Pour aller plus loin

Image.


Le corps humain | image du corps divin


Par Annick de Souzenelle – 1er août 2016

En s’appuyant sur la riche symbolique de nombreux textes de l’Ancien Testament, l’auteure démontre comment le corps humain, dressé comme un arbre, est créé à l’image du corps divin.

 
Le corps humain est à l’image du corps divin dont Moïse eut l’expérience lorsqu’au sommet du Sinaï, rencontrant son Seigneur, Celui-ci dit de lui : « À mon serviteur Moïse, je parle bouche à bouche et lui, il voit ma forme » (Nb 12,8). Moïse dessina cette forme et, de génération en génération, la mystique juive nous la transmit sous le nom d’Arbre des Sephiroth.
 
Chaque Séphirah est un récipient d’énergie et ces énergies se distribuent selon des circuits bien définis, quoique subtils; elles construisent les différents éléments du corps, apportant à chacun l’information qui fait sa fonction. Le corps se dresse alors comme un arbre.
 


 

Matrice d’eau

« L’Homme est un arbre planté à la rupture des eaux » (Ps 1,3); il a des racines célestes, que les cheveux symbolisent, et des racines animales dont les pieds dessinent la forme de fœtus dans le sein maternel. De ses racines célestes s’écoule la sève de l’Arbre de Vie, symbolisée par la moelle épinière; elle vient chercher, appeler et aspirer la sève de l’Arbre de la connaissance lorsque celle-ci commence à s’élever. L’Arbre de la connaissance est cependant bloqué dans sa semence au départ de la vie de l’Homme; cette semence est divine; elle est déposée à la base de la colonne vertébrale, au cœur de la Séphirah Yésod qui signifie le fondement, mais que l’on peut aussi lire : « Le secret – Sod – de la lettre Yod ». Or la lettre Yod’, première lettre du Saint Nom « Yod-Hé-Waw-Hé » contient toute l’information du Saint Nom que l’Homme est appelé à devenir; elle en symbolise la Semence. Le dialogue entre ces deux arbres, entre leurs sèves respectives, constitue la vie de l’Homme.
 
Tant que la Semence Yod’ reste bloquée dans sa balle, à la base de la colonne vertébrale, au niveau du sacrum, l’Homme reste noyé dans les eaux du triangle du bas.
 
Ce triangle constitue avec les deux autres triangles du dessin de Moïse, les structures essentielles du corps; ils indiquent la trajectoire d’une dynamique de vie, au service de laquelle travaillent tous les organes; ils sont appelés « matrice » car en chacun d’eux, l’Homme identifié à l’Arbre de la connaissance est appelé à croître. Chez les chrétiens, ils sont appelés « baptême » (immersion), chez les Chinois « champs de cinabre » (pelvien, thoracique et crânien) mais « matrices » dans toutes les grandes traditions de l’humanité.
 
Cette dynamique de croissance est assurée par la rencontre de l’Homme avec les « barrières » que symbolise la première lettre du mot Hay, la « vie ». Ces « barrières » sont constituées par les épreuves que rencontre l’Homme et dont chacune est l’objectivation de l’un des animaux de ses « troupeaux de l’âme », soit de l’une des énergies potentielles inconscientes qui habitent son âme en son ’Ishah; ainsi est appelé son féminin intérieur, l’autre « côté » de son être, qui n’a jamais été une côte, mais la partie encore voilée de lui. Ces animaux sont doués d’une grande violence.
 
Dans la première partie de sa vie, l’Homme noyé dans sa matrice d’eau, confondu avec ces animaux, gère leur violence en la refoulant derrière les grilles des interdits par une bonne morale ou l’investit dans ce qu’il appelle un « bien » – dont il ne sait pas que c’est quelquefois un « mal » – ou bien alors dans de très belles créations. Parfois, cette violence déferle en lui dans la maladie ou hors de lui dans de sanglantes destructions.
 
Dans cette matrice, l’Homme est dans une errance qui peut durer la vie entière, son Yod’ reste alors stérile. Cette stérilité, exprimée symboliquement par celle tout animale des couples de la Bible, est soudain levée par une visite divine chez ceux-là.
 
Dans un Amen profond, l’Homme s’engage alors dans le chemin de sa verticalisation, celle de l’Arbre qu’il est.
 

Matrice de feu

Dans la matrice d’eau, les organes jouent essentiellement dans l’ordre d’une évacuation des déchets d’une part et d’autre part dans l’orgasme qui est une transe préludant à celle de la rencontre de l’Homme avec son Seigneur; ils expriment leur force créatrice dans la formation et la mise au monde de l’enfant, appelé « fils de la femme » par rapport au « Fils de l’homme ».
 
Dans la matrice de feu en laquelle s’engage l’Homme dont la Semence Yod’ a germé, grandit le « Fils de l’Homme » symbolisé par l’Arbre de la connaissance qui, à cette étape ne peut plus être appelé celui « du bien et du mal, mais celui de ce qui est devenu lumière-connaissance, et de ce qui est encore potentiel dans les ténèbres ». Le fruit de cet Arbre sera le Saint Nom, celui du « Fils de l’Homme » unique pour chacun, et UN pour tous. À cette étape, l’Homme connaît une autre et sublime qualité de transe, mais dans le même faisceau énergétique que la première et la force créatrice dans le même faisceau énergétique que celle de la procréation. Cette seconde étape rétablit l’Homme dans ses normes ontologiques que décrivent les deux premiers chapitres de la Genèse. Dans son ontologie, l’Homme comme saisi dans un désir fou de son Dieu, le cherche et Dieu lui répond dans ce qui peut être comparé à un orgasme laissant s’écouler le fleuve de feu de son amour pour lui.

Lorsque l’Homme se détourne de son Dieu (3e chapitre), il est balancé à l’extérieur de lui, son féminin devient la femme par rapport à l’homme et son désir de Dieu devient leur désir, celui de l’un pour l’autre auquel l’un et l’autre exigent une dimension d’absolu qu’ils ne peuvent donner! Dans cet état d’exil, l’homme et la femme s’usent.
 
La seconde étape, celle du retour aux normes premières, ennoblit l’être. À cette deuxième étape, l’Homme nomme l’énergie animale que l’épreuve lui présente; il nomme le fauve de sa colère, le lion de son orgueil, la vipère de la médisance, la pieuvre de sa possessivité, etc.!
 
Il lutte avec elle pour la dominer; son arme est l’amour. Une fois dominée, l’énergie est saisie par le Seigneur qui, dans une alchimie secrète, l’intègre; elle donne son information. À ce niveau, la matrice de feu est la vésicule biliaire; le feu, la bile. Les énergies potentielles sont puisées dans la rate et le pancréas; le trésor accompli est thésaurisé dans le foie; l’estomac est le fourneau de cette forge. Le cœur est la force, voire l’enclume sur laquelle l’animal est sacrifié; les poumons sont le soufflet de la forge. Le Seigneur est le « divin cuiseur », aidé de l’Esprit-Saint de Dieu.
 

Matrice du crâne

Lorsque « tout est accompli », l’Homme est vérifié par l’aigle chez Prométhée, par saint Michel et le Satan dans la Bible (cf. Le Seigneur et le Satan, p. 77 à 81) car dans la matrice du crâne où le Christ a écrasé la tête diabolique du Satan, l’Homme devenu Seigneur intègrera les plus hautes énergies et sera épousé par son Dieu.
 
Tu seras une couronne éclatante dans la main du Seigneur, un turban royal dans la main de ton Dieu […] car le Seigneur met son plaisir en toi […] Ainsi tu feras la joie de ton Dieu. (Isaïe 62,3-5)
 
Annick de Souzenelle est une écrivaine orthodoxe d’ouvrages spirituels. Après des études de mathématiques, elle a longtemps été infirmière anesthésiste, puis psychothérapeute. D’abord catholique, elle se convertit en 1958 à la religion orthodoxe et étudie la théologie, ainsi que l’hébreu. Elle poursuit depuis une trentaine d’années un chemin spirituel d’essence judéo-chrétienne, ouvert aux autres traditions. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages de spiritualité. Sa recherche s’inspire de la spiritualité cabaliste.
 




Nourrir corps, âme et esprit




Par Imane Lahlou
 

L’auteure propose une réflexion sur les liens entre notre alimentation au quotidien et notre capacité d’apprivoiser ce vide intérieur qui aspire à la joie et à l’amour de soi.

 
Pour la plupart d’entre nous, le verbe nourrir évoque une alimentation saine et colorée. Nous relions souvent l’équilibre du corps à la composition de notre assiette. S’il est vrai que notre alimentation est un paramètre important pour notre santé, nous sommes de plus en plus conscients que l’environnement, les pensées, les croyances et les perceptions sont également déterminants pour notre équilibre physiologique et notre quiétude intérieure. Ils s’unissent à l’alimentation pour nourrir le corps, l’âme et l’esprit.
 

Semez et cultivez ce que vous souhaitez récolter

Imaginez un arbre d’un vert lumineux. Il interpelle votre regard; vous ralentissez et vous observez sa forme et ses couleurs; son essence vous enveloppe d’une présence réconfortante et énergisante. Cet arbre inspire l’enracinement, le mouvement et le rayonnement. Cet arbre inspire la force et la joie. Cet arbre inspire la vie. Un peu plus loin dans la forêt, vous croisez un arbre terne et éteint. Cet arbre est en vie, mais il n’est pas vivant! Il est en survie. De nombreuses personnes sont en vie, mais en réalité elles sont en survie. L’essentiel de leur énergie est consacré à surmonter leurs peurs et leurs insécurités qui relèvent souvent de leur passé et de l’anticipation de leur futur. Il est vrai que la compréhension de notre histoire est nécessaire à la connaissance de soi. Mais il est, je crois, important de dévoiler notre créativité et notre joie pour transformer nos peurs en amour de soi. Pour cela, il est essentiel d’être à l’écoute de nos besoins réels. Il est essentiel d’être présent à notre ressenti. Lorsque je n’ai pas faim et que j’ouvre nonchalamment le paquet de croustilles ou de biscuits, je ne suis pas présent à ce que je suis. Je choisis d’ignorer une partie de mon être en mangeant. Avant d’ouvrir le paquet, je peux simplement me poser la question : pourquoi est-ce que je veux manger? Pourquoi me poser cette question? Pour éveiller ma conscience. Pour sortir du pilote automatique. Pour permettre à mes barrières d’émerger. Pour me permettre d’exprimer les émotions qui m’habitent : tristesse, colère, frustration, déception, humiliation, culpabilité, etc. L’expression de mon ressenti me permet d’entrer en contact avec ce vide intérieur qui me paraît insatiable. Comment pourrait-il se remplir de biscuits ou de croustilles alors que ce vide aspire à la vie, à l’amour et à la joie? Avez-vous déjà pensé à l’aspect invisible de vos aliments? Avez-vous déjà imaginé la vie qui habite un bleuet ou un kiwi? Dans le cas des aliments raffinés et transformés, il est inutile de chercher ne serait-ce qu’une parcelle de vie. Vous n’en trouverez pas! Un aliment transformé est inerte. La cuisson à haute température et les technologies de transformation détruisent ou dénaturent les nutriments. Avez-vous déjà pensé à semer des graines de tournesol rôties et salées dans votre jardin? Non. Comment voulez-vous cultiver la vie dans votre corps en consommant des aliments morts? Non seulement les produits raffinés ne vous permettent-ils pas de semer la vie, mais ils vous en enlèvent en épuisant votre système digestif, votre système immunitaire, votre système nerveux, vos glandes, etc. De plus, ils vous tiennent prisonniers de vos peurs, de vos insécurités, de vos malaises, de votre fatigue, de votre irritabilité et de votre état de manque. Pour cultiver la vie à l’intérieur de soi, il est essentiel de choisir des aliments sains, frais et colorés.
 

Du vide à la plénitude

C’est un délice pour le corps physique de se nourrir en goûtant intensément aux aliments! Le bien-être est cependant éphémère. Il est certain que lorsque le carré de chocolat n’est plus dans votre bouche, vous avez besoin d’un deuxième morceau. En présence de déséquilibre, nous répétons lexpérience en espérant ressentir encore plus de plaisir. La tablette est maintenant terminée, ressentons-nous encore du plaisir? Je ne crois pas. Nos récepteurs sensoriels sont maintenant saturés et notre estomac est tendu, mais nous cherchons encore quelque chose à mettre en bouche. Ce que nous recherchons, ce n’est plus la saveur de l’aliment, c’est le contact avec l’aliment. Nous ressentons un malaise, mais nous poursuivons l’expérience en espérant apaiser la sensation de vide qui nous habite. Le plaisir implique le désir. Un désir inassouvi implique le manque. Le manque implique la frustration. La frustration implique le besoin. Lorsque vous mangez sans faim, vous êtes-vous déjà demandé si votre besoin réel était les croustilles ou le chocolat? Y a-t-il dans votre vie des désirs inassouvis? Avez-vous des rêves? Avez-vous des passions? Nos rêves et nos passions sont un espace de création. Si au cours de votre journée, vous accomplissez des tâches sans ressentir la joie et la satisfaction qui accompagnent toute création, vous allez vous sentir vide et inutile. Est-il possible que vous confondiez le plaisir et la joie? Qu’est-ce que la joie? La joie est à mon sens une expression de l’amour pur et infini. Vous avez certainement déjà ressenti ou vu l’émerveillement de la maman qui caresse du regard son bébé endormi ou un enfant riant aux éclats en regardant un avion voler. Avez-vous déjà goûté à cette sensation de paix infinie en observant le soleil levant? Avez-vous déjà souri en vous remémorant le visage d’un être aimé? Avez-vous déjà ressenti la joie en prenant simplement conscience de la vie qui vous anime? La joie est un sentiment infini qui nous enveloppe d’une énergie de paix et de plénitude. Le plaisir implique une stimulation extérieure alors que la joie émane de notre être intérieur. En espérant ressentir de la joie, nous cumulons parfois les plaisirs en apportant une stimulation sensorielle ou une hyperactivité dans notre quotidien. Le plaisir, en carence comme en excès, crée une sensation de manque. Lorsque nous nous refusons à jouir de notre propre présence, nous ne sommes pas en mesure d’entrer en contact avec notre essence. Nous sommes alors envahis par un sentiment de vide intérieur que nous essayons de combler par la nourriture, l’alcool, la cigarette, la drogue, le sport, le travail, la dépendance affective, etc. Ces éléments ne font qu’inhiber nos émotions et notre ressenti et nous éloignent encore plus de notre réalité profonde. Le vide semble encore plus grand et nous multiplions les expériences qui nous tiennent prisonniers de la dépendance et de la culpabilité. Il est important de comprendre que le plaisir ne peut être séparé de la santé. Dans ces moments où vous vous sentez impuissant et dépendant, le plaisir n’est plus présent. Ce que vous cherchez est au-delà de votre assiette. Ce que vous cherchez est en vous.
 

Éveiller à la vie

Apporter des changements dans notre alimentation est un éveil à la vie. Manger santé implique une connexion profonde à soi et à la nature. Manger santé est une expérience qui nous permet de dépasser la sensation de manque, les peurs et les insécurités. Manger santé nous amène à apprivoiser ce vide intérieur qui aspire à la joie et à l’amour de soi. Je définis souvent la santé comme un état d’être qui nous permet de créer dans notre quotidien des expériences à l’image de ce que nous sommes et de ce que nous souhaitons profondément. Un état d’être où nous sommes heureux, libre et joyeux. Si la santé est un cristal lumineux, manger santé est un de ses atomes. Manger santé sera à l’image du tout. Manger santé nous invite à la création, à la liberté, à la joie et à l’amour de soi. Il est important de nous souvenir de cette pensée tout au long de notre voyage intérieur. Même si nous sommes convaincus que manger santé est essentiel à notre équilibre, nous ressentons parfois des résistances, des tentations, des confusions ou des impulsions. C’est normal et même très sain. Chacune des étapes nous amène à découvrir ou à redécouvrir une partie de nous-mêmes. Des émotions, des croyances et des pensées vont sûrement émerger. Prenez le temps et apprenez à les écouter pour les libérer. Les libérer pour créer un espace, une ouverture pour accueillir et recevoir l’amour, la plénitude et la joie. Lorsque vous choisissez des aliments qui nuisent à votre équilibre ou lorsque vous mangez sans avoir faim, vous vous étourdissez pour ne plus ressentir vos malaises. Vous tournez le dos à votre état intérieur. Vous niez votre nature profonde et vous n’êtes pas à l’écoute de votre essence. Vous vous fermez également à la sensation de plénitude qui accompagne la joie et l’amour de soi. En cherchant les réponses à l’extérieur de soi, nous vivons dans l’attente et nous créons des dépendances. Il est donc essentiel de prendre soin de notre espace intérieur autant que de notre assiette. Nourrir notre corps et notre essence est essentiel à notre santé et à notre bonheur. Soyez patient et ayez de la compassion. Les chemins et les rythmes empruntés sont différents. L’essentiel est que vous soyez bien ancré dans votre propre chemin pour évoluer en harmonie et en douceur en sachant que votre objectif premier est d’être en cohérence avec votre essence et d’exprimer librement votre mélodie intérieure pour vivre dans l’amour, la joie et la plénitude.
 



Imane Lahlou est née au Maroc, dans un univers où les rythmes, les couleurs et les saveurs ont façonné son enfance et son adolescence. La santé a toujours été au centre de sa vie. Ingénieure de formation et titulaire d’une maîtrise en génie chimique, naturopathe et docteure en sciences et technologie des aliments, elle propose des consultations privées, des ateliers et des conférences sur la santé et le bien-être. Elle a participé, au Monastère des Augustines, à la mise en place des soins spécialisés en santé globale et des retraites personnalisées, à l’élaboration des activités quotidiennes et à la création du concept de restauration consciente avant d’être nommée directrice du programme Expérience santé globale. Elle a publié aux éditions Le Dauphin blanc : Le plaisir et la santé dans la même assiette (2011) et La Voie de l’équilibre (2015).


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