Le CHU de Québec-Université Laval emploie des psychologues et des neuropsychologues dans la majorité de ses établissements. Au CHUL, en pédiatrie, l’équipe se compose de six psychologues et de cinq neuropsychologues qui travaillent auprès d’enfants, d’adolescents et de leurs parents. Les besoins sont grands et les problématiques sont multiples et variées. Heureusement, pour le bien-être de la clientèle et en raison du développement clinique à venir, il est possible de croire que l’équipe s’agrandira au cours des prochains mois.
Par Marie-Pier B. Tremblay, Marie-Ève Routhier et Édith Cantin, neuropsychologues, en collaboration avec les membres de l'équipe de psychologie-neuropsychologie pédiatrique du CHUL
Les psychologues et les neuropsychologues du CHUL sont spécialisées dans la compréhension de l’impact de la maladie et des traitements sur le cerveau, les émotions, la cognition, le comportement et les apprentissages. Elles détiennent toutes une expertise de pointe sur le développement typique et atypique de la clientèle âgée de 0 à 18 ans.
La clientèle desservie concerne les enfants atteints d’une condition médicale, dont l’évolution ou la médication requise a un impact direct sur leur développement (épilepsie, cancer, prématurité, diabète, neurofibromatose, maladies cardiaques...). Plusieurs présentent un trouble neurodéveloppemental, un trouble psychoaffectif ou un trouble de l’adaptation, qui doit être évalué, pris en charge ou orienté vers les meilleurs services. Dans certains cas, les parents peuvent aussi bénéficier d’un suivi, notamment les familles suivies à l’unité néonatale.
La formation
La durée de la formation universitaire des psychologues et neuropsychologues est de sept à neuf ans. Au Québec, comme dans plusieurs pays dans le monde, des études doctorales sont requises pour exercer ces professions complexes. La formation débute par un tronc commun, puis se poursuit avec une spécialisation en psychologie ou en neuropsychologie clinique.
Le cheminement académique inclut une solide formation en recherche, en éthique et en déontologie. Elle permet aux professionnels d’intégrer avec rigueur les données scientifiques à leurs interventions cliniques, en plus de leur fournir les compétences pour mener à terme des projets de recherche.
Le rôle
Les psychologues et les neuropsychologues apportent une compréhension globale et unique de la situation du patient au sein de l’équipe médicale, à travers une vision biopsychosociale. Ils sont impliqués dans le suivi longitudinal lors de plusieurs étapes cruciales du développement et du parcours médical de l’enfant.
Ils sont habiletés à émettre des diagnostics psychologiques et neuropsychologiques (handicap intellectuel, déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, trouble spécifique des apprentissages, trouble du spectre de l’autisme, trouble anxieux, trouble de l’humeur, trouble somatoforme, état de stress post-traumatique...) et à intervenir par le biais de la psychothérapie ou d’autres interventions de nature comportementale ou psychoéducative.
Ils agissent comme consultants auprès d’intervenants du réseau de la santé et des services sociaux et du milieu scolaire, qui sont moins familiers avec les problématiques médicales complexes.
Le saviez-vous?
L’outil principal des psychologues et des neuropsychologues est la relation de qualité qu’ils établissent avec les patients et leur famille. La stabilité des intervenants est donc essentielle. Lorsqu’il entreprend une évaluation ou une intervention, c’est habituellement le psychologue ou le neuropsychologue qui prend en charge l’ensemble du suivi.
Il est fondamental de respecter les valeurs et le rythme d’adaptation de chaque famille confrontée à la maladie et aux répercussions associées, même lorsqu’elles sont décalées par rapport aux préoccupations de l’équipe traitante. Les interventions et les recommandations de l’équipe de soins doivent être formulées au bon moment pour qu’elles soient bien reçues et appliquées par la famille ainsi que les intervenants de l’école. Un travail de motivation et de sensibilisation doit parfois être réalisé en amont des interventions.
Psychologue et neuropsychologue : qui fait quoi?
Le neuropsychologue s’intéresse à la relation entre le cerveau et le comportement humain. Il évalue le fonctionnement cognitif (intelligence, attention, mémoire...) et les capacités d’apprentissages (lecture, écriture, calcul...) afin de vérifier si le développement de l’enfant est conforme à la norme attendue pour son âge. Il peut établir un diagnostic neuropsychologique (trouble de la mémoire, trouble de l’attention...) et orienter la prise en charge. Il peut vérifier les impacts cognitifs d’un traitement et orienter les interventions (psychologiques, pharmacologiques, chirurgicales et autres) conjointement avec l’équipe médicale, en plus de fournir des recommandations à la famille et à l’équipe-école pour faciliter le fonctionnement quotidien du jeune.
La démarche s’échelonne sur quelques semaines, mais elle peut être condensée au besoin. Elle inclut une première rencontre avec les parents pour établir l’histoire développementale, puis deux à quatre rencontres d’évaluation individuelles avec l’enfant. Le processus nécessite une discussion avec l’équipe médicale et une enquête scolaire. Finalement, une séance de discussion des résultats et des recommandations est effectuée auprès du jeune et de sa famille, puis l’orientation est discutée avec les équipes médicales et scolaires.
Le psychologue possède une expertise quant aux états affectifs et aux comportements humains. Par l’utilisation de diverses approches, il aide le patient à surmonter ses difficultés. Le psychologue effectue des évaluations et de la psychothérapie, et il peut poser des diagnostics psychologiques (trouble de l’adaptation, trouble dépressif...). C’est une personne clé pour soutenir la clientèle dans l’adaptation à la maladie (vécu lié à la situation médicale, gestion du stress face aux évaluations et aux traitements médicaux, adhésion aux soins, gestion des comportements...).
La démarche s’échelonne sur plusieurs rencontres de 50 minutes, une fois par semaine ou aux deux semaines, jusqu’à ce que la situation psychologique s’améliore et que le suivi puisse être espacé ou cessé. Avec de très jeunes enfants, le psychologue utilise le jeu et/ou le dessin comme médium pour accéder aux émotions ressenties par l’enfant. Le processus implique des discussions fréquentes avec la famille et les intervenants médicaux.
Exemples de services offerts :
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Jacob, 9 ans, traité pour une épilepsie pharmacorésistante, pourrait être dirigé vers les services de neuropsychologie s’il présente des difficultés attentionnelles et scolaires. L’évaluation permettrait de comprendre les troubles cognitifs associés à ses difficultés et l’impact potentiel de la médication sur celles-ci. Des adaptations scolaires pourraient aussi être suggérées.
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Maude, 4 ans, présentant une sclérose tubéreuse de Bourneville, pourrait être évaluée pour une suspicion de trouble du spectre de l’autisme. L’évaluation permettrait de confirmer ou d’infirmer le trouble et d’accompagner la famille dans la compréhension des besoins de leur fille. La famille pourrait être dirigée vers les services spécialisés requis pour préparer leur fille à son entrée scolaire.
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Juliette, 14 ans, présentant un diabète de type 1, pourrait être dirigée vers les services de psychologie si elle cesse de suivre ses traitements et que sa santé est compromise. Le suivi psychologique lui offrirait un espace de réflexion personnelle, visant à identifier ses propres motivations face aux traitements médicaux. Une liaison avec les parents et l’équipe de soins permettrait de s’assurer que le vécu affectif de Juliette soit mieux compris dans la gestion de sa maladie.