L’Enquête canadienne sur l’incapacité de 2017 1, réalisée par Statistique Canada, nous apprend que 22 % des Canadiens de 15 ans et plus sont limités dans l’accomplissement de leurs activités quotidiennes « en raison d’un état ou d’un problème de santé à long terme ».
Par Jean-Philippe Turcotte, agent de planification, de programmation et de recherche, Bureau d’expertise en expérience patient et partenariat (BEEPP), Direction de la qualité, de l’évaluation, de l’éthique et des affaires institutionnelles (DQEEAI)
Ce chiffre important peut a priori surprendre, mais il s’explique par de nombreux facteurs. Il faut notamment prendre en considération :
- le vieillissement de la population (38 % de la population de 65 ans et plus a au moins une incapacité);
- les avancées de la médecine, qui permettent de mieux diagnostiquer et traiter les problèmes de santé, allongeant ainsi l’espérance de vie;
- les handicaps liés aux troubles de santé mentale, qui touchent de façon disproportionnée les jeunes (60 % de ceux-ci ayant au moins une incapacité), qui sont aujourd’hui de moins en moins tabou et donc, plus souvent déclarés.
Au-delà de ces chiffres, toutefois, n’importe qui peut se trouver en situation de handicap à différents degrés et de différentes façons.
Que faire, alors, en tant qu’établissement de santé, pour répondre aux besoins de ces personnes aux expériences diverses?
Le plan d’action à l’égard des personnes handicapées : non seulement un outil, mais une vision
Au Québec, la Loi assurant l’exercice des droits des personnes handicapées en vue de leur intégration scolaire, professionnelle et sociale requiert que les organismes publics adoptent un plan d’action annuel à l’égard des personnes handicapées et le dépose à l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ).
Saviez-vous que le CHU de Québec-Université Laval (CHU) réalise cet exercice depuis 2017? Vous pouvez d’ailleurs consulter le plan 2021-2022 sur le site du CHU. Celui-ci prévoit des mesures pour remédier aux obstacles rencontrés par les patients et leurs proches, mais aussi par nos intervenants dans le cadre de toute activité dans nos établissements. Il est élaboré par un groupe de travail formé de représentants de plusieurs directions, en collaboration avec des partenaires en situation de handicap.
Les gens sont placés en situation de handicap lorsqu’ils sont confrontés à un environnement qui n’est pas adapté à leurs limitations. Un environnement accessible est donc un environnement où ces situations sont prévenues le mieux possible. Bien sûr, nous pensons souvent aux obstacles physiques, comme l’absence de rampe d’accès ou de toilettes adaptées. Cependant, l’environnement bâti n’est qu’une partie de l’équation.
Voici quelques mesures réalisées par le CHU sur d’autres fronts :
- accès à l’information : rendre le site Internet du CHU conforme aux normes d’accessibilité Web;
- accès aux services : offrir des masques de procédure munis d’une fenêtre labiale;
- formation et sensibilisation : démystifier la situation de handicap, par exemple grâce à une publication dans Le Chuchoteur dans le cadre du Mois de promotion de la qualité!
Une politique efficace à l’égard des personnes en situation de handicap vise l’accessibilité universelle. Ce principe n’implique pas que l’ensemble du CHU doit être entièrement accessible à tous en tout temps, malgré nos efforts soutenus en ce sens. L’accessibilité universelle dit plutôt ceci : une mesure adéquate améliore l’accessibilité de tous, y compris de ceux qui ne sont pas en situation de handicap.
Pensez par exemple à un stationnement bien entretenu, à une signalétique claire ou à des normes ergonomiques pour le matériel de bureau. Quant à l’amélioration de l’accès aux soins et aux services, elle permet une expérience plus fluide et moins stressante, autant pour les patients que pour les intervenants, et ce, dans n’importe quelle situation. Ce sont donc des mesures qui bénéficient à tous, dans l’esprit de l’accessibilité universelle.
Cependant, la plupart des actions nommées jusqu’à présent concernent l’organisation en entier. À cet effet, une autre question se pose : en tant qu’individus, que pouvons-nous faire concrètement pour améliorer les choses?
L’amélioration de la qualité de vie au travail : un enjeu qui nous unit
Les membres du Comité de vigilance et de la qualité du conseil d’administration ont mandaté le groupe de travail responsable de la rédaction et de la réalisation du plan d’action portant sur le partenariat avec les personnes handicapées d’évaluer la satisfaction des employés en situation de handicap. Il est devenu rapidement clair que cela ne pourrait se faire sans point de comparaison fiable. Ainsi, le Bureau d’expertise en expérience patient et partenariat (BEEPP) et la Direction des ressources humaines, des communications et des affaires juridiques (DRHCAJ) ont créé un outil sur mesure pour prendre le pouls de l’ensemble des employés sur leur satisfaction et leur qualité de vie au travail en général, avec une section spécifique s’adressant aux employés en situation de handicap.
Ce questionnaire est maintenant accessible en ligne sur Le SPOT ou en suivant ce lien. Pour avoir le portrait le plus fidèle possible, nous aimerions qu’il soit rempli par le plus grand nombre d’intervenants, que ceux-ci soient ou non en situation de handicap. Les résultats permettront de proposer des mesures pour améliorer la qualité de vie de tous nos intervenants. C’est le parfait exemple d’accessibilité universelle!
De plus, si vous avez des questions, si vous avez identifié ou si vous rencontrez un obstacle nuisant à la prestation des soins et des services ou si vous voulez vous impliquer dans les différentes activités du CHU pour améliorer l’accessibilité, n’hésitez pas à nous contacter.
Référence
- Statistique Canada. Nouvelles données sur les incapacités au Canada, 2017. Enquête canadienne sur l’incapacité. 2018. https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/catalogue/11-627-M2018035.