Un essai clinique peut-il vraiment être « négatif »?

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Le virus SARS-CoV-2, qui circule maintenant depuis un peu plus d’un an, est une véritable énigme pour le personnel soignant. Comment traiter une nouvelle maladie mortelle quand elle est encore méconnue? 

Depuis le début de cette crise sanitaire, bien des traitements ont été utilisés chez les patients atteints de la COVID-19, sans avoir préalablement fait leurs preuves, dans l’espoir d’améliorer leur état. On pense à l’hydroxychloroquine, le lopinavir/ritonavir, l’interferon α, la ribavirine, le plasma de convalescents, les anticoagulants ou encore le remdesivir, pour ne nommer que ceux-ci. Toutefois, certaines de ces interventions se sont montrées non seulement inutiles, mais plusieurs ont également montré des effets nuisibles dans la COVID-19 malgré leurs promesses. Pensons au débat sur l’hydroxychroloquine, ce médicament utilisé dans le traitement de l’arthrite et dont l’utilisation pour la COVID-19 a été promue de façon étendue par certains.

Ne devrait-on pas administrer les options thérapeutiques éventuelles à tous les patients qui pourraient en bénéficier? Dans certains pays, comme les États-Unis, le plasma de convalescents a été utilisé comme standard de soins sans que l’on procède à un essai clinique randomisé. Cependant, cette approche pose de nombreux problèmes. Tout d’abord, sans groupe témoin comparateur ne recevant pas le traitement, il est impossible de connaître hors de tout doute l’efficacité du traitement. Si bénéfice il y a, son ampleur demeure également inconnue. Qui plus est, tout traitement implique souvent d’importantes ressources humaines et financières qui deviennent mal utilisées et futiles lorsque le traitement s’avère inefficace. 

Deux essais cliniques, un sur le plasma de convalescents et l'autre sur les anticoagulants chez les patients gravement malades admis à l’unité des soins intensifs, se sont terminés au cours des dernières semaines à la suite d’une analyse montrant que ces traitements n’amélioraient pas l’état clinique des patients. Doit-on alors qualifier ces essais cliniques d’échecs? Au contraire! « Nous savons maintenant qu’il ne sert à rien d’administrer ces deux traitements à nos patients gravement malades, précise le Dr Turgeon. Bien entendu, nous devons encore nous pencher sur les résultats afin de comprendre les raisons qui font en sorte que ces traitements ne fonctionnent pas chez ces patients, mais nous pouvons maintenant envisager d’autres avenues thérapeutiques. Ces résultats sont d’autant plus importants considérant que certains centres dans le monde, incluant au Québec, refusaient de participer à ces essais cliniques puisque certains collègues considéraient qu’il n’était pas nécessaire d’étudier ces interventions et qu’elles devaient être utilisées. Non seulement ces interventions peuvent parfois représenter des coûts importants, mais elles ne sont pas nécessairement exemptes d’effets secondaires. Il faut donc toujours faire preuve de prudence avant d’utiliser une intervention sans niveau de preuve adéquat », conclut le Dr Turgeon.

En somme, il n’y a jamais vraiment d’essai clinique « négatif », car chaque résultat contribue à l’avancement des connaissances scientifiques et, en bout de ligne, à de meilleurs soins aux malades basés sur des données probantes.

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L’équipe de recherche en soins intensifs du CHU est impliquée dans une vingtaine d’essais cliniques randomisés au CHU, la plupart évaluant des traitements chez les patients hospitalisés en raison de la COVID-19. En plus du Dr Turgeon, l’équipe est constituée de plusieurs chercheurs, notamment les Drs François Lauzier, Charles Francoeur, Lynne Moore, Mélanie Bérubé et Maude St-Onge, mais également une équipe formée d’un coordonnateur scientifique (Olivier Costerousse), de coordonnateurs de recherche (David Bellemare, Marie-Pier Patton, Lucy Clayton), d’infirmières de recherche (Eve Cloutier, Émilie Couillard-Chénard, Gabrielle Guilbault, Marie-Claude Boulanger), de professionnels de recherche (Rana Daher, Kahina Soltana, Peter Gerges, Amina Belcaid), d’assistants de recherche (Antoine Tremblay, Shany Rodrigue, Louis-Charles Mallard, Marie-Pierre Légaré-Baribeau), de biostatisticiens (Xavier Neveu, Pier-Alexandre Tardif) et de soutien administratif (Marjorie Daigle). 

Les deux essais cliniques dont il est question ici ont été rendues possibles grâce à une subvention des Instituts de recherche en Santé du Canada à l’Université Laval à une collaboration internationale sans précédent dans REMAP-CAP, une plateforme d’essais cliniques randomisés, intégrés, multifactorielle et adaptative sur la pneumonie acquise en communauté, ayant recruté près de 10 000 patients atteints de COVID-19 dans plus de 290 centres à travers le monde. 


 
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Dernière révision du contenu : le 17 février 2022

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