Terminant un mandat de plus de sept ans à titre de directeur adjoint de la recherche clinique au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval, le Dr Stéphane Bolduc exprime ici sa vision de la recherche clinique et son souhait pour les années à venir.
Dans quel état d’esprit quittez-vous votre poste de directeur de la recherche clinique?
Dr Bolduc : « Je crois qu’ensemble, nous avons bâti et renforcé un modèle de recherche clinique novateur et dynamique. Les projets que nous avons réalisés et les connaissances que nous avons contribué à faire avancer témoignent de l’engagement collectif et de la volonté d’améliorer constamment les soins offerts à notre population.
Mais les réussites passées ne sont que les prémices de ce qui est possible. Pour que la recherche clinique et l’innovation continuent de fleurir au CHU, nous devons redoubler d’efforts et d’ambition. Cette vision de la recherche ne doit pas seulement être celle d’une direction ou d’un service; elle doit être partagée par chacun d’entre nous. La recherche doit s’intégrer pleinement dans la culture organisationnelle du CHU et devenir un pilier de notre identité institutionnelle. »
Comment est-il possible de faire de la recherche une priorité pour tous les professionnels de la santé?
Dr Bolduc : « Pour plusieurs d’entre nous, la recherche reste parfois perçue comme une charge supplémentaire, un ensemble de responsabilités additionnelles qui s’ajoutent aux exigences de la pratique clinique quotidienne. Il est certain que concilier recherche et pratique n’est pas toujours simple, mais je suis convaincu qu’il est possible de créer un environnement où la recherche est non seulement encouragée, mais où elle fait partie intégrante de nos routines de travail.
Nous devons renforcer la place de la recherche pour tous les professionnels de la santé, qu’il s’agisse des médecins, des infirmières, des techniciens ou des autres membres de l’équipe de soins. Cela signifie que nous devons valoriser les initiatives de recherche de chaque professionnel, même modestes. La recherche ne doit pas être perçue comme l’apanage de quelques experts mais bien comme une priorité partagée, où chacun peut contribuer à l’innovation, à la réflexion scientifique et à l’amélioration des soins. »
Comment peut-on intégrer la recherche à la culture de soins du CHU?
Dr Bolduc : « Il est essentiel de créer une culture où la recherche clinique est naturelle et continue, une culture qui fait en sorte que poser des questions, investiguer et valider des pratiques soient des réflexes autant que prodiguer des soins de haute qualité. Pour que cette culture se développe, il est impératif que nous soutenions davantage les initiatives de recherche clinique dès la formation initiale, mais aussi tout au long des parcours professionnels. Offrir un soutien continu et renforcer la formation en méthodologie et en rigueur scientifique sont essentiels pour instaurer cette culture.
L’un des moyens de pérenniser cette vision est de continuer à multiplier les collaborations entre les équipes de recherche et les équipes cliniques. Il est également fondamental de favoriser les échanges entre les différents services, afin de bâtir des ponts entre les disciplines et ainsi de répondre à des questions de recherche plus complexes et transversales. Cette collaboration, qui est déjà en cours dans plusieurs départements, doit devenir la norme. »
Comment surmonter les défis financiers et logistiques associés à la recherche sans perdre de vue nos priorités?
Dr Bolduc : « Évidemment, les défis logistiques et financiers demeurent une réalité bien présente pour nous tous. Obtenir les fonds nécessaires pour mener à bien nos projets de recherche et déployer les infrastructures appropriées n’est pas toujours une tâche aisée. Cependant, je suis persuadé que ces défis peuvent être transformés en opportunités pour repenser notre manière de travailler, pour explorer de nouvelles sources de financement et pour mieux prioriser les initiatives ayant le plus fort potentiel d’impact.
L’innovation ne réside pas seulement dans nos découvertes scientifiques, mais également dans notre capacité à adapter nos processus pour en faire plus avec moins. Cela passe par l’optimisation de l’allocation des ressources, la mise en place de partenariats stratégiques et une meilleure utilisation des nouvelles technologies. Des projets collaboratifs entre institutions, de même que l’accroissement des liens avec les universités, les instituts de recherche et l’industrie privée, pourraient s’avérer extrêmement bénéfiques à cet égard. »
Comment faire pour encourager et soutenir les carrières en recherche clinique?
Dr Bolduc : « Je crois profondément que l’encouragement de carrières en recherche clinique est indispensable pour la pérennité de notre institution en tant que centre de recherche universitaire de pointe. Notre milieu doit offrir un cadre qui permette aux chercheurs de progresser, d’innover et de concrétiser leurs ambitions. Cela signifie non seulement créer des postes et offrir du financement, mais aussi bâtir un écosystème de soutien – des mentors aux ressources humaines en passant par les gestionnaires de recherche – qui permet aux talents de s’épanouir.
De plus, nous devons reconnaître que le développement de la recherche ne dépend pas seulement des chercheurs eux-mêmes, mais de tous les professionnels de la santé qui apportent leur expertise, leur temps et leur passion. C’est en valorisant les efforts de tous les acteurs, en mettant en lumière les résultats de leurs travaux, et en célébrant leurs contributions que nous pourrons véritablement renforcer notre culture de la recherche. »
Quelle approche de recherche clinique préconisez-vous?
Dr Bolduc : « Une recherche clinique forte est toujours centrée sur les patients. Les patients et leurs familles doivent être au cœur de nos préoccupations de recherche. Non seulement nous devons respecter et préserver leur dignité, mais aussi chercher activement leur participation et leur perspective, notamment à travers les essais cliniques, les consultations et les initiatives de recherche patient-partenaire.
Je crois que le CHU de Québec-Université Laval peut, et doit, devenir un modèle en termes de recherche inclusive et participative, où les patients ne sont pas seulement des sujets, mais aussi des partenaires actifs. Cette approche permet non seulement d’enrichir nos données, mais surtout de s’assurer que les solutions que nous développons répondent réellement aux besoins de ceux que nous servons. »
Quel message désirez-vous que les équipes retiennent?
Dr Bolduc : « En conclusion, je souhaite réitérer mon espoir et mon enthousiasme pour l’avenir de la recherche clinique au CHU de Québec-Université Laval. Nous avons parcouru un long chemin, mais il reste tant à accomplir pour que la recherche devienne un pilier inébranlable de notre organisation. L’engagement envers l’excellence et l’innovation, le désir de repousser les limites de nos connaissances et d’améliorer les soins ne doivent jamais faiblir.
Je vous invite toutes et tous à continuer de rêver, d’oser et de dépasser les frontières du savoir, car c’est en gardant cet esprit ouvert et curieux que nous pourrons offrir les meilleurs soins possibles. Je vous remercie pour votre travail, votre dévouement et votre passion. Ensemble, je suis convaincu que nous pourrons bâtir un avenir où la recherche est non seulement une priorité, mais une véritable culture au cœur de notre organisation. »
Le Dr Stéphane Bolduc