Essentiellement axées sur le rétablissement et le retour à l’autonomie des patients, les sphères de pratique de la physiothérapie n’en demeurent pas moins très variées. Certaines s’orientent même vers des soins correctifs, préventifs ou postopératoires encore peu connus. Profitons du Mois de la physiothérapie pour explorer une expertise récente offerte par le Centre de la santé pelvienne du CHU de Québec-Université Laval.
D’abord, il faut savoir que cette initiative s’adresse essentiellement à la clientèle féminine, comme prévu dans le plan de déploiement ministériel. Le Programme de santé pelvienne remplace le Programme de prise en charge spécialisée de l’incontinence urinaire. Il vise à améliorer l’accompagnement des femmes vivant des complications ou des difficultés après une intervention chirurgicale ou un accouchement. À terme, sa portée pourra être élargie à d’autres problèmes urinaires.
Installé au CHUL, le Centre de santé pelvienne met à profit le savoir-faire des physiothérapeutes Clémence Bélanger et Gabrielle Carrier-Noreau. Leur travail s’effectue en complémentarité avec celui d’une équipe multidisciplinaire composée de médecins spécialistes en urologie ou en urogynécologie, infirmières cliniciennes, psychologues et travailleuses sociales. Il consiste de façon générale à soigner tout problème touchant le plancher pelvien, soit la région pelvi-périnéale.
Pour l’instant, le centre surspécialisé de troisième ligne traite une partie bien spécifique de la clientèle, soit celle qui vit des complications liées à la pose de bandelettes sous-urétrales. Le recours à la physiothérapie vise à soulager certains inconforts, mais peut aussi les prévenir en amont. La thérapie manuelle, les exercices et les conseils prodigués permettent de rétablir et de renforcer le tonus du plancher pelvien ainsi que de relâcher les tensions, le tout afin d’éviter le recours à la chirurgie.
« En gros, c’est la même prise en charge que pour tout autre cas de physiothérapie, mais avec un enjeu d’intimité supplémentaire. La démarche est très bien soutenue par les preuves scientifiques; les résultats sont là. Et, ce qui est très motivant, c’est qu’on fait une grande différence dans la vie des patientes qui, parfois, en raison de l’incontinence, ne sortent plus, n‘ont plus de loisirs et s’isolent. Quand on arrive à atténuer ces éléments négatifs, la satisfaction est aussi grande que la reconnaissance qu’elle suscite », font valoir Clémence et Gabrielle.
Une occasion qui tombe à point
Les deux physiothérapeutes du Centre de santé pelvienne ont toujours pratiqué en rééducation périnéale. D’abord dans le milieu privé, elles ont vite senti la nécessité d’offrir leur expertise à une plus vaste clientèle dans le système public de santé.
« Je caressais le souhait d’élargir mon champ de pratique et de desservir toutes les clientèles. Même celles moins nanties et qui ont souvent davantage de besoins. C’est justement le manque d’options dans le privé qui m’a amenée à faire la transition. Ça s’est concrétisé en pleine pandémie. Ça a été très satisfaisant de commencer par des interventions auprès des patients hospitalisés à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus », confie Clémence Bélanger.
Et, en cours de transition, la création du Centre de santé pelvienne s’est avérée comme un beau défi à relever pour elles. Comptant parmi les rares détentrices d’une formation spécifique en la matière, Clémence et Gabrielle ont sauté sur l’occasion qui se présentait. Elles ne pouvaient pas ne pas participer au projet du Centre de santé pelvienne qui se profilait à l’horizon! Loin de les freiner, l’aspect démarrage d’un nouveau service où tout était à bâtir a été un véritable stimulant.
« J’avais secrètement en moi l’espoir que cet aspect de la profession allait se développer dans le système de santé. C’est sans hésitation que j’ai fait le saut dès que ça s’est concrétisé, parce que cette offre de service est au cœur de ma passion. Voir le bonheur et l’appréciation des femmes que l’on aide, ça n’a pas de prix. Comme c’est le cas en général pour la physiothérapie, notre objectif est de ne pas revoir les patientes que nous traitons! On leur donne un coffre d’outils pour l’auto prise en charge, dans le but d’atteindre l’autonomie vers un mieux-être optimal », souligne Gabrielle Carrier-Noreau.
Il reste encore beaucoup à faire, mais Clémence et Gabrielle partagent un fort sentiment d’accomplissement et d’avoir contribué à bonifier les soins offerts au CHU. Désormais, des femmes ont accès à la physiothérapie périnéale, chose qui était plutôt rare dans la région de la Capitale-Nationale.
Pour Clémence (à gauche) et Gabrielle (à droite), la base d’une carrière en physiothérapie consiste à établir une relation de confiance en vue de contribuer au rétablissement du patient.
Mois de la physiothérapie – mai 2024
De retour en mai, le Mois de la physiothérapie se veut une vitrine pour informer la population des avantages de cette discipline de première ligne du domaine de la santé.
Le(la) physiothérapeute et le(la) technologue en physiothérapie sont les deux professionnel(le)s de la santé qui œuvrent dans le domaine de la physiothérapie.
Au Québec, il s’agit des deux seuls titres reconnus par le système professionnel. Ils veillent à traiter les déficiences et les incapacités physiques que rencontrent les patient(e)s qui leur sont confié(e)s afin de les aider à retrouver toutes leurs capacités physiques et à reprendre les activités de la vie quotidienne. Ils agissent aussi en gestion de la douleur, en prévention, en éducation et en promotion de la santé.
Voici quelques chiffres révélateurs sur la profession :
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Le CHU de Québec-Université Laval compte dans ses rangs 107 physiothérapeutes et 19 technologues en physiothérapie.
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Selon l’Ordre professionnel de la physiothérapie du Québec, plus de 9 000 physiothérapeutes et technologues en physiothérapie prennent soin de la population chaque jour.
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Au pays, près de 8 millions de personnes sont touchées par la douleur chronique ou vivent avec une incapacité liée à la douleur.
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Selon les prévisions de Santé Canada, ce chiffre augmentera de 1,4 million (17,5 %) d’ici 2030 en raison du vieillissement de la population.
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On estime le fardeau économique attribuable à la douleur chronique à 60 milliards de dollars par an.
Photo principale : L’intérêt de Clémence et Gabrielle (jouant ici le rôle d’une patiente) pour le Centre de santé pelvienne réside dans l’aide apportée aux femmes pour favoriser un retour à l’autonomie dans les aspects fonctionnels du quotidien.