« Tant que son cœur bat, on continue » : la résilience de parents d’un prématuré né à 23 semaines

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C’est effectivement d’une mère résiliente et remplie de courage dont il est question ici. Sabrina a donné naissance à Loïc en mars dernier, alors qu’elle n’était qu’à 23 semaines de grossesse. 

L’histoire commence bien avant, lorsqu’après seulement neuf semaines de grossesse, Sabrina vit l’une des pires craintes de toute femme enceinte : un début de saignement. Certaine d’être en train de faire une fausse couche, elle se déplace à l’urgence du CHUL, où elle est accueillie par un personnel empathique et professionnel. Heureusement, il s’agit d’une fausse alerte.  

Le scénario se répète toutefois à 14 semaines. Une échographie du fœtus est réalisée pour vérifier si son cœur bat : tout est sous contrôle. C’est encore une fausse alerte.  

Seulement deux semaines plus tard, c’est en hémorragie que la jeune mère se présente au CHUL. Elle est alors hospitalisée à l’Unité des grossesses à risque élevé (GARE) où elle est prise en charge par le Dr Drouin, en qui elle développe une confiance entière. Le fœtus étant toujours bien accroché, on prodigue les soins nécessaires à la maman afin que la grossesse continue à bien se dérouler.  

Sabrina est hospitalisée à cinq reprises entre ses 16e et 21e semaines de grossesse, en plus d’avoir à faire plusieurs suivis en consultation externe pour assurer le bien-être du fœtus et contrôler l’hémorragie. À 22 semaines, lors d’une échographie de routine, l’intervenant se rend compte que Sabrina aurait possiblement perdu du liquide amniotique. Sabrina est alors hospitalisée de nouveau à l’unité GARE.  

N’ayant aucun signe qu’un travail est entamé, l’objectif poursuivi est bien simple : assurer que le fœtus reste le plus longtemps possible dans le ventre de maman pour qu’il puisse continuer à se développer.  

Selon les professionnels et les études au sujet de la prématurité, un bébé qui naît à 22 semaines n’aurait que 20 % de chance de survie. Le pronostic s’améliore avec l’ajout de semaines de grossesse : le pourcentage passe à 50 % à 23 semaines et à 80 % à 24 semaines de gestation.  

C’est à 23 semaines et 2 jours, le 26 mars 2023, que Sabrina donne naissance à Loïc, après un accouchement naturel sans complication malgré les péripéties des semaines précédentes. Vu la prématurité du bébé, il est rapidement amené à l’Unité de néonatalogie où plusieurs experts se rassemblent pour assurer une prise en charge sécuritaire de ce petit être fragile. Loïc est alors le plus jeune bébé de l’unité.  



Sabrina décrit les premiers jours de Loïc comme une « lune de miel » : il va bien malgré les nombreux défis qu’apporte sa grande prématurité.  

Le vent tourne lorsque les professionnels découvrent une infection aux poumons du bébé. Les semaines suivantes sont un vrai branlebas de combat pour les parents qui doivent, presque quotidiennement, prendre des décisions déchirantes en espérant choisir l’option qui favorisera le bien-être de leur bébé. À plusieurs reprises, les médecins présentent aux parents l’option d’arrêter les soins. Pour Sabrina, tant et aussi longtemps que le cœur de Loïc bat et qu’il n’y a aucune lésion majeure au cerveau, il est hors de question de baisser les bras. Son instinct de mère lui dicte que son bébé veut vivre!  

Sabrina a pris Loïc dans ses bras pour la première fois 59 jours après sa naissance. Il est resté aux soins intensifs de l’Unité de néonatalogie 101 jours, puis 36 jours aux soins intermédiaires avant de pouvoir enfin aller à la maison.  

Aujourd’hui, à presque 4 mois en âge corrigé et 7 mois en âge réel, Loïc ne montre aucune séquelle majeure des défis auxquels il a fait face lors de ses premiers mois de vie. Il a un soutien en oxygène et doit être gavé, mais ce n’est que pour quelques semaines seulement, le temps que ses organes finissent de se développer.  



Sabrina se rappelle le nom des différents professionnels rencontrés sur cette route tumultueuse. En plus du Dr Drouin, nommé en début de texte, elle garde un magnifique souvenir de Nicolas, le conseiller en soins spirituels, qui « lui a permis de garder la tête hors de l’eau » dans les moments plus difficiles. Elle se rappelle aussi les bons soins et les sourires des infirmières, Christina, Audrey, Amélie, Nadine, Stéphanie, Marie-Ève et de leur assistante infirmière-chef Geneviève. La Dre Nadeau, le Dr Guillot, néonatalogistes, puis Simon et Vivianne, des résidents, qui ont pris des risques calculés afin d’aider le petit Loïc à se battre.  

En cette Journée nationale de la prématurité, il est essentiel de reconnaître et de célébrer la résilience des parents de prématurés, l’expertise extraordinaire des professionnels de la santé qui travaillent sans relâche pour sauver et maintenir la vie de ces petits êtres fragiles, ainsi que la force incroyable des prématurés eux-mêmes.


Commentaires



 

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5 octobre 2024

Mon fils, Guillaume est né à 23 semaines de grossesse en 1987.
Aujourd'hui, Guillaume est l'heureux papa de 4 magnifiques enfants.

Par Lucie Grenier
20 novembre 2023

Heureuse que la confiance ait triomphé ☺️
Heureuse qu’il soit enfin à la maison et surtout que la vie vous apporte d’autres belles nouvelles 🌸
Marie-Claude Roby
Inhalothérapeute

Par Marie-Claude Roby
19 novembre 2023

Je suis très très très content bienvenue dans la famille mon petit combattant

Par Martin Thibault

Dernière révision du contenu : le 17 novembre 2023

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