En raison notamment de l’âge, du profil et de la durée moyenne de séjour des usagers qui sont hospitalisés sur les unités de soins de la Direction médecine (DM), davantage de chutes y surviennent. Consciente de la problématique et soucieuse de soutenir ses équipes dans le processus d’évaluation et d’intervention en prévention des chutes qui est, on ne peut pas le nier, complexe, la DM s’est alliée avec la Direction des soins infirmiers (DSI) et la Direction de la qualité, de l’évaluation et de l’éthique (DQÉÉ) pour innover dans la façon d’aborder les bonnes pratiques cliniques.
Ainsi, la Certification en prévention des chutes est née, fruit d’un effort concerté de chefs d’unité, d’une conseillère à la qualité et d’une infirmière en pratique avancée, tous investis dans la qualité des soins et l’amélioration continue de la qualité.
Cette certification se détaille en cinq niveaux (étoiles) et permet de décortiquer les processus d’évaluation et d’intervention en prévention des chutes pour en faciliter l’appropriation par les équipes. Chaque niveau vient également avec son lot de stratégies pour aider les équipes à progresser au niveau supérieur.
Ces cinq niveaux sont :
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Engagement des membres de l’unité
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Application des mesures universelles en prévention des chutes
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Évaluation initiale du risque de chute
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Mesures préventives et spécifiques documentées et appliquées
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Réévaluation du risque de chute et proactivité dans la réponse aux besoins des usagers
Des audits ont eu lieu à l’automne 2023 pour déterminer le niveau atteint pour chaque unité de la DM. C’est ainsi que le premier certificat a été remis à l’équipe de l’Unité de médecine de l’Hôpital Saint-François d’Assise (B5-B8) le 11 avril dernier! Dans les jours suivants, toutes les unités de la DM ont été visitées par l’équipe de direction de la DM pour leur remettre leur certificat.
Par la suite, chaque équipe aura l’occasion, en collaboration avec la DSI, de mettre en place des initiatives pour progresser vers le niveau supérieur.
Un grand merci à toutes les personnes impliquées dans ce travail de collaboration et un merci tout spécial aux équipes de soins qui, chaque jour, donnent le meilleur d’eux-mêmes pour offrir des soins de qualité aux usagers!
Voici quelques photos d’équipes lors des remises des certificats.
Équipe de néphrologie, 7500, L’Hôtel-Dieu de Québec.
Équipe de médecine, 13500, L’Hôtel-Dieu de Québec.
Équipe de médecine, B5, Hôpital Saint-François d’Assise.
Équipe de cardiologie, A5, Hôpital Saint-François d’Assise.
Équipe de cardiologie, BE-4000, Hôpital de l’Enfant-Jésus.
Équipe de médecine, BE-5000, Hôpital de l’Enfant-Jésus.
Équipe de médecine, 1er-4e Sud-Est, CHUL.
Équipe de cardiologie, B1, CHUL.
Équipe de médecine, 1-2-3 Coulombe, Hôpital du Saint-Sacrement.
Le saviez-vous?
Les chutes à l’hôpital comptent pour plus du quart des évènements indésirables qui surviennent annuellement au CHU de Québec-Université Laval. C’est le deuxième type d’évènement le plus fréquemment déclaré après les erreurs de médicaments.
Source : Rapport trimestriel sur la sécurité des usagers (extrait pour les chutes) – 2022-2023, CHU de Québec-Université Laval.
Les chutes surviennent particulièrement sur le quart de soir, mais c’est la nuit, entre 6 et 8 heures du matin, qu’elles sont les plus graves, c’est-à-dire que la blessure est assez grave pour prolonger l’hospitalisation. On peut facilement faire une hypothèse sur la raison : à cette heure, les usagers se réveillent et veulent rapidement aller à la toilette, tandis que le personnel est affairé dans les chambres pour la tournée du matin.
« Heureusement, il ne s’est rien produit de grave! »
S’il est vrai que la plupart des chutes sont de moindre gravité (en 2022-2023, 97,3 % des chutes étaient de gravité E2 et moins), il reste qu’elles sont un grand prédicteur d’une nouvelle chute qui, à son tour, pourrait être grave. Chaque chute augmente le risque de déclin fonctionnel pour l’usager, ce qui augmente à son tour son risque de rechuter, et les durées de séjour peuvent s’en trouver allongées.
Un usager qui tombe entraîne également son lot d’évaluations et de suivis pour le personnel soignant, ce qui contribue à la lourdeur des soins. On estime d’ailleurs que chaque chute entraîne 2 heures de soins supplémentaires! Ainsi, il est vrai qu’une chute, ce n’est pas toujours grave, sauf que…
« On ne peut rien y faire, ils chutent tous… » Vraiment?
On entend souvent cette phrase quand il s’agit d’agir pour prévenir les chutes. C’est en partie une question de perception. C’est que la chute, elle, est visible, objectivable, alors que la prévention d’une chute l’est moins. C’est également qu’il n’y a pas d’action précise qui permet d’éviter une chute; c’est un ensemble d’interventions et d’évaluations, combinés au jugement clinique qui, ensemble, parviennent à prévenir certaines chutes.
Par exemple, l’histoire de chute dans la dernière année, l’évaluation de la mobilité, de l’équilibre et de la démarche, l’âge avancé, la polypharmacie, l’usage de certains médicaments et les troubles cognitifs sont des éléments à prendre en compte pour déterminer si l’usager est à risque de chute (RNAO, 2017).
Selon la littérature scientifique, en termes d’interventions efficaces pour prévenir les chutes, retenons entre autres l’éducation des usagers, de leurs proches et du personnel soignant, les interventions qui sont spécifiques à la condition et aux besoins de l’usager, l’interdisciplinarité, la communication du risque de chute aux autres intervenants et au changement de quart/de département (RNAO, 2017).
En conclusion, la prévention des chutes est le résultat d’un travail intra et interdisciplinaire minutieux, qui est porté par l’engagement des soignants et de l’organisation à s’améliorer continuellement.
Merci à chacun de vous pour votre implication!
Photo principale : L’équipe responsable du projet. De gauche à droite : Dominique Guérard, chef d’unité 1er-4e Sud-Est CHUL, Marie-Claude Guindon, chef d’unité d’hémodialyse L’Hôtel-Dieu de Québec, Véronique Richer, conseillère-cadre à la qualité et à la gestion des risques L’Hôtel-Dieu de Québec, Caroline Grégoire, chef d’unité B5-B8 Hôpital Saint-François d’Assise, Marie-Pier Caron, infirmière en pratique avancée – secteurs médecine et soins palliatifs. Absente de la photo : Caryanne Brassard, chef d’unité 1-2-3 Coulombe Hôpital du Saint-Sacrement.
Référence : Registered Nurses’ Association of Ontario. (2017). Preventing Falls and Reducing Injury from Falls (4th ed.). Toronto, ON: Registered Nurses’ Association of Ontario.