Partir en mission humanitaire à l’étranger : un voyage qui fait grandir

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Jennie, Catherine et Julie-Anne sont infirmières aux soins intensifs pédiatriques du Centre mère-enfant Soleil du CHU de Québec-Université Laval (CHU) et sont formées en chirurgie cardiaque pédiatrique. Au cours de la dernière année, toutes trois ont participé à des missions humanitaires à l’étranger. Et elles repartiraient demain matin!

Il faut dire que nos trois infirmières sont des passionnées! Non seulement elles ont participé à leur mission de manière entièrement bénévole, mais c’est une bonne partie de leurs journées de vacances qu’elles ont utilisées pour partir.

Organisées par la fondation « Sainte-Justine au cœur du monde », les missions ont pour objectif d’opérer des enfants porteurs de malformations cardiaques dans les pays en voie de développement et de former de manière durable le personnel soignant des établissements locaux.

À l’automne 2024, Jennie et Catherine ont participé à une mission au Maroc, tandis que Julie-Anne a été intégrée dans une équipe qui partait pour la Côte d’Ivoire. 

« La première mission que j’ai faite, c’était vraiment un coup de dés. La fondation fonctionnait surtout avec les infirmières de Sainte-Justine, mais en 2012, certaines s’étaient désistées et ils nous ont envoyé une demande. J’ai donné mon nom, puis je suis partie pour une mission en Égypte. Ensuite, j’ai mis ça de côté pendant quelques années, parce que mes enfants étaient jeunes et que parfois il faut partir dans des pays qui brassent plus. Mais cette année, la fondation manquait à nouveau d’infirmières pour le Maroc et la Côte d’Ivoire, et nous nous sommes lancé le défi d’y aller! », raconte Jennie.

Catherine ajoute que « c’est la Dre Macha Bourdages, pédiatre intensiviste qui travaille avec nous aux soins intensifs pédiatriques, qui a tellement bien parlé de la mission au Maroc, de combien ça lui a permis de grandir en tant que personne, alors quand l’invitation a été lancée pour le Maroc, j’ai décidé sur un coup de tête d’y aller… mais je n’en avais pas parlé à ma famille! Heureusement, ça a fonctionné. Dans cette aventure, notre famille est très importante; c’est un gros soutien, parce qu’on part pendant un bon deux semaines. On laisse notre famille derrière, mais c’est tellement grand ce qu’on fait à l’étranger! Et on se rend compte qu’on est chanceux d’avoir ce qu’on a ici et de pouvoir partager notre expertise. » 

Pour Julie-Anne, c’est l’exemple de Jennie et de Catherine qui a été inspirante : « J’ai su qu’elles partaient et je trouvais que c’était vraiment une belle expérience. Quelques jours plus tard, Jennie est venue me voir : "Veux-tu aller en Côte d’Ivoire? Faut que tu me répondes maximum demain!" Je ne voulais surtout pas passer à côté de ça, alors une heure plus tard, j’ai répondu que j’y allais! » 

Toutes les trois s’entendent pour dire que le savoir et le temps qu’elles donnent sont bien peu de choses en comparaison de tout ce qu’elles en retirent, sur le plan humain surtout, mais aussi côté débrouillardise et résilience. 

« Il faut être capable de travailler avec un plan A, B, C, D, E, F, G…! La plupart du temps, le plan A ne marche pas. Le plan B non plus, alors il faut être capable de se revirer sur un "10 cennes", puis faire avec les moyens qu’on a. Et ça marche! Ici, ça n’aurait pas de sens et ça ne passerait pas, mais là-bas, c’est de la survie. T’as juste pas le choix de fonctionner comme ça. Et malgré notre bagage et notre expérience, il n’y a rien qui peut nous préparer à ça! », selon Catherine.

Dans les pays visités, non seulement les infirmières doivent jouer tous les rôles, mais les appareils médicaux et les méthodes sont parfois d’une autre époque. « Il n’y a rien d’informatisé ni rien d’écrit. Le médecin prescrit verbalement et l’infirmière ne note rien. Donc pendant notre mission, on est parties du principe que c’est préférable de faire des ordonnances écrites, de noter la médication et les soins qui sont donnés. On leur montre notre manière de travailler tout en s’adaptant à leur réalité, sans trop en faire, parce que sinon, ils ne garderont pas tous ces changements. Il faut travailler en collaboration avec eux », continue Catherine.

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En mission en Côte d’Ivoire : Julie-Anne (chandail gris-vert) et son équipe (dont Marie-Noëlle Boutet, avec le chandail rose, également infirmière aux soins intensifs pédiatriques du CHU) prennent une pause de l'hôpital lors d’une randonnée en forêt.


Outre le fait de littéralement sauver des enfants, les trois infirmières apprécient particulièrement les rencontres que ces missions rendent possibles ainsi que la collaboration qui en découle. Par exemple, aussi bien en Côte d’Ivoire qu’au Maroc, nos trois infirmières ont fait équipe avec des médecins, des infirmières et des infirmiers de l’Hôpital Sainte-Justine, du Montréal Children’s Hospital et du CHU de Nantes. « En tant que centres tertiaires de pédiatrie, la collaboration est importante. On apporte des choses aux équipes locales, mais on apprend nous des façons de travailler des autres centres. C’est vraiment nourrissant », selon Jennie. 

Puisque l’un des objectifs des missions est de rendre autonomes les intervenants locaux, la fondation privilégie la continuité dans les équipes des missions. Julie-Anne explique que, « par exemple, en Côte d’Ivoire, c’était une première mission "exploratoire" : on a opéré quelques patients, mais c’était plus pour voir leur fonctionnement et si c’était sécuritaire d’opérer. Maintenant, la fondation prévoit y retourner deux fois par année pour les quatre prochaines années pour opérer plus d’enfants et pour former les équipes sur place. » 

« Et nous, au Maroc, c’était la deuxième mission, alors on a travaillé surtout les prescriptions et les notes. Lors de la prochaine mission, on va aller un peu plus loin, donc c’est pour ça que la fondation essaye de garder les mêmes personnes. Et pour nous, c’est intéressant de faire plusieurs missions pour voir l’évolution, pour voir ce qui a été retenu et comment ça a évolué », ajoute Jennie. 

Nos trois infirmières sont particulièrement heureuses que la fondation les sollicite pour ses prochaines missions, parce que bien que cela ne soit pas de tout repos, elles ne pensent qu’à repartir, comme le dit si bien Catherine : « C’est un peu comme les gens qui disent qu’une fois que t’es parti dans le Sud, t’as la piqûre du Sud. Pour moi, c’est quand t’es partie une fois en mission, tu attrapes la piqûre des missions et tu voudrais tout le temps y aller parce que ça nourrit tellement au niveau humain. Des fois, la langue est différente, mais le sentiment de reconnaissance, c’est universel. Il y a une maman qui m’a bénie en arabe; j’en ai encore des frissons. Ça ne s’explique pas, ce sentiment-là. C’est le sentiment du devoir accompli, peut-être? Et c’est comme une piqûre, tu cherches toujours à recréer ça. »

Pour leur accomplissement personnel autant que pour les enfants en attente d’une chirurgie cardiaque, nous leur souhaitons de pouvoir repartir en mission encore souvent!
 


Photo principale : En mission au Maroc. De gauche à droite : deux collègues marocaines, Jennie Boutet, infirmière aux soins intensifs pédiatriques du CHU, Catherine Dallaire, infirmière aux soins intensifs pédiatriques du CHU, Dre Macha Bourdages, pédiatre intensiviste aux soins intensifs pédiatriques du CHU, et deux collègues marocains.


Commentaires



 

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10 mars 2025

Bravo les filles!!

Par JENOUE




Dernière révision du contenu : le 10 mars 2025

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