L’exécutif du Conseil multidisciplinaire est fier de présenter les articles de quelques boursiers au fil des éditions du Chuchoteur afin de vous permettre de découvrir les occasions d’apprentissage, de perfectionnement et de découverte qu’ils ont pu vivre grâce aux bourses du programme de formation et développement de la Fondation du CHU de Québec. Voici le troisième article de cette série, signé par Vanessa Michaud, éducatrice spécialisée depuis 12 ans au Centre mère-enfant Soleil du CHUL qui travaille présentement auprès des enfants atteints d’un cancer qui sont traités à l’Unité d’hémato-oncologie Charles-Bruneau.
Grâce à une bourse remise par la Fondation du CHU de Québec, j’ai eu le privilège de suivre la formation « Hypnoanalgésie et distraction en pédiatrie », à Paris, en juin et en novembre 2024.
Cette approche, beaucoup plus répandue et promue chez nos collègues européens pour la prise en charge de la douleur, se révèle efficace et réduit considérablement le besoin de médicaments lors d’interventions.
À l’aide de ces techniques, les professionnels formés peuvent aider les enfants à mieux contrôler leurs réactions, à mieux gérer une douleur aiguë ou chronique et à mieux vivre une situation anxiogène.
La distraction
Après un retour sur les grands principes de la prise en charge de la douleur en pédiatrie, sur la physiologie et sur les différents traitements antalgiques, l’importance de la distraction lors des soins a été abordée.
Il est significatif de savoir que la douleur est à la fois une sensation et une émotion. En effet, la peur ou l’appréhension d’une situation augmente les perceptions douloureuses. Ainsi, en diminuant l’émotion par des techniques de distraction, il est possible d’avoir un impact réel sur la sensation que l’individu ressentira.
Le cerveau humain est phénoménal et lorsque bien disposé, il arrive à réguler les sensations douloureuses. Cependant, pour ce faire, le choix de l’outil de distraction est primordial; il doit tenir compte de l’âge et du développement psychomoteur de l’enfant qui se trouve devant nous.
De plus, il est essentiel de choisir une seule personne de référence pour effectuer la distraction afin d’éviter une surstimulation chez l’enfant et ainsi perdre sa réceptivité.
Finalement, il est souhaitable que cette personne désignée commence la distraction en amont. De cette façon, elle augmente la rapidité de la création du lien de confiance et met l’enfant dans une situation de confort avant le début du soin.
L’hypnose
Un court résumé de l’histoire de l’hypnose et sa définition ouvrent la voie à de nombreuses stratégies d’accompagnement pour nos petits et grands patients de la pédiatrie.
Malgré qu’elle soit mieux adaptée aux enfants âgés de cinq ans et plus, elle s’adresse à tous. En effet, l’hypnose est une disposition naturelle. Nous avons tous la capacité d’entrer dans un état de conscience modifié. Un exemple simple et concret : lorsque nous sommes « dans la lune ». L’utilisation de l’univers imaginatif des enfants est notre meilleur allié lors de séances à leur côté.
Lors de la formation, le processus hypnotique et la description des étapes qui permettent de réaliser une séance étape par étape ont été expliqués par l’entremise de situations réalistes et collées à notre réalité.
Dans les faits, par différentes techniques et un langage adapté à l’hypnose, le professionnel aide l’enfant à entrer dans un état de conscience modifié, un état différent de veille qui remanie sa perception face à la situation dans laquelle il se trouve.
L’hypnoanalgésie et la distraction ouvrent sur une multitude d’opportunités pour tendre vers une approche pédiatrique mieux adaptée à l’enfant. Elles permettent un large éventail d’accompagnements, que ce soit dans les soins de base ou les soins aigus, en passant par les douleurs chroniques.
L’essentiel est qu’elles offrent à l’enfant la possibilité d’un souvenir plus positif et rassurant de son expérience de soins et diminuent ainsi, à long terme, l’élément anxiogène associé à l’hospitalisation.
« Rien n’intensifie plus la douleur que la peur de sa présence le lendemain; de la même façon, elle est intensifiée par le fait de réaliser que la même douleur, ou une douleur similaire, a été expérimentée dans le passé, et ce souvenir, associé à la douleur immédiate, rend le futur encore plus menaçant. » – Milton Erickson

La Fondation du CHU de Québec est heureuse de soutenir les professionnels membres du Conseil multidisciplinaire dans leur parcours de formation continue et ainsi contribuer au développement et au perfectionnement de leur pratique.
« Notre volonté d’appuyer le personnel du CHU dans son développement des compétences est au cœur du nouveau programme de formation et développement de la Fondation. Nous sommes très fiers de poursuivre notre appui à travers les bourses de perfectionnement offertes aux infirmières, infirmiers, professionnel(le)s de la santé et technicien(ne)s œuvrant aux soins cliniques. » ̶ Francis Morin, président et chef de la direction par intérim de la Fondation du CHU de Québec
