la pneumonie. Le développement de cette nouvelle méthode d’analyse et de détection de ce champignon augmente la précision des résultats obtenus. Il était intéressant de voir que les pays européens utilisent la même technologie que le CHU de Québec-Université Laval.
La deuxième conférence avait pour sujet la rougeole, un virus qui affecte principalement les enfants et qui connaît une recrudescence mondiale à l’heure actuelle. Le portrait épidémiologique mondial de cette maladie a été présenté. Fait intéressant : la rougeole et la rubéole avaient été totalement éliminées des Amériques en 2016, mais la baisse de la vaccination a contribué à la réapparition de ces virus.
Virus saisonniers (Seasonal influenza, COVID-19 and RSV : where do we go?)
Une analyse rétrospective des saisons de virus respiratoires a mis en lumière la pertinence de partager toutes les données de tous les pays sur la génétique des virus qui se propagent dans les différents pays en temps réel. Ce partage d’information permet d’effectuer une bonne surveillance des virus plus agressifs et ainsi de mieux protéger la population.
Prévention et contrôle des infections (A journey from microbiology to infection prevention and control in the era of antimicrobial resistance)
La prévention des infections prend une grande place dans un centre hospitalier. La conférencière des Pays-Bas exposait l’importance d’intégrer la prévention et le contrôle des infections dès les premiers instants dans la construction d’un nouvel hôpital. Par exemple, le choix des matériaux à utiliser a son importance dans l’arrêt de la transmission des pathogènes intra-hospitaliers.
Variole simienne (Epidemiology and prevention of MPox)
Dans les dernières années, des éclosions de variole simienne (MonkeyPox ou MPox) ont été répertoriées dans des pays auparavant non endémiques, y compris au Canada.
Cette conférence a permis d’en apprendre plus sur le sujet et a mis en lumière l’importance de la vaccination pour combattre et se protéger contre cette infection. Des études sont d’ailleurs encore en cours sur ce sujet.
Délocalisation ou centralisation des laboratoires? (The role of local microbiology in a world of high throughput off-site labs)
Partout à travers le monde, un mouvement vers la centralisation des laboratoires est en cours. Cette conférence a présenté les avantages et les inconvénients d’un tel changement en illustrant le tout avec des exemples concrets.
Nous avons constaté que nous ne sommes pas le seul établissement hospitalier à vivre un tel changement. En effet, de nombreux participants ont exprimé leurs questionnements face au phénomène, par exemple les conditions et les délais d’acheminement de certains spécimens précieux, ce qui a animé la discussion et permis un partage d’informations.
En parallèle des conférences, plusieurs compagnies étaient présentes au congrès. Il était très intéressant de pouvoir voir et comparer les différents produits entre eux. Plusieurs exposants ont fait des comparaisons entre différentes méthodes de diagnostic et démontraient les résultats obtenus, ce qui nous a permis de mieux nous positionner quant à l’appareillage ou la méthode à utiliser dans notre laboratoire.
De plus, de nouveaux avancements technologiques ont été présentés. Par exemple, plusieurs compagnies ont mis au point des tests rapides pour accélérer la prise en charge adéquate du patient. Il reste cependant à voir si ces tests seront utiles dans notre réalité actuelle et future.
En conclusion, nous sommes très reconnaissantes d’avoir obtenu le privilège d’assister à ce congrès; nous en ressortons grandies et la tête pleine d’idées pour les années à venir!
Jessy Milliard-Lévesque et Christine Lessard du laboratoire de microbiologie du CHUL
La Fondation du CHU de Québec est heureuse de soutenir les professionnels membres du Conseil multidisciplinaire dans leur parcours de formation continue et ainsi contribuer au développement et au perfectionnement de leur pratique.
« Notre volonté d’appuyer le personnel du CHU dans son développement des compétences est au cœur du nouveau programme de formation et développement de la Fondation. Nous sommes très fiers de poursuivre notre appui à travers les bourses de perfectionnement offertes aux infirmières, infirmiers, professionnel(le)s de la santé et technicien(ne)s œuvrant aux soins cliniques. » ̶ Julie Lemieux, présidente et cheffe de la direction de la Fondation du CHU de Québec