Un secret bien gardé : les médecins coordonnateurs en don d’organes et de tissus du CHU

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Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville1 où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est important, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.
 

Dans cette édition : la Dre Florence Cayouette et le Dr Charles-Langis Francoeur, intensivistes et médecins coordonnateurs. 

 

Bien que l’une travaille auprès des enfants et l’autre auprès des usagers adultes, tous deux sont des médecins spécialisés en soins intensifs qui se transforment en chef d’orchestre lorsqu’une possibilité de don se présente dans l’un des hôpitaux du CHU de Québec-Université Laval (CHU). En cette Semaine nationale du don d’organes et de tissus 2024, Le Chuchoteur vous emmène à la rencontre de la Dre Florence Cayouette et du Dr Charles-Langis Francoeur.

Le processus du don d’organes et de tissus est délicat et complexe; il nécessite la collaboration de beaucoup d’intervenants : médecin traitant, médecin transplanteur, infirmières, inhalothérapeutes, équipes des laboratoires et d’imagerie médicale, infirmières de liaison et coordonnateurs de Transplant Québec, travailleuse sociale, intervenant(e) en soins spirituels, etc.

Pour que tout se déroule de manière optimale, autant pour le donneur et sa famille que pour les équipes de soins, il faut que chacun connaisse bien son rôle, mais il faut aussi que quelqu’un coordonne les opérations et soit en mesure d’anticiper et de régler les problèmes qui pourraient survenir (question éthique, accès au bloc opératoire, manque de personnel, etc.). C’est entre autres la responsabilité du médecin coordonnateur en don d’organes et de tissus.

Au CHU de Québec-Université Laval, ils sont deux : la Dre Florence Cayouette pour les dons pédiatriques et le Dr Charles-Langis Francoeur pour les dons adultes.

« L’aspect de notre rôle le plus connu est celui de la coordination, mais il y a plus : il y a le rôle d’expertise pour les questions médicales, procédurales ou éthiques. Il y a aussi les bonnes pratiques à mettre en place et les ajustements de protocole : par exemple, avec la possibilité de faire un don d’organes après l’aide médicale à mourir, il a fallu construire une trajectoire (approche des patients, évaluation pré-don en contexte palliatif, etc.). Et il y a aussi la formation qui se fait auprès des médecins, des inhalos, des infirmières… », détaille le Dr Francoeur.

« Le rôle est un peu différent pour la pédiatrie, principalement parce que les cas demeurent rares, mais aussi parce que les enfants n’ont pas manifesté leurs volontés et qu’il n’y a pas de registre de donneurs pédiatriques. Ma responsabilité est, entre autres, d’entretenir une culture où tous les donneurs potentiels sont bien identifiés, en évitant tout conflit d’intérêt. C’est pour cette raison que le médecin traitant fait appel aux infirmières de liaison de Transplant Québec lorsque le moment arrive de discuter de la possibilité du don d’organes avec la famille », précise la Dre Cayouette. 

Les infirmières ressources en don d’organes et de tissus sont aussi toujours présentes « sur le terrain » pour que le processus de don soit le plus efficace possible et pour soutenir l’équipe médicale.
 

L’augmentation des dons… et des enjeux

En 2023, la forte augmentation des dons observée au Québec s’est également concrétisée au CHU de Québec-Université Laval. Selon le Dr Francoeur, elle résulterait de plusieurs facteurs : « Il y a un changement des mentalités : les gens signent plus les registres et font mieux connaître leurs volontés à leurs proches. Il y a aussi certainement des ajouts qui sont dus aux cas d’aide médicale à mourir, mais selon moi, c’est aussi tout le travail de sensibilisation, d’éducation, d’amélioration des approches et de l’identification des références qui, finalement, paye. »

Bien que cette augmentation soit la bienvenue, elle représente tout de même un grand défi, puisque les ressources n’augmentent pas au même rythme que les besoins… « Chez les adultes, c’est vraiment le problème principal : manque de lits de soins intensifs, accès difficile au bloc opératoire, peu de médecins transplanteurs, nombre de coordonnateurs chez Transplant Québec... Quand plusieurs cas se présentent en même temps, il devient difficile de fournir à la demande, ce qui induit des délais qui se répercutent sur les familles », commente le Dr Francoeur.

Selon la Dre Cayouette, les enjeux sont différents en pédiatrie : « Les cas sont rares, alors quand il y a un donneur potentiel, il n’y a pas nécessairement d’enjeux organisationnels. Par contre, il y a toujours du roulement dans les équipes, ce qui signifie que la formation est souvent à refaire. Il y a aussi l’enjeu d’élargir aux autres unités, de ne pas considérer que le don est "réservé" aux cas de soins intensifs, car il y a des donneurs potentiels sur d’autres unités, par exemple à l’unité néonatale. Si j’avais une baguette magique, j’aimerais qu’il existe un système de référencement automatique pour identifier le plus de donneurs potentiels et pour éviter les biais. »

Malgré les enjeux rencontrés, les deux médecins s’entendent pour dire que le travail d’équipe, le soutien des collègues et la collaboration de tous les intervenants fait toute la différence. « C’est difficile parce qu’on manque de ressources, mais point de vue humain, il y a une motivation et une mobilisation impressionnantes. C’est une cause qui vient chercher quelque chose chez les gens; ils ont l’impression, et à juste titre, de contribuer à quelque chose de très important », souligne le Dr Francoeur. 

« Ce sont des cas très prenants et, quand ils arrivent, ils nous soudent comme équipe. On n’est jamais seul là-dedans », conclut la Dre Cayouette.

 


Comment contribuer au don d’organes et de tissus?

Si vous désirez faire don de vos organes et de vos tissus au moment de votre décès, il est important d’en informer vos proches. Il est également important de signifier votre volonté en signant l’autocollant à apposer au dos de votre carte d’assurance maladie et en inscrivant votre décision au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Régie de l’assurance maladie du Québec ou dans le Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec.

Suivez ce lien pour en savoir plus!   


Pour plus d’informations sur le don d’organes et de tissus : 



 


Note
1.    92,9 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’employés (14 000) du CHU. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/ 


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Dernière révision du contenu : le 22 avril 2024

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