Entretien avec Gabriel Ringlet

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Au seuil de l’éternité



Propos recueillis par Claudette Lambert - 1er août 2015

Prêtre, écrivain, journaliste et théologien belge, Gabriel Ringlet s’est fait connaître par ses prises de position humanitaires et ses nombreuses interventions dans les journaux. Il a publié une vingtaine d’ouvrages, et son livre L’Évangile d’un libre-penseur. Dieu serait-il laïque? lui a donné une notoriété internationale. Claudette Lambert a choisi de l’interviewer sur l’accompagnement des mourants, non pas du point de vue des professionnels dont c’est le métier, ni des bénévoles pour qui c’est un choix, mais des proches qui apprennent qu’un des leurs est gravement malade. Il a spontanément abordé la question de l’euthanasie, un sujet qui a soulevé beaucoup de passion au Québec au cours des dernières années. 


Claudette Lambert: L’annonce de la mort prochaine d’un conjoint, d’un enfant ou d’une personne qui nous est chère nous frappe aussi durement qu’un coup de tonnerre. Non seulement nous sommes désemparés, mais nous ne savons pas comment soutenir ni aider celui qui s’en va. Nous avons l’impression de couler avec lui, alors que nous voudrions être forts pour l’aider à traverser la frontière. J’imagine qu’il n’y a pas vraiment de recette!
Gabriel Ringlet : Non seulement il n’y a pas de recette, mais je pense que c’est chaque fois un chemin tout à fait neuf, même quand on fait ça depuis longtemps. Moi, je travaille sur ces accompagnements en fin de vie depuis quarante ans, c’est le fil rouge de toute mon existence, de toutes mes recherches en anthropologie de la mort. J’ai été pendant 10 ans aumônier d’hôpital, donc tenir la main des gens qui s’en vont, j’ai fait cela pendant des décennies, et pourtant, comme je le raconte dans Ceci est ton corps, quand ça vous arrive chez un proche, c’est chaque fois radicalement neuf. Il n’y a, à mon avis, aucun apprentissage possible. Il n’y a pas « des gens qui font ça très bien » et d’autres qui font ça beaucoup moins bien. Moi-même, regardez à quel point j’ai balbutié quand j’ai accompagné une femme dont j’étais proche. Je ne le dis peut-être pas assez dans mon livre, mais on comprend entre les lignes que je suis perdu, que je ne sais plus où j’en suis, alors que je me heurte à cela tout le temps.

Par contre, je crois que c’est quand tout va bien qu’il faut parler de la mort, y compris avec les enfants. Nous sommes tellement désemparés quand elle vient nous frapper dans nos affections!  Si un climat, j’allais presque dire une culture, n’a pas existé pendant les années qui ont précédé, ce sera d’autant plus dur. Il y a peut-être un chemin qui, intérieurement, prépare à l’intégrer dans sa vie. 

Dans notre société, nous avons peu de contacts avec la mort. Tout se passe vite, tout est masqué, maquillé, et nous retournons travailler le lendemain... Nous avons perdu cette proximité avec la mort.
G. R. : Je suis très sévère pour une société qui occulte la mort par une sorte d’organisation très fonctionnelle. J’ai fait analyser par mes étudiants les brochures funéraires en Europe, des brochures de luxe qui vous expliquent tous les services qui vont vous être rendus. Mais quand vous analysez l’idéologie de ces brochures, elles semblent vous dire: « Ne vous tracassez pas, nous prenons tout en charge, vous n’aurez rien à faire, vous n’aurez même pas besoin de prendre congé. » C’est une énormité! Puisque la mort effectue une rupture dans nos existences, nous devons oser interrompre le cours des choses pour l’accompagner. C’est normal, quand on est frappé, que cela prenne du temps.

La mort imminente d’un proche nous déstabilise. La tourmente dans laquelle nous sommes plongés est-elle désastreuse pour celui qui s’en va? Quelle distance doit-on prendre par rapport à la souffrance de l’autre pour l’aider à mourir? Est-ce qu’on a le droit de pleurer avec lui?
G. R. : Je pense qu’il n’y a aucun accompagnement qui peut fonctionner si on est tout le temps dans le contrôle de soi. Si on n’ose pas faire part de ses sentiments, ce sera encore plus dur pour lui. Il se joue très fréquemment une sorte de grande comédie. Un jour, j’arrive dans une famille où je sais qu’une personne va mourir, et les proches me disent: «Ne lui parlez surtout pas de son état. Elle est très loin, mais n’en a pas du tout conscience. Ne révélez rien de cela. » Quand j’arrive près de la dame, elle me dit: « Je vais mourir, je sais que je n’en ai plus pour très longtemps, n’en parlez pas à ma famille, car ils n’ont aucune conscience de ce qui m’arrive. » Chacun protège l’autre. La femme avec qui j’ai cheminé pendant huit mois tentait aussi de me protéger en ne me disant pas toujours ce qu’elle traversait pour que ce ne soit pas trop difficile. Pourtant, à un moment donné, nous devons libérer celui qui s’en va, et qui parfois se retient. Il sera plus serein si nous le libérons. Cette expérience a été très forte pour moi. Dire à l’autre: « Tu peux partir… » Et malgré ma longue expérience de l’accompagnement, c’est là que j’ai balbutié comme tout le monde avant que je ne trouve en moi les sentiments qui permettent de dire: « Je sais que c’est très dur de se quitter, mais tu peux y aller... » Sur ce sentier au bord du précipice, chacun avance comme il peut.

Avec un mourant, on peut conjuguer le temps au passé, au présent… mais est-il acceptable de parler de demain? N’est-ce pas lui imposer une angoisse supplémentaire? 
G. R. : Ça, c’est un immense chapitre! Je fais partie de ceux qui pensent que l’au-delà est d’abord un ici-bas, que l’éternité commence maintenant et que c’est peut-être à peine un papier de cigarette qui sépare sur ce plan-là le croyant du non-croyant.
Il y a beaucoup de choses superficielles qui sont dites à propos de l’ici-bas et de l’au-delà, comme si les choses étaient chronologiques. Il y aurait le passé, avant ma naissance, ma vie et l’au-delà. Mais comme le dit le remarquable romancier Jean Sullivan, décédé aujourd’hui: « Elle n’est pas au bout du chemin la mort, elle marche avec nos pas, elle vit, elle pleure, elle chante avec nous. Elle prépare avec nous le café du matin. » 

Mais qu’y a-t-il après? Y a-t-il un au-delà? Quand on est chrétien et qu’on parle de résurrection, que veut-on dire? Je suis convaincu qu’il y a des ressuscités parmi nous, des gens qui ont déjà franchi la frontière avant de mourir. Je ne dis pas que c’est fréquent, mais il y a des gens qui sont capables d’aller jusqu’à une extrême bonté, jusqu’à un tel don d’eux-mêmes, que la mort ne signifie plus rien pour eux. Ils sont déjà ressuscités, puisqu’ils ont changé la vie. À Auschwitz, un certain père Kolbe, qui voit qu’on va pendre un père de famille, demande aux nazis de prendre sa place, puisqu’il est célibataire et que cet homme a peut-être encore une chance d’être libéré des camps. Les nazis acceptent et il est tué à la place de l’autre… Qu’un homme soit capable d’aller jusqu’au bout dans le don de soi a déjà en quelque sorte, si j’ose employer cette expression provocante, créé la résurrection.

Il faut donc laisser la porte ouverte sur l’éternité afin de permettre au mourant d’exprimer son espérance, quelle qu’elle soit! Vous avez aussi accompagné des non-croyants. Est-ce qu’ils souffrent davantage?
G. R. : Je ne le crois pas une seconde, je n’ai jamais cru que la foi était une consolation. La foi est un labour, un combat, une transformation intérieure. Mes grands amis non croyants sont des gens qui se posent des questions fondamentales au même titre que moi, mais nous n’apportons pas les mêmes réponses. Ils me disent, bien sûr, qu’il y a un au-delà de l’homme, qu’il y a en l’homme plus grand que l’homme, mais le plus grand que l’homme que j’appelle Dieu, ils lui donnent d’autres noms.

Mystère peut-être?
G. R. : Peut-être! Vous avez d’un côté des croyants et des non-croyants d’ouverture, d’interrogation profonde, qui sont fondamentalement sur la même longueur d’ondes, même s’ils n’apportent pas la même réponse aux mêmes questions. Et vous avez de l’autre côté des gens de dogme, des gens de réponses toutes faites, qui « savent »! Je pense que devant les questions spirituelles, on ne sait pas! Et ce n’est pas péjoratif de dire qu’on ne sait pas. On creuse, on s’interroge, et c’est cela aussi être vivant. 

J’ai la chance d’accompagner des équipes médicales en soins palliatifs dans des hôpitaux catholiques, aussi bien que dans des hôpitaux laïques, et de me retrouver avec des équipes croyantes et non croyantes. Les questions qui me sont posées, de part et d’autre, sont quasi les mêmes. Les questionnements des personnes en fin de vie dans leurs établissements respectifs sont les mêmes. Les questions spirituelles traversent les frontières.

Avec la maladie, le corps se fragilise et se défait jour après jour. Comment faire face à cette expérience troublante? Vous, comment l’avez-vous vécue?
G. R. : La personne que j’ai accompagnée a d’abord vécu un cancer et, après une année qui a été très belle, le cancer s’est généralisé. Pendant huit mois, l’équipe médicale a tenté de travailler chirurgicalement sur ce cancer généralisé. J’ai donc assisté à cette diminution, à cette fragilisation… Mais le corps reste immense, même au cœur de la plus terrible des dégradations. C’est très difficile à comprendre, mais pour moi, c’est un socle déterminant. J’ai vécu des accompagnements particulièrement exigeants. Un jour, un monsieur m’a appelé au secours en me disant: « Ma femme a un cancer du visage, la tumeur a 10 centimètres, elle ne voit presque plus, elle ne sent plus, elle ne goûte plus et les enfants ne veulent plus venir voir leur maman parce qu’elle est complètement défigurée. » Bien sûr, c’était atroce pour eux de voir leur mère subir une dégradation à ce point spectaculaire. Le papa était doublement désespéré; il allait perdre son épouse et ses enfants également, car il ne supportait pas qu’ils ne viennent pas voir leur maman. Et moi, je me trouvais au milieu des deux, je comprenais bien le chagrin de cet homme, mais aussi la peur des enfants. Ça ne se force pas. Ils aimaient leur mère, mais il y avait un barrage physique qui entraînait un barrage psychologique.

Alors, comment se préparer à accueillir le corps, même quand il n’est plus qu’un déchet, même quand il est apparemment vidé de choses essentielles, alors que, pourtant, il est peut-être au sommet de son humanité? Le corps reste sacré jusqu’au bout, ne fût-ce que dans les conditions les plus dramatiques où il devient cadavre. « Ceci est ton corps », et je fais route avec lui.

Cette dégradation nous amène peut-être à voir celui qu’on aime dans son essence même, bien au-delà de l’apparence. Notre société ne nous apprend pas à voir ça!
G. R. : Vraiment pas! Cela m’amène à vous parler d’un tout autre sujet que je puis accepter uniquement sur le plan éthique. Quand, pour un individu, la souffrance devient tellement insurmontable, lorsqu’on a tout tenté sur le plan des soins palliatifs et qu’on est en situation d’échec, il reste à se tourner vers l’euthanasie. 

Ce n’est pas contradictoire avec le caractère sacré du corps?
G. R. : C’est une question de conscience devant la souffrance de l’autre. Ce sera l’objet de mon prochain livre, mais je peux tout de même vous en dire un mot. Puisque j’ai la chance de travailler aux soins palliatifs dans un hôpital catholique, je trouve intéressant, quand nous parlons d’euthanasie avec le médecin chef, qu’il n’y ait pas d’ambiguïté. Nous avons la conviction intime, en conscience, qu’il y a des situations d’impasse. Et même lorsque les soins palliatifs sont pratiqués avec le maximum de ce que l’on peut faire en ce domaine, c’est-à-dire soulager la souffrance pour qu’elle reste vivable et permettre en même temps au patient de rester en communication avec ses proches, nous sommes parfois devant des situations d’échec absolument radical. Que fait-on dans ce cas-là? Il n’y a guère que deux solutions: la sédation palliative ou l’euthanasie.

La sédation palliative, définitive, irréversible, c’est ce que je dirai dans mon prochain livre, est selon moi plus grave que l’euthanasie, y compris éthiquement, parce qu’elle consiste à couper la relation et la communication avec ce qui advient. 

On vous donne des médicaments qui vont vous faire mourir, non pas dans la minute, mais dans les jours qui suivent selon le dosage et le type de sédation utilisé. Mais éthiquement, celui qui donne la sédation sait qu’il fait mourir, qu’il construit la mort de l’autre explicitement. Les éthiciens jouent sur les mots en disant qu’il n’a pas l’intention de tuer, que la mort est un effet secondaire. En donnant la sédation, je veux calmer la souffrance et l’angoisse terrible. Alors, nous sommes là avec la famille, avec l’équipe médicale, et nous disons au patient qu’il va être endormi, qu’il faut se dire au revoir, puisque nous ne nous reverrons plus. Ce sont des expériences que je vis régulièrement. Et les proches viennent le lendemain, ou le surlendemain, voir quelqu’un dans un coma proche de la mort jusqu’à ce qu’on leur dise qu’il est parti.

Par ailleurs, toutes les expériences que j’ai eues autour de l’euthanasie dans un hôpital catholique ont donné lieu à une extraordinaire discussion, y compris spirituelle. Autrement dit, on accompagne la famille et le patient qui a demandé l’euthanasie dans les conditions légales, comme cela a été voté au Québec. On accompagne aussi l’équipe soignante, les infirmières, les médecins, les bénévoles, car tout le monde n’est pas nécessairement d’accord avec la décision. Il nous arrive de prendre plusieurs mois avant d’accepter une demande d’euthanasie, pourtant légale, pour être sûr que tout a été mis en place pour soulager le malade. Comme nous n’arrivons plus à soulager, en conscience nous prenons une décision radicale, mais dans un dialogue permanent avec toutes les parties.

Résultat: vous voyez des gens qui vont recevoir l’euthanasie et qui partent non seulement avec sérénité, mais avec le sentiment qu’il s’est passé quelque chose d’intense, de très grand. Moi, je ne m’attendais pas du tout à ce qu’un jour, des médecins m’appellent en me disant: « Voulez-vous bien nous dire comment accompagner spirituellement l’équipe à ce moment-là. » Effectivement, comment faire en sorte que ce ne soit pas que technique, c’est-à-dire un médecin qui donne une piqûre, mais que ça aille jusqu’à la création d’un rituel au sens proprement symbolique. Comment créer une cérémonie, un contexte où on pose les questions de sens! Qu’est-ce qui se passe dans ce geste d’adieu que vous avez choisi. Pouvons-nous célébrer cela?

 Vous savez sans doute qu’il y a, au Québec, un mouvement de personnes qui ont une tout autre opinion sur l’euthanasie et la sédation palliative.
G. R. : Je sais! Mais jamais personne ne répond à mes arguments. Ils ont une position de principe, mais quand je leur dis: « Devant la souffrance irrépressible, que faites-vous? », ils me répondent: « La sédation! » Oui, mais expliquez-moi, c’est de toute façon donner la mort.

Certains médecins disent que la sédation ne donne pas la mort, qu’elle ne fait qu’endormir la souffrance physique et morale qui est devenue insupportable.
G. R. : Peut-être qu’on s’endort, soi!

La personne en fin de vie a un réseau de liens, mais il arrive que certains proches prennent possession du mourant et l’empêchent en quelque sorte de boucler les boucles avec tout le monde. Comment dénouer l’impasse?
G. R. : Il y a énormément de situations psychologiques et relationnelles très délicates qui se jouent en fin de vie. Il faut rester très attentif à ce hold-up pour que la personne qui s’en va ne soit pas dessaisie de ses propres choix, de sa propre volonté. Alors, comment créer le climat le plus ouvert, le plus serein possible, sans aucune force de possessivité? En soins palliatifs, le patient est au cœur de cette présence, mais on accompagne presque autant ses proches, y compris pour les aider à comprendre que leur souffrance les amène peut-être à trop de possessivité. Il arrive même qu’on leur demande de prendre un peu de distance. C’est très subtil et très beau en même temps. Heureusement, le rendez-vous de la mort ouvre le chemin, fait en sorte que des proches réussissent beaucoup mieux qu’ils ne le faisaient auparavant. La mort est quand même très révélatrice. On doit aussi accompagner les soignants qui peuvent être bouleversés par tel ou tel patient.

Mais les soignants restent du côté des vivants. Ils rentrent chez eux le soir, ils retrouvent leur vie, leur famille, tandis que le proche reste du côté de la mort pendant parfois de longues semaines. Est-ce dangereux pour son équilibre?
G. R. : C’est vrai que les soignants retrouvent leur quotidien, mais tous me disent que c’est extrêmement dur et que ce n’est pas si vrai qu’ils rentrent à la maison et s’intéressent à autre chose. Non! Ce qu’ils viennent de vivre de si intense les poursuit parfois, au point que les leurs peuvent avoir quelque peine à les rejoindre. Il est donc important d’accompagner aussi les accompagnants et de prévoir des réunions d’équipe qui permettent de libérer la parole. Il ne faut pas que tous ceux qui sont en première ligne, en train de vivre des émotions très fortes, se retrouvent soudain avec cet espèce de « clash » entre la vie de tous les jours et ces moments intenses. Comment retrouver un bon équilibre qui soit un retour vers le quotidien, mais pas avec une rupture radicale? Et c’est encore beaucoup plus fort après un acte d’euthanasie. Des médecins m’ont dit qu’ils ont besoin de nombreuses heures, de ne voir personne, de partir dans la nature pour se retrouver profondément avec eux-mêmes. Ils ont posé un acte de transgression, il faut oser le dire, et ils doivent l’intégrer. Ils l’ont posé pour de bonnes raisons, parce que la maladie était d’une telle violence qu’ils étaient en état de légitime défense. 

On ne peut qu’être opposé à l’euthanasie par principe, mais n’y a-t-il pas des cas, peu nombreux, où on n’y échappe pas? Mettre fin à la vie de quelqu’un est un mal, mais le laisser souffrir alors qu’aucune autre solution n’a fonctionné en est un autre. Il y a un tout petit espace où il n’y a aucune solution. C’est terrible. Ne faut-il pas choisir le moindre mal? Il n’y a que la conscience qui peut trancher.

Sans doute, mais c’est une décision bien lourde à porter autant pour l’équipe médicale que pour les familles. Personne n’en sort indemne, et il faut certainement du temps pour intégrer l’impact émotif de cet événement.

 


 



 


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