Entretien avec Catherine Potvin

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Pour une suite du monde… écologique et solidaire!



Propos recueillis par Claudette Lambert – 1er décembre 2023

Professeure au département de biologie de l’Université McGill à Montréal et titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l’atténuation des changements climatiques et la forêt tropicale, Catherine Potvin est aux premières loges des désastres écologiques qui menacent nos vies. « Le système humanitaire mondial est au bord de l’effondrement, la dépendance de l'humanité aux énergies fossiles a ouvert les portes de l'enfer… » affirmait Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU. Devant cette catastrophe annoncée, Catherine Potvin nous parle de son engagement au quotidien. 

 

Mon engagement vient de la certitude absolue d’une catastrophe annoncée.


Claudette Lambert : Votre intérêt pour l’écologie remonte au début de votre carrière, mais il y a 40 ans, on ne parlait pas d’écologie avec la même urgence que maintenant.
Catherine Potvin : Non, mais il y avait tout de même des préoccupations très importantes, nous étions en pleine époque des pluies acides. Ça mettait nos lacs en péril et on se préoccupait beaucoup de la pollution atmosphérique dans nos vies. Il y avait aussi l’inquiétude concernant le trou d’ozone et ces préoccupations étaient largement diffusées dans le public. Mais au point de vue plus spécifique, les grandes conventions internationales qui gèrent l’environnement, la Convention sur la diversité biologique, la Convention des changements climatiques, la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, sont des conventions qui ont été signées vers 1992, il y a quand même trente ans. Or, le processus qui mène à développer un document international de cette portée-là est long, donc ça faisait au moins dix ans que les négociations étaient entamées, mais c’était moins connu du grand public. Quand on parle de l’historique de toute cette mouvance environnementale, on fait souvent référence au rapport Brundtland en 1987, c’est le rapport qui pour la première fois a utilisé le terme développement durable. Ce rapport disait que si les sociétés humaines continuent à se développer de cette façon, nous allons vers un désastre environnemental. Alors ce n’est pas d’hier que les scientifiques sonnent l’alarme.

Votre engagement est-il lié aux valeurs familiales? 
C.P. : À la base, je suis biologiste et c’est une passion, c’est le plaisir. Il n’y a rien qui me passionne autant que de regarder des fleurs, des plantes. Peut-être que ça vient de la famille, car mes parents nous ont beaucoup mis en contact avec la nature. Mon père venait d’une famille d’agriculteurs, mes oncles et tantes étaient agriculteurs, donc nous étions souvent en dehors de la ville. Mes frères et sœurs ne sont pas devenus biologistes pour autant, donc il y a une part de moi là-dedans. Mon engagement vient d’une certitude absolue d’une catastrophe annoncée. Mon engagement, c’est d’essayer d’éviter cette catastrophe. 

Quels ont été les grands virages qui vous ont amenée là où vous êtes aujourd’hui?
C.P. : Je crois beaucoup au hasard, il y a des choses qui arrivent et tout à coup tu prends un virage imprévu. Après avoir étudié en biologie à l’Université de Montréal, je suis allée faire un doctorat en écologie végétale de l’Université de Duke aux États-Unis. Je savais déjà que je voulais travailler sur des problèmes environnementaux, mais mon patron de thèse de doctorat travaillait sur les changements climatiques. Au début des années 1980, je n’avais pas prévu travailler là-dessus, je l’ai fait, je dirais, par hasard. Donc très tôt dans ma carrière, j’ai été mise en contact avec les changements climatiques, et là c’est devenu, non pas une passion, mais une véritable obsession. J’ai été propulsée dans ce laboratoire où nous étions vraiment les pionniers au niveau mondial qui observaient les changements climatiques. Évidemment, ça te forme. Plusieurs années plus tard, par hasard aussi, j’ai commencé à travailler avec les peuples autochtones du Panama. À l’époque, je n’étais pas intéressée par la forêt tropicale, mais par la diversité biologique. Or, cette diversité se trouve dans les tropiques, donc j’y suis allée pour essayer de comprendre comment fonctionnaient les écosystèmes tropicaux et là j’ai entendu dire qu’au Panama il y avait encore des peuples autochtones qui vivaient de façon très traditionnelle. Ça ressemblait un peu au National Geographic, mais ça m’a attirée et mes contacts avec eux ont complètement changé ma façon de fonctionner et de faire de la recherche parce que je me suis mise à m’intéresser à la place de l’humain dans l’écosystème. Ces peuples m’ont appris qu’il n’y a pas d’écosystème sans humains. 

Vous étiez alors chez les Emberá qui vivent dans des territoires difficilement accessibles et qui se peignent le corps en bleu.
C.P. : Oui. Ce lien très fort entre nature et société humaine, ce sont les Emberá et d’autres communautés autochtones avec lesquelles j’ai collaboré qui m’ont permis de le découvrir. À leur contact, j’ai compris que je n’avais rien compris! Faire de la recherche, c’est être en permanence confronté à son ignorance. Quand j’ai approché le peuple Emberá avec lequel je travaille encore d’ailleurs, j’avais toutes sortes de questions vraiment stupides. Pourquoi coupez-vous la forêt? Je n’avais pas compris la force du lien de dépendance que ça prend pour vivre en équilibre avec un écosystème. Nos sociétés sont complètement divorcées de nos écosystèmes, on a oublié notre lien de dépendance et c’est pour ça qu’on cause plein de catastrophes. Ces peuples ont une façon beaucoup plus sage de se relier avec la nature. Pour moi, c’est une joie et un entraînement permanent de travailler avec eux. 

Comment ont-ils modifié votre travail de chercheuse?
C.P. : Parce que j’ai commencé à inclure un volet humain. Moi je suis biologiste, pas une anthropologue. Avec eux, j’ai compris qu’on ne va jamais protéger les forêts sans les personnes. C’est vrai aussi au Québec. On ne va pas protéger notre nature si le monde crève de faim. Le concept du développement durable, c’est de trouver cet équilibre qui nous échappe.

Notre quête incessante de confort et de modernité nous mène tout droit au précipice. Quelle serait aujourd’hui votre définition du progrès? 
C.P. : C’est sûr qu’avec notre mode de vie nous sommes des prédateurs. Nous n’en avons jamais assez. Le véritable progrès pour moi serait de retourner à la collectivité, il n’y a pas de solution sans ça. Les biens devraient être collectifs. Regardons notre belle banlieue verte où chaque propriétaire a sa tondeuse à gazon. C’est absurde, il pourrait y avoir une tondeuse à gazon pour trois rues. Et nous pourrions multiplier le nombre de ces biens qui pourraient être partagés. J’étais cet été dans un lac pendant qu’il faisait chaud et je voyais tous les bateaux à moteur. Les gens les utilisent environ 25 heures dans l’été. Pourquoi il n’y aurait pas des Cummunauto de bateaux à moteur! Je ne pense pas que l’avenir c’est nécessairement d’abandonner toutes les choses que la modernité nous a données, mais nous devons certainement remettre en question le bienfait de cette individualisation. Moi je pense que c’est très pernicieux.

Mais on ne peut plus vivre comme nos grands-parents, les progrès technologiques font partie de nos vies. Comment changer nos sociétés et inverser le mouvement?
C.P. : Au Québec, on voit des initiatives extrêmement intéressantes. Les autos partagées, les épiceries zéro déchet… Il y a quand même un mouvement de personnes qui essaient de réfléchir à la mise en commun. C’est sûr que les technologies de l’information nous permettraient de le faire beaucoup plus. C’est une avenue intéressante qui permettrait de continuer à bénéficier de choses dont on ne veut pas se priver, mais sans continuer à dévorer la planète comme on le fait.

Quand les scientifiques disent qu’au mois d’août on a épuisé les ressources que la terre peut donner en une année, cela signifie que le reste du temps nous vivons sur nos réserves qui s’épuisent d’année en année.
C.P. : Le pétrole est un vieil acquis. On parle de plantes qui se sont décomposées pendant des millions d’années et qu’on a commencé à extraire il y a moins de cent ans. C’est vertigineux! Le mouvement s’est accéléré avec la Deuxième Guerre mondiale et on pompe dans l’atmosphère tout ce gaz carbonique qui a été produit et stocké sur des millions d’années. Avec une accélération de ce que l’on prend, c’est évident qu’on s’en va dans un mur. Cet été au Québec, si les gens n’ont pas compris qu’on avait besoin d’un sérieux coup de barre, je pense qu’ils ne le comprendront jamais.

Individuellement, nous sommes bien impuissants. Nos pauvres petits gestes semblent bien dérisoires à côté des grandes industries polluantes et de la frilosité des politiques gouvernementales.
C.P. : Moi je pense que le petit peu qu’on fait est important. Je pense aussi que les gouvernements devraient réagir avec beaucoup plus de vigueur. Il y a deux raisons pour lesquelles les petits gestes sont importants. D’abord pour être capables de se regarder dans le miroir. Moi j’ai des petits-enfants et un jour je vais devoir leur rendre des comptes, car ils vont prendre note de l’état dans lequel on aura laissé la planète. Je pourrai dire que je me suis battue toute ma vie pour éviter ça. Il y a quelque chose de profondément satisfaisant à vivre une vie droite, une vie cohérente avec des valeurs qu’on cherche à défendre parce qu’on les sait bonnes. C’est pour ça qu’être capable de se regarder dans le miroir, c’est vraiment important dans le grand livre des choses. Plus il y aura de gens qui font des petits gestes et qui veulent des changements, plus les gouvernements auront le courage de mettre en œuvre les moyens de nous aider à maximiser nos efforts. On est limité à ce que la société nous offre, il faut que le gouvernement agisse pour multiplier les effets. Si une grande partie des citoyens le demandent, le gouvernement va nous offrir des possibilités parce que tout ce qu’il veut, c’est être réélu. Les politiciens sont opportunistes, si la plupart des gens veulent plus de transports en commun, ils vont développer le transport en commun. Donc nos petits gestes individuels sont très importants pour stimuler l’action politique à long terme.

Le prix des voitures électriques nous fait frémir…
C.P. : C’est sûr que le prix est un frein pour beaucoup de personnes, mais la voiture électrique n’est pas la solution, c’est le transport en commun qui est la solution. Il faut pouvoir se déplacer à l’intérieur des villes et d’une ville à l’autre, sans être obligés de posséder une voiture. La moitié des émissions d’une voiture, c’est sa construction. Avec la voiture électrique, on élimine 50% des émissions, pas 100%.

Certains produits soi-disant écologiques sont le fruit du travail des enfants, ou encore ont provoqué la destruction d’un environnement. Les scientifiques peuvent nous aider à faire des choix éclairés, mais encore faut-il que leurs recherches se rendent jusqu’à nous.
C.P. : C’est intéressant parce qu’il y a dix ou quinze ans, dans la stratégie climatique du gouvernement du Québec, ils avaient dit qu’ils allaient créer un logo qui donnerait un étiquetage carbone pour tous les biens vendus. En faisant mon épicerie, je voulais réduire mon empreinte carbone et je lisais chaque petit pot pour connaître son contenu, son origine et le voyage qu’il avait fait pour parvenir jusqu’ici. Qui a le temps de faire ça? Il faut être drôlement motivé! L’étiquetage carbone me semblait être une bonne solution, mais extrêmement compliquée à faire quand les produits ont été modifiés ou qu’ils ont traversé la moitié de la planète. L’idée était excellente, mais la mise en œuvre difficile. Ce que je recommande c’est d’avoir quelques principes de base. Éliminer les choses qui ont voyagé de très loin. Les produits locaux permettent d’avoir plus de contrôle sur les conditions de la main-d’œuvre qui produit la denrée, car ils sont régis par nos législations. Nous pouvons aussi critiquer le suremballage, le vrac est toujours une meilleure solution. Ces quelques principes peuvent nous faire éviter plusieurs catégories d’aliments.

Diriez-vous que la pandémie nous a aidés à moins consommer?  
C.P. : Nous avons eu une courte période de sobriété, mais qui n’a pas été durable. Tout est reparti sur les chapeaux de roues. Les voyages ont repris de plus belle, les gains qu’on avait réalisés pendant la pandémie ont reculé, car tout le monde veut acheter et voyager sans s'interroger sur ses choix. 

Quel rôle les médias peuvent-ils jouer comme courroie de transmission du savoir et de l’information?
C.P. : Le rôle des médias est fondamental parce que nous les chercheurs nous ne sommes pas formés pour parler au public. Il n’y a rien de pire pour un scientifique que de ne pas avoir le chiffre exact. Nous passons notre vie à essayer d’être précis dans le choix des mots, nous ne voulons pas parler de choses dont nous ne sommes pas absolument sûrs. De plus, nous avons nos biais de communication et nous tombons facilement dans le jargon scientifique. La communication, ce n’est pas notre métier premier, voilà pourquoi c’est extrêmement utile d’avoir des médias pour parler aux gens. Quand je donne un cours devant 30 ou même 200 élèves, c’est peu! Une conférence où il y a 1000 personnes c’est incroyable! Les médias ont la capacité de parler à beaucoup plus de gens et d’avoir des traducteurs d’information. Les bons journalistes font un excellent travail de vulgarisation. Quand on me demande de collaborer avec des médias, il me faut une bien bonne raison pour décliner l’invitation. Les réseaux sociaux véhiculent des informations non vérifiées, ils lancent dans l’univers des faits sans aucune validation ce qui est très dommageable, alors qu’un journaliste sérieux et indépendant vérifie ses informations.

Le pacte de transition lancé par Dominique Champagne en 2018 aurait touché, dit-on, près de 300 000 personnes. La mobilisation est-elle retombée depuis?
C.P. : C’est toujours difficile de mesurer l’effet des choses. C’est sûr que ce pacte a montré qu’il y avait quand même un bon nombre de personnes convaincues de l’urgence d’agir. En même temps, ça démontre à quel point il faut de l’énergie pour maintenir la vitalité d’un mouvement comme celui-là. Finalement, ce beau feu d’artifice n’a pas donné lieu à beaucoup de retombées. Quoi que, les politiques gouvernementales concernant le climat étaient à ce moment-là au point mort et voilà que monsieur Fitzgibbon a récemment affirmé qu’on devrait réduire de 50 % le parc automobile. C’est tout de même un gouvernement qui chemine dans sa réflexion. Je pense que le pacte a été très important en montrant qu’on ne peut pas faire semblant que les problèmes n’existent pas.

Devant l’ampleur des dégâts, nous perdons espoir. Les prédictions les plus épouvantables sont en train de se réaliser. Avons-nous encore quelques voies de sortie?
C.P. : En général, je ne parle pas d’espoir. Je reviens à ce que je vous disais plus tôt : il faut se regarder dans le miroir. Face aux changements climatiques et aux perturbations de l’environnement, c’est à chacun de nous à décider. Je dirais que l’espoir n’entre pas en compte, pour moi c’est une question de devoir. Tu fais ce que tu as à faire pour que ce soit le moins catastrophique possible.

Tous les mouvements de centralisation, d’urbanisation, de mondialisation sont pratiquement impossibles à inverser. 
C.P. : L’urbanisation c’est plutôt un bon mouvement parce que c’est plus facile de faire décrocher une ville des combustibles fossiles que les campagnes. En densifiant la population, la mobilité est réduite. Et la mobilité est actuellement un de nos pires problèmes. Donc l’urbanisation ce n’est pas nécessairement mauvais et en plus, cela permet de ne pas toucher le territoire agricole. Je pense que Montréal est une ville qui fait beaucoup d’efforts dans le bon sens. Une ville dense mais vivable. La mondialisation est plus problématique, car elle implique le transport et la circulation des biens à grande échelle. C’est pourquoi l’achat local est vraiment important.

Nos choix de loisirs soulèvent plusieurs questions éthiques. Je pense entre autres aux magnifiques bateaux de croisière qui déversent leurs 2000 personnes dans de petites localités… 
C.P. : Il y a une réaction au niveau mondial de plusieurs pays qui veulent limiter le tourisme. Moi je suis très critique face aux voyages parce qu’il y a de très belles choses à voir juste à côté de nous. On n’a pas besoin de prendre l’avion tout le temps. Évidemment, personne ne défendrait la proposition d’arrêter les voyages internationaux. Si c’est important pour nous d’aller sur un autre continent, on devrait prendre un avion et ensuite explorer avec les transports en commun. Ce n’est peut-être pas nécessaire de visiter toutes les grandes capitales d’Europe en une semaine, ou d’aller faire du trekking dans l’Himalaya. On peut aussi en faire dans les Appalaches. Peut-être que les Appalaches n’offriront rien aux alpinistes de haut niveau, mais pour la plupart des gens, il y a beaucoup de choses proches qui sont accessibles. D’ailleurs, si les gouvernements faisaient vraiment ce qu’ils doivent faire, il y aurait des trains qui nous permettraient de voyager. C’est un grand problème en Amérique du Nord.

Je sais bien que c’est une question sensible, mais comment voyez-vous l’avenir de vos petits-enfants? 
C.P. : … je ne veux pas penser à ça… Il y a un projet très intéressant créé par Laure Waridel et Anaïs Barbeau-Lavalette : le groupe Mères au front. Un de leur projet est La chaise des générations. Dans leur municipalité ou leur village, les mères et grands-mères font équipe avec une école pour la transformation, à l’aide de matériaux recyclés, d’une chaise récupérée localement. Décorée par les enfants, la chaise est offerte au Conseil municipal, pour qu’elle soit placée en permanence autour de la table où se prennent les décisions, afin qu’une voix symbolique soit accordée aux générations futures. Cette chaise des générations représente leur voix, elle rappelle aux élus que les décisions qu’ils prennent vont avoir un impact sur les générations à venir. C’est très beau et je pense que c’est la seule façon de penser à nos petits-enfants…  
 



Catherine Potvin a été sélectionnée comme l’une des 23 femmes visionnaires pour l’avenir du Canada par l’initiative Une vision intrépide.


Commentaires



 

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4 décembre 2023

Je suis bien contente de connaître un peu Mme Catherine Potvin. J'apprécie la pertinence visionnaire de ses réponses.

Par Agathe Brodeur
2 décembre 2023

Cet article est merveilleux ! Cette femme parle en nos noms. Je me sens très responsable et impliquée personnellement en ne mangeant pas les animaux, en tentant de ne pas favoriser un animal plus qu'un autre et en essayant du mieux que je peux à respecter nos consommations, nos déchets. Si chacun fait sa part tout en se conscientisant face au respect de toute vie sur notre planète, on va ainsi contribuer à sauvegarder la vie et l'amour entre nous tous, animaux et humains

Par Louise Pelletier

Dernière révision du contenu : le 8 décembre 2023

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