Concilier développement durable et milieu hospitalier

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Vous avez sûrement déjà entendu parler du comité de développement durable, et vous vous êtes probablement demandé pourquoi un tel comité existe au CHU. Voici quelques éléments de réponse recueillis auprès de Stéphane Schaal, conseiller en développement durable au CHU.

Selon la définition habituelle, le développement durable tend à répondre aux besoins des générations actuelles tout en évitant de nuire aux générations futures. Le développement durable englobe les aspects économique, environnemental et social.

Un hôpital, comme toute organisation ou entreprise, produit des déchets et des émissions de gaz à effet de serre, s’approvisionne en divers produits et aliments, consomme de l’énergie, emploie du personnel, accueille des usagers, etc. Il exerce ainsi une influence sur le développement des facteurs économiques, environnementaux et sociaux de son milieu, d’où la pertinence de se préoccuper de la manière dont ce développement se fait.

Pour un établissement de santé comme le CHU, le développement durable passe d’une part par la sensibilisation de son personnel et de ses usagers, et d’autre part par l’adoption de meilleures pratiques quant à la gestion des déchets, des approvisionnements, de la consommation d’énergie, etc. 

Le CHU de Québec-Université Laval engagé depuis 2006
Autour de 2006, le Centre hospitalier universitaire affilié (CHA) et le Centre hospitalier universitaire de Québec (CHUQ) ont chacun amorcé des réflexions sur le développement durable, entre autres sur la gestion des matières résiduelles et sur la réalisation de leur bilan environnemental. 

Cette démarche s’est poursuivie après la fusion des deux établissements en 2012. La démarche est aujourd’hui bien structurée. Le CHU s’est doté d’une politique, d’une stratégie et d’un plan d’action de développement durable. 

Un comité de développement durable sur lequel chacune des directions est représentée a été formé et assure la mise en œuvre du plan d’action. « Notre rôle est consultatif, mais notre objectif est de favoriser l’intégration du développement durable dans la prise de décisions. Le comité travaille autant sur les aspects du développement social, environnemental qu’économique, précise Stéphane Schaal. Nos interventions se font au niveau stratégique lorsqu’elles touchent la planification organisationnelle, au niveau opérationnel lorsque nous traduisons le plan en actions dans les directions, puis sur le terrain, où les projets se déroulent, explique Stéphane. Il est donc essentiel que je me déplace pour voir, rencontrer des collègues et des collaborateurs ainsi que pour mieux saisir les enjeux et tenter de répondre aux besoins en matière de développement durable. C’est ce qui fait la richesse de mon travail. C’est très stimulant! » 

Du point de vue du développement durable, il y a actuellement trois grands dossiers au CHU, soit la gestion des matières résiduelles, l’approvisionnement et les déplacements.

La gestion des matières résiduelles
Un hôpital produit énormément de matières résiduelles; des milliers d’articles sont commandés et utilisés chaque semaine : emballages, piles, cartouches d’encre, fournitures médicales, etc. Afin de limiter l’impact environnemental de toute cette consommation, il faut viser l’achat de produits réutilisables, mais il faut aussi réfléchir à la gestion des matières résiduelles afin de tenter d’en récupérer un maximum. Le défi est immense, notamment pour le service d’hygiène et de salubrité du CHU qui assure l’opérationnalisation de la gestion des matières résiduelles.

Ainsi, au CHU, les documents confidentiels sont traités et recyclés et les piles sont récupérées par l’organisme Appel à recycler, alors que ce sont chaque année plus de 50 tonnes de matériel informatique et électronique qui sont également gérées de manière écoresponsable. 

Dans certains cas, le développement durable a même des retombées positives dans d’autres domaines que celui de l’environnement. Par exemple, des revenus sont générés par la vente du carton des milliers d’emballages reçus et récupérés chaque semaine, tandis que les cartouches d’encre envoyées à la Fondation Mira aident à financer une partie de leurs activités. 

En contrepartie, certains matériaux et produits ne peuvent pas encore être recyclés ou récupérés. C’est notamment le cas des quelque 700 000 étiquettes de plastique qui sont utilisées chaque année pour identifier les produits pharmaceutiques et sur lesquelles apparaissent des informations confidentielles.

Dans le domaine de la gestion des matières résiduelles, la COVID-19 a accentué l’utilisation de produits jetables, par exemple celle de certains masques, mais elle a aussi permis de changer les pratiques, notamment en ce qui concerne la récupération de contenants, comme ceux utilisés par le gel hydro-alcoolique.

L’approvisionnement alimentaire
Avec la quantité impressionnante de denrées alimentaires qui sont achetées chaque semaine au CHU, inclure des critères de développement durable dans ce domaine peut avoir un impact significatif.

Le CHU a donc entrepris, avec d’autres partenaires du Réseau, de dresser son portrait en termes d’approvisionnement alimentaire1. Le but est de mieux connaître la provenance et le conditionnement des aliments achetés afin de favoriser par exemple les achats locaux, les produits en vrac ou encore ceux livrés avec un emballage réduit. Cela peut sembler banal, mais puisque les fournisseurs ne sont habituellement pas en mesure de préciser l’origine des produits et que la réglementation internationale est très complexe dans ce domaine, c’est un travail titanesque qui est réalisé. Mais déjà, des fiches informatives ont été produites et des formations sont prévues pour les spécialistes du CHU.

Le CHU participe aussi à des projets de plus petite envergure, tel que l’événement « Les institutions mangent local », pour lequel un prix de participation dans la catégorie « Établissements de santé » a d’ailleurs été gagné. Pour cette activité, les cafétérias du CHU avaient mis les petits fruits locaux à l’honneur. Un autre projet sera prochainement soumis afin de poursuivre les travaux sur l’approvisionnement alimentaire responsable dans le cadre de la Stratégie nationale d’achat d’aliments québécois que le gouvernement a récemment annoncée.

La mobilité durable
Un hôpital fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Cela implique donc énormément de déplacements en tout temps : le personnel qui arrive ou quitte son lieu de travail, les usagers qui se rendent à l’hôpital ou en sortent, les camions de livraison qui laissent ou prennent des chargements, les taxis, les voitures et les autobus qui circulent aux abords de l’établissement, etc.

Conscient que c’est un enjeu important, le CHU a réalisé une étude et adopté un plan d’action sur la question. Favoriser les transports durables fait donc partie des objectifs de la direction et cela peut par exemple se traduire par la promotion du covoiturage, du transport actif (marche, vélo) ou encore du transport en commun. 

Le projet du nouveau complexe hospitalier (NCH) intègre d’ailleurs ces notions, notamment par l’aménagement d’un minimum de places de stationnement pour les vélos. La cohabitation de la circulation automobile et des piétons est aussi étudiée par les architectes, le service des opérations du bâtiment, le service du stationnement et le conseiller en développement durable afin d’assurer un environnement sécuritaire et agréable à tous ceux qui devront s’y déplacer. 

Enfin, le CHU collabore avec le Réseau de transport en commun (RTC) sur différents projets visant à bonifier l’offre en transport en commun pour les travailleurs des hôpitaux du CHU. Entre-temps, l’établissement participe chaque année au « Défi sans auto solo » pour sensibiliser et encourager ses intervenants à remplacer la voiture solo par un mode de transport plus écologique (vélo, marche, autobus, covoiturage…). Pour sa participation de cette année, le CHU a d’ailleurs remporté le prix corporatif offert par le RTC, ce qui signifie que le CHU a été, parmi les gros employeurs de la région, celui où il y a eu le plus grand nombre de participants.

Des facteurs facilitants
En plus de ces grands dossiers, le CHU a inauguré cet été un sentier piéton sur le terrain de l’Hôpital du Saint-Sacrement, afin d’aider à combattre les îlots de chaleur et de favoriser la qualité de vie au travail en offrant une aire de repos agréable aux travailleurs de l’établissement. De plus, des formations sur le développement durable ont été offertes aux intervenants impliqués dans le projet du NCH, alors que des critères spécifiques ont été intégrés à ce vaste projet afin de le rendre plus vert. Enfin, le projet de récupération de la vapeur de l’incinérateur de la Ville comblera prochainement une bonne partie des besoins en énergie de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus.

Les projets actuels et futurs font face à plusieurs enjeux, notamment en ce qui concerne l’aspect financier et celui des ressources humaines, mais ils peuvent compter sur d’ardents défenseurs pour les faire avancer. Ainsi, la grande implication de la direction générale, du comité de développement durable et de la Direction des services techniques (dont dépend le dossier) ainsi que l’ouverture et l’intérêt des intervenants du CHU facilitent grandement les démarches.

« Ce qu’il faut retenir, c’est que le développement durable n’est pas nécessairement contraignant : il est tout à fait possible d’en tirer des avantages économiques, mais aussi des avantages en terme d’efficacité », conclut Stéphane Schaal. 


1.    Pour en savoir plus sur le projet d’approvisionnement alimentaire responsable au CHU, consultez l’article paru en page du 12 du Chuchoteur de novembre 2019.  
 

Quelques chiffres

Le CHU, par année, c’est…

15 M$ dépensés en énergie
5 millions de kilos de linge lavé
3,5 millions de repas servis 
80 000 produits de tous les types achetés 
5000 tonnes de déchets produits
5000 m2 de superficie de bâtiments à chauffer


 

Vous avez des questions? Vous avez un projet?

Contactez le conseiller en développement durable du CHU!

stephane.schaal@chudequebec.ca

418 525-4444, poste 16214

 

Photo : Aaron Burden, Unsplash.


Commentaires



 

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13 mars 2022

Bonjour, je travaille à l'hygiène et salubrité à l'hôtel Dieu de Québec et je n'en reviens pas de l'hypocrisie de ne notre système de gestions des déchets. Il y a des bacs sur tous les étages qui expliquent aux utilisateurs et employés comme recycler leurs déchets en mettant dans le bac appropriées l'objet à jeter dans le bon bac respectif. Bien entendu, Quand je travaille sur la run des poubelles, je dois jeter l'équivalent d'environ 1 an de recyclage que je fais chez nous à la maison en une journée et ça me désole énormément. De plus, je dois jeter tous ce qui est dans les bac de Faux recyclage aux vidanges, car il n'y a pas de recyclage alors qu'il y a des bacs pour cela Dan sle bâtiments mais tout va aux vidanges. Je trouve cela triste d'être obligé de participer à cette hypocrisie de bacs qui nous disent quoi jeter où alors que au final, tout va dans les poubelles. J'aimerais m'impliquer dans le mouvement, car comme vous devez penser comme moi, c'est n'importe quoi de nous fournir des bacs pour biens paraître dans le bâtiment alors qu'il n'y a aucun système de recyclage à L'hôpital HDQ. Si jamais, je peux participer à ce que ce projet se fasse ou y mettre du mien, je serais ouvert à prendre de mon temps personnel gratuitement à mettre des choses en place avec vous pour mettre de la pression pour qu'il y ait un système de recyclage à l'hôtel Dieu, ou du moins que nous arrêtons de faire croire aux usagés et aux employés d'ici que nous recyclons que pour bien paraître alors que c'est complètement faux. Ça me rend triste de participer à cette hypocrisie.

Par Julien Dion
30 novembre 2020

Bravo Stéphane!
On continue dans cette belle lancée qui fait du CHU un leader en développement durable!
Tu peux compter sur mes équipes et moi-même.
Patrick

Par Patrick Lacasse
30 novembre 2020

Bonjour M. Schaal

C'est le plus beau résumé que j'ai lu sur le DD depuis que je travail dans le dossier au CHU. FÉLICITATION

Martin Bolduc

Par Martin Bolduc

Dernière révision du contenu : le 3 décembre 2021

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