Un secret bien gardé : les infirmières de liaison en don d’organes et de tissus

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Un établissement hospitalier comme le CHU de Québec-Université Laval (CHU), c’est l’équivalent d’une ville1 où s’activent des femmes et des hommes dont le travail est important, mais parfois méconnu. La chronique Un secret bien gardé vous invite à découvrir leur histoire et leurs talents.

 

Dans cette édition : Annick Pitre et Valérie Fortier, infirmières de liaison en don d’organes. 

 

En cette Semaine nationale du don d’organes et de tissus, qui se déroule du 23 au 29 avril 2023, nous vous invitons à rencontrer deux infirmières de liaison en don d’organes. Bien qu’elles le jouent souvent dans l’ombre, leur rôle est essentiel dans le processus de don.

Quand il y a don d’organes et de tissus lors d’un décès, il y a d’une part les équipes de soins qui doivent agir rapidement et, d’autre part, les proches qui sont sous le choc. C’est pourquoi une infirmière de liaison en don d’organes est présente dès le début du processus pour répondre aux questions cliniques des intervenants, mais aussi pour renseigner les proches et leur offrir du soutien. C’est le rôle que jouent Annick et Valérie pour Transplant Québec dans les hôpitaux du CHU de Québec-Université Laval (CHU).

Comme l’explique Annick, « les infirmières de liaison permettent de faire une coupure avec l’équipe médicale; elles peuvent se consacrer entièrement à la famille, pendant que le personnel soignant est dans l’action et doit se concentrer sur le donneur potentiel. Et chez Transplant Québec, nous avons la chance de recevoir des formations sur le deuil et sur l’accompagnement des familles. Ce n’est pas toujours évident pour les équipes de soins de trouver les bons mots pour consoler des enfants qui sont en train de perdre un papa un ou une maman ou pour soutenir une personne qui perd son conjoint ou sa conjointe. »
 

L’appel de la cause

D’abord infirmière en cardiologie et en pneumologie pendant neuf ans à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, Valérie en a vu des patients en attente d’une greffe! « C’est là que j’ai eu le déclic et que j’ai eu envie de mieux comprendre le processus : d’où viennent les organes, pourquoi le processus est compliqué et pourquoi les patients attendent souvent longtemps. »

Pour sa part, Annick a beaucoup travaillé aux soins intensifs à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus et a été  infirmière ressource en don d’organes et de tissus pour le CHU avant de joindre l’équipe de Transplant Québec2. « La cause du don d’organes m’a toujours interpellée. Aux soins intensifs, chaque fois qu’il y avait un don d’organes, j’étais vraiment impressionnée par la cause, mais aussi par le fait de sauver des vies et par tout le processus qui est autour : l’évaluation du patient, des organes et des receveurs potentiels. Je me sentais beaucoup interpellée par la cause du don, mais aussi par la différence qu’on peut faire dans la vie des gens. »

Autant pour Valérie qu’Annick, c’est d’abord de pouvoir répondre aux volontés d’une personne qui les motive le plus, d’autant plus que ces volontés permettent de sauver des vies et, dans les cas de don de tissus, peuvent permettre à des gens de retrouver une meilleure santé. 

L’accompagnement des familles est une autre partie de leur travail qu’elles aiment beaucoup et qui lui donne une tout autre dimension : « quand on accompagne les membres d’une famille, on les aide à trouver un sens à leur peine. Savoir que la personne a pu donner ses reins à quelqu’un, savoir que son cœur continue de battre, ça vaut de l’or pour les familles », disent-elles.

Évidemment, il faut être solide pour affronter la mort et des situations dramatiques tous les jours! Côté boulot, Valérie et Annick peuvent compter sur le soutien de la petite équipe bien soudée de Transplant Québec et sur les services d’aide offerts aux employés. De plus, des débriefings fréquents permettent aux infirmières de liaison et aux coordonnateurs de parler librement des situations qu’ils vivent. Côté personnel, elles maintiennent un bon équilibre en consacrant chacune du temps à leur famille, à leurs projets et aux activités sportives.
 

Une mission d’éducation

En plus d’être présentes lors d’un processus de don, les infirmières en don d’organes et de tissus sont aussi responsables du « développement hospitalier », ce qui englobe des activités telle que former et informer les intervenants, développer des outils pour faciliter le processus de don pour les équipes soignantes (ordonnances collectives, formulaires…), participer aux activités promotionnelles (conférences, kiosques…) et s’assurer que la procédure suivie dans les hôpitaux respecte les normes d’Agrément Canada.

Ce volet éducatif est aussi très important pour Valérie et Annick. Du côté clinique, elles aimeraient notamment que chaque intervenant se sente interpellé et réalise qu’il a son importance dans le processus, peu importe son rôle. Selon Annick, « c’est un travail de collaboration et chaque étape, chaque personne est pertinente. Par exemple, afin de confirmer le décès neurologique, l’inhalothérapeute joue un rôle important en participant au test d’apnée. Ce n’est qu’un exemple de collaborateurs qui se joignent à nous dans le processus de don d’organes. »

Du côté des patients et de leurs proches, elles croient que « plus les gens sont informés, plus ils comprennent que, dans un cas où la personne décède, les équipes ont tout fait pour la sauver et pour respecter ses volontés. Ils comprennent aussi que le don d’organes, c’est une option de fin de vie : soit on choisit des soins de confort, soit on opte pour le don d’organes quand c’est possible. » 

« Annick et moi, nous voulons être toujours accessibles pour toute personne qui aimerait avoir de l’information sur le don d’organes et de tissus. Notre but, c’est de véhiculer les bonnes informations. Il y a une éducation à faire autant auprès du personnel que du grand public », conclut Valérie.
 

Comment contribuer au don d’organes et de tissus?

Si vous désirez faire don de vos organes et de vos tissus au moment de votre décès, il est important d’en informer vos proches. Il est également important de signifier votre volonté en signant l’autocollant à apposer au dos de votre carte d’assurance maladie et en inscrivant votre décision au Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Régie de l’assurance maladie du Québec ou dans le Registre des consentements au don d’organes et de tissus de la Chambre des notaires du Québec. Suivez ce lien pour en savoir plus!

Pour plus d’informations sur le don d’organes et de tissus : 

 



Photo : Valérie Fortier et Annick Pitre, infirmières de liaison en don d’organes et de tissus.
 



Notes
1.    92,9 % des villes du Québec comptent moins d’habitants que le nombre d’employés (14 000) du CHU. Source : https://www.mamh.gouv.qc.ca/organisation-municipale/decret-de-population/
2.    Avant la pandémie, il y avait au CHU des infirmières-ressources en don d’organes et de tissus qui travaillaient en collaboration avec Transplant Québec. Cependant, ces infirmières ont été affectées à d'autres postes pendant la pandémie et il n’y avait plus de ressource pour remplir le rôle. Pour éviter ce genre de situation, les infirmières de liaison font maintenant partie de l'équipe de Transplant Québec tout en étant dédiées à certains établissements de santé.


Commentaires



 

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28 avril 2023

Bravo. Un très beau texte . C’est rassurant de vous lire et de comprendre votre rôle ainsi que votre implication.
Je suis un greffé du cœur et je comprend très bien tous les bienfaits de votre travail. En accompagnant les personnes en deuil.

Par Daniel Turcotte
25 avril 2023

Bravo pour votre beau travail!

Par Céline Geoffroy

Dernière révision du contenu : le 24 avril 2023

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