SCHIRPT : miser sur la prévention pour soulager les urgences

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Depuis ses débuts, le Système canadien hospitalier d’information et de recherche en prévention des traumatismes (SCHIRPT) a fait bien du chemin pour améliorer la prévention en santé physique. Il s’apprête maintenant à s’attaquer à la prévention en santé mentale.

SCHIRPT est un registre d’urgence pancanadien contenant des données sur les circonstances des blessures, des intoxications et des empoisonnements. Le registre est alimenté par un formulaire que le patient de l’urgence remplit lorsqu’il répond aux critères de SCHIRPT1. Grâce aux données recueillies, l’Agence de la santé publique du Canada peut agir afin de réduire le nombre et la gravité des blessures, notamment en créant des programmes et des campagnes  de sensibilisation ou encore en interdisant certains produits dangereux.

SCHIRPT est arrivé à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus en 1991 et depuis, le programme n’a cessé d’y prendre de l’ampleur sous la gouverne du Dr Éric Mercier et d’Ann-Pier Gagnon, respectivement  directeur médical et coordonnatrice du programme au CHU. C’est ainsi qu’au cours de la dernière année, le volet de la santé mentale a été ajouté au programme, tandis que l’équipe  s’est enrichie avec l’arrivée de quatre archivistes médicales.
 

Un nouveau volet : la santé mentale

Récemment, plusieurs des 18 hôpitaux canadiens participant à SCHIRPT ont manifesté leur intérêt pour ajouter le volet de la santé mentale au programme. Cependant, le formulaire actuel ne permet pas de recueillir les données pertinentes en lien avec cet aspect.

En effet, SCHIRPT recueille des informations sur les circonstances des blessures et des intoxications. Ainsi, les données peuvent indiquer, par exemple, que le patient a eu un accident de voiture parce qu’il a bu trop d’alcool. Cependant, les données des registres d’urgence actuels ne révèlent pas si ce même patient consomme trop d’alcool en raison de problèmes de santé mentale. Avec l’aval de l’Agence de la santé publique du Canada, un formulaire REDCap2 a donc été développé par le Dr Éric Mercier et Ann-Pier Gagnon en collaboration avec le Dr Pierre Maurice, consultant à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), pour récolter des données liées à la santé mentale. 

Ce formulaire est maintenant utilisé en projet pilote pour tous les patients qui sont passés par l’une des cinq urgences du CHU pour des raisons de santé mentale. Mais contrairement au formulaire SCHIRPT utilisé pour les cas de blessure, d’empoisonnement et d’intoxication, celui-ci n’est pas rempli par le patient : les données qu’il contient proviennent de son dossier médical. Les données recueillies sont anonymisées (il n’est pas possible d’identifier le patient), mais elles permettent de suivre le parcours de l’usager. Ainsi, il est possible de déterminer si les ressources offertes sont efficaces ou encore quelle catégorie de patients est plus susceptible de visiter l’urgence à répétition. « Nous récoltons des données sur les antécédents et sur la raison de la consultation. Nous avons aussi accès à un verbatim de l’histoire, ce qui peut être utile pour des analyses plus poussées. Avec ces données, nous pouvons retracer des causes récurrentes de consultation à l’urgence en santé mentale, ce qui éventuellement permettra de mettre en place des services ciblés de prévention et de diriger les gens vers d’autres services que l’urgence », explique Ann-Pier Gagnon. Par exemple, si les données indiquent que plusieurs patients ont eu des accidents de voiture en raison d’une trop grande consommation d’alcool –  pour reprendre l’exemple ci-dessus –, il pourrait être plus pertinent de mettre en place un programme de prévention en santé mentale plutôt qu’une campagne de sensibilisation sur les dangers de l’alcool au volant afin d’éviter des récidives ou des accidents plus graves.

Bon an, mal an, pandémie ou pas, le nombre de consultations en santé mentale dans les urgences est toujours assez élevé : par exemple, il tourne autour de 8 500 pour les 17 derniers mois au CHUL, et 30 % de ces consultations sont dues à des patients qui ont fait plus d'une visite à l'urgence pour des raisons de santé mentale. Évidemment, l’ajout du volet santé mentale à SCHIRPT a fait augmenter les nombre de données à traiter et donc les besoins en personnel pour le programme au CHU.
 

L’équipe s’enrichit d’archivistes médicales

Début 2019, Maude Cassista, archiviste médicale, postule un emploi offert dans une équipe du Centre de recherche du CHU. En voyant son CV, une collègue d’Ann-Pier Gagnon pense tout de suite que cette candidature serait idéale pour les besoins de SCHIRPT. Et effectivement, « non seulement ça a été un match parfait, mais Maude m’a aussi énormément aidée à mieux comprendre le fonctionnement des archives médicales, ce qui nous a notamment permis d’améliorer notre efficacité et de recruter les bonnes personnes dans l’équipe », relate Mme Gagnon. 

En effet, les archivistes médicales reçoivent une formation pointue sur l’analyse des dossiers médicaux qui leur permet de devenir autonomes très rapidement une fois en poste et qui correspond exactement aux besoins de SCHIRPT.

Ann-Pier Gagnon est tellement emballée par l’apport des archivistes médicales qu’elle est en train de conclure des ententes avec différentes écoles qui offrent cette formation au Québec afin d’offrir des stages en recherche aux étudiants. Elle accueillera sa première stagiaire dès le mois d’octobre, pour un stage de sept semaines : « Ces stagiaires vont nous apporter une grande aide et éventuellement nous permettre d’avoir une banque de candidats déjà formés pour la relève. Pour les étudiants, c’est une occasion en or d’apprendre de nouveaux types de registres et de toucher au domaine de la recherche. Enfin, pour les cégeps, ce sont des offres des stages supplémentaires dans un secteur auquel ils ont moins facilement accès. D’ailleurs, plusieurs programmes de recherche pourraient grandement bénéficier d’avoir des archivistes médicaux dans leur équipe! »
 

Quand la pandémie sera finie…

Ann-Pier Gagnon a encore bien des projets en tête, dont l’ajout du volet de la santé physique à l’Hôpital Saint-François d’Assise, puis au CHUL, dès que la situation sanitaire le permettra.

Elle travaille aussi sur de nouveaux moyens de faire comprendre l’utilité du programme et d’aider les intervenants de l’urgence à y participer. Par exemple, depuis 2018, le formulaire s’imprime automatiquement lorsque le patient correspond aux critères de SCHIRPT, ce qui allège la tâche du commis qui l’accueille.

« Dans un monde idéal, il y aurait un registre d’urgence pour tous les types de pathologie pour lesquelles les gens viennent à l’urgence, mais ça prendrait des moyens que je n’ai pas encore! Entre-temps, mon objectif est de recueillir assez de données pour diminuer le nombre de patients qui se présentent à l’urgence. »
 

L’équipe SCHIRPT au CHU

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Dr Éric Mercier, directeur médical

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Ann-Pier Gagnon, coordonnatrice

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Maude Cassista, archiviste médicale

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Lydia Simpson, archiviste médicale
                
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Kristine Langlois, archiviste médicale                         
         
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Ève St-Pierre Lussier, archiviste médicale                         
 


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Notes :
1.    Critères pour l’inclusion des patients dans le registre SCHIRPT : puisque le registre sert à améliorer la prévention, les blessures ne résultant pas d’un accident, piqûres d’insecte, coups de soleil ainsi que tout ce qu’il n’est pas possible de prévenir ou d’empêcher ne sont pas inclus dans SCHIRPT.

2.    REDCap (Research Electronic Data Capture) : application Web sécurisée qui permet de concevoir et de gérer des enquêtes et des bases de données en ligne, spécialement créée pour les besoins de la recherche et garantissant la confidentialité des données. https://www.project-redcap.org/ 


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Dernière révision du contenu : le 23 septembre 2022

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