Mois Promotion Qualité 2021 : mémoire et qualité

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L'Hôtel-Dieu de Québec, carte postale ancienne


Ce que nous sommes est le fruit de ce que nous avons construit en nous, avec les autres, au fil du temps. C’est un travail inachevé qui se continue tout au long de notre vie. Mais dans ce que nous sommes, il y a aussi une large place de notre histoire vécue ou encore acquise par ce que d’autres, qui nous ont précédé, ont porté jusqu’à nous. C’est notre patrimoine.

Par Daniel La Roche, directeur, Direction de la Qualité, de l’Évaluation de l’Éthique et des Affaires Institutionnelles (DQEEAI), et Alex Tremblay Lamarche, historien, auteur et président de la Société historique de Québec

« La mémoire, ce passé au présent. »  ̶  François Chalais

Qui n’a pas une petite anecdote qui vient des parents et qui, faute d’eux, n’aurait jamais fait partie de nos souvenirs? Qui n’a pas déjà identifié, au détour d’un geste ou d’une parole, une influence parentale, une expression en provenance du patelin d’origine, une référence à un événement, l’image d’un paysage du passé, des gens croisés, des souvenirs qui ont marqué, chacun à leur façon, notre mémoire? Jean Guitton disait avec raison que : « La mémoire la plus profonde est une mémoire de toute notre destinée. »

Les organisations sont semblables : ce sont des êtres sociaux qui naissent, vivent et meurent parfois. Au fil de l’histoire du CHU de Québec-Université Laval (CHU), qui naît d’abord de l’énergie des communautés religieuses, avec leur lot de dévouement, de legs, de transferts, de gestes de charité et de subsides gouvernementaux, vont se développer des établissements de santé qui se structureront au gré des aléas, des difficultés, des fusions, des regroupements et des changements de vocation et de nom. 

Une constante : soigner

Mais la ligne de fond la plus solide, celle qui est toujours présente aujourd’hui, demeure les soins prodigués aux malades. En effet, dès leur arrivée à Québec et la fondation de L’Hôtel-Dieu de Québec (L’HDQ) en 1639, les Augustines se mettent au service de la population. D’abord en soignant les autochtones, puis en accueillant les Français installés dans la vallée laurentienne. 

Les Sœurs de Saint-François d’Assise de Lyon font de même en 1914 en ouvrant un hôpital dans Limoilou, où on installe la première maternité francophone de Québec. Tout comme les Sœurs de la Charité, en créant l’Hôpital du Saint-Sacrement, de pair avec la Faculté de médecine de l’Université Laval en décembre 1927. C’est, parallèlement, pour offrir des soins aux enfants malades que la Dre Irma Levasseur met sur pied l’Hôpital de l’Enfant-Jésus avec les Dominicaines, et pour accueillir les vétérans de la Deuxième Guerre mondiale que le ministère des Anciens combattants créé l’Hôpital Sainte-Foy (depuis renommé le CHUL) en 1954. 

Soigner, prendre soin de l’autre : voilà l’ADN de ce patrimoine que nous portons dans le CHU. Soigner par l’accueil d’abord : remarquez avec quel souci nos portes d’entrée et nos aires d’accueil ont été pensées à compter de la fin du XIXe siècle! 

Si les hôpitaux étaient jusqu’alors principalement voués à l’accueil des malades les moins fortunés – les plus aisés recevant les médecins à la maison du XVIIe au XIXe siècles –, ils commencent à recevoir des patients plus riches avec le développement d’appareils médicaux plus difficiles à transporter chez ces malades. 

Résultat : des chambres privées avec salon sont aménagées à L’HDQ lors de la construction du pavillon d’Aiguillon en 1892. Le soin que les architectes mettent pour donner au bâtiment un confort moderne et un raffinement digne des grands hôpitaux européens se perpétue depuis. Aujourd’hui, le projet du Nouveau complexe hospitalier s’emploie d’ailleurs à définir des espaces d’accueil qui vont refléter ce désir très ancien, fondamental, que le patient et ses proches se sentent accueillis dès les tous premiers pas qu’ils font chez nous.
 

Qualité et sécurité

Dans ce patrimoine de près de 400 ans, le soin est prodigué avec qualité et dans la sécurité. Les soins ont évolué avec les innovations de chaque époque pour être de leur temps, au fil de l’accroissement des connaissances, des évidences rapportées par la science et de l’expérience acquise sur le terrain, patient par patient, dans la rigueur des observations et le développement des habiletés des soignants. 

La propreté, l’hygiène des mains ou encore le souci du rangement sont autant d’exemples que le passé construit nos pratiques d’aujourd’hui et qu’il sera garant de celles de demain. Certains gestes – qui paraissent aujourd’hui aller de soi – sont en effet récents : ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que l’on comprend, grâce aux travaux du médecin hongrois Ignace Philippe Semmelweis, l’utilité du lavage des mains avant d’effectuer un accouchement. Jusqu’alors, plusieurs femmes qui bénéficiaient de l’aide d’un médecin pour donner naissance mouraient en couches après avoir été contaminées par ce dernier qui venait de pratiquer une autopsie ou de soigner un malade. Lorsque l’on prend le temps de mesurer l’ampleur des progrès réalisés au cours des derniers siècles, on est mieux à même de prendre conscience de ceux qui sont à venir. 
 

Ouverture et inclusion

Ce patrimoine de solidarité sociale, de respect et d’ouverture continue de nous habiter et c’est en lui qu’il faut puiser chaque fois que les changements que nos milieux sont appelés à vivre, à l’instar de nos sociétés, nous confrontent et parfois nous heurtent. La diversité et l’inclusion, par exemple, vont contribuer à construire notre nouvelle histoire, celle que nous lèguerons à ceux et à celles qui poursuivront le développement de ce patrimoine riche d’humanisme et de bienveillance et qui écriront le futur. 

Ce souci pour la diversité et l’inclusion ne remonte d’ailleurs pas à hier. Dès 1759, les Augustines reçoivent les soldats britanniques blessés au combat dans leurs murs. Elles poursuivront au XIXe siècle en accueillant des malades de toutes dénominations religieuses. En janvier 1886, par exemple, quelques malades protestants de l’Hôpital de la Marine sont transportés à L’HDQ à la suite de l’effondrement d’une partie du toit de l’institution de la basse-ville. Parallèlement, plusieurs médecins anglo-protestants se fraient une place au sein du corps médical de L’HDQ. On n’a qu’à penser aux chirurgiens James Arthur Sewell (qui instaura l’enseignement des maladies des yeux et des oreilles à la Faculté de médecine de l’Université Laval) et Joseph Morrin (qui participa activement à la mise sur pied de plusieurs institutions médicales au XIXe siècle) pour s’en convaincre.  

Profitons de ce Mois Promotion Qualité pour prendre un temps de réflexion sur ce magnifique patrimoine que nous avons reçu en héritage et que nous continuons à faire progresser par nos actions au quotidien.

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Commentaires



 

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3 novembre 2021

Bravo M. La Roche pour ce texte qui porte à la réflexion.

Par Simon Lavoie

Dernière révision du contenu : le 13 décembre 2022

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