Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville1 où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est important, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.
Dans cette édition : Philippe Bélanger, Geneviève Desgagné, François Pouliot, conseillers en éthique
Travailler en zone grise
Vous connaissez tous la zone rouge. Lieu dans les hôpitaux où l’on accueille les patients atteints de la COVID-19. Il n’en sera pas question aujourd’hui. Il sera plutôt question de la zone grise. Cette zone grise, c’est la zone des conseillers en éthique. En fait, ce n’est qu’une image pour mettre en perspective que tout n’est pas blanc ou noir dans le quotidien professionnel de Philippe Bélanger, Geneviève Desgagné et François Pouliot, les trois conseillers en éthique du CHU. Leur rôle, c’est essentiellement de résoudre des dilemmes éthiques en situation clinique ou organisationnelle.
Propos recueillis par Guillaume Tessier, l’un des Chuchoteurs
Philippe est beauceron et amateur de sirop d’érable, Geneviève est accompagnante à la naissance et François pratique l’alpinisme. Bien qu’ils aient des parcours et des personnalités bien différentes, les membres de notre trio correspondent parfaitement à la définition d’une équipe soudée. Dès les premiers instants de l’entrevue, je sens la passion qui les anime, la complicité et la bonne entente. « Le travail d’équipe est essentiel pour réaliser les tâches délicates que l’on nous confie. On se consulte régulièrement afin d’envisager toutes les possibilités avant de faire une recommandation à nos collègues. Ces derniers, ce sont les médecins, les employés, les gestionnaires, bref, tous les intervenants de l’organisation. Pour chaque mandat, nous travaillons en collaboration avec eux. C’est un partenariat », raconte François, qui œuvre dans milieu éthique depuis plus de 20 ans.
Soutien à la prise de décision
Mais que font exactement les conseillers en éthique du CHU? « Notre rôle est d’aider à la prise de décision dans les zones grises, là où le cadre juridique est inexistant, là où il n’y a pas encore d’encadrement », souligne Philippe, qui se spécialise dans les dilemmes éthiques au plan organisationnel.
Pour mieux comprendre leur travail, François me présente un exemple fictif : « Un médecin juge qu’il est disproportionné de transférer un patient aux soins intensifs, car ce dernier va prochainement mourir. La famille n’est pas d’accord avec cette approche. Le conseiller en éthique agit alors à titre de médiateur. Il s’assure que tous les intervenants concernés (famille, médecin, psychologue, intervenant social, etc.) sont autour de la table pour discuter des enjeux soulevés par cette situation. Il pose des questions, il amène les gens à réfléchir et les aide dans la prise de décision, tout en respectant leur point de vue. »
« Notre travail nous oblige à demeurer objectif dans toutes les situations », souligne Geneviève, qui se spécialise dans la résolution des dilemmes éthiques en situation clinique. Elle précise : « Je suis de nature à questionner les façons de faire, surtout envers les droits et libertés des patients. »
Une expertise accessible à tous les intervenants
« Parfois, les intervenants du CHU hésitent à demander nos services parce qu’ils croient que nous allons leur dire quoi faire. Au contraire, nous abordons les questions de façon ouverte, en collaboration avec les intervenants », rappelle François, dont l’expérience est profitable pour l’organisation, ses collègues et les patients.
La matière grise des conseillers en éthique est certes très utile, surtout dans le contexte hospitalier. Philippe le souligne d’ailleurs : « Nous savons que nous pouvons aider et c’est ce qui est le plus valorisant au quotidien. » Geneviève renchérit : « Nos interventions permettent d’ouvrir la réflexion sur des enjeux importants. Nous ne prenons pas de raccourci pour régler une situation ou la désamorcer. Nous évaluons toutes les possibilités. »
L’expertise des conseillers en éthique gagne à être connue. Dorénavant, ce n’est plus un secret bien
gardé!
Sur la photo, dans l’ordre habituel : François Pouliot, Philippe Bélanger et Geneviève Desgagné, les trois conseillers en éthique du CHU de Québec-Université Laval.
Bureau d’éthique appliqué
Notre trio relève du Bureau d’éthique appliqué du CHU. Le Bureau a notamment pour mission de promouvoir une culture de réflexion et d’action éthique au sein de l’établissement. Il organise des ateliers d’échanges et de formation sur différents sujets impliquant l’éthique :
• humanisation, confidentialité et équité des soins
• interprétation de politique ou de protocole
• soutien à la décision
Pour les joindre : ethiqueclinique@chudequebec.ca
Pour en savoir plus, consultez Le SPOT (L'Organisation/Départements et services/Bureau d'éthique appliquée)!
1. 92,9 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’employés (14 000) du CHU. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/