Lumière sur…
Pour gagner ces minutes si précieuses, former par simulation en contexte de thrombectomie
L’accident vasculaire cérébral (AVC) survient subitement et, par la suite, chaque minute compte. On qualifie souvent l’AVC de chronodépendant, ce qui veut dire que, sans intervention, plus le temps avance, plus les dommages sont importants et définitifs. En effet, pendant chaque minute où la circulation est interrompue, le cerveau perd 1,9 million de neurones, environ 14 milliards de synapses et 12 km de fibres myélinisées.
Par Christine Danjou, infirmière de pratique avancée; Sonia Mathieu, infirmière clinicienne; Geneviève Rousseau, infirmière clinicienne; Dre Geneviève Milot, neurochirurgienne; Jonathan Carrier, chef d’unité; Sarah-Judith Breton, chef d’unité; Julie Asselin, directrice adjointe – Soins critiques.
Lorsqu’on traite un AVC, plusieurs facteurs expliquent le succès du traitement. Parmi ceux-ci, on note l’ampleur et la situation anatomique de l’ischémie cérébrale, l’expertise professionnelle, les connaissances et les compétences des différents acteurs, la capacité organisationnelle ainsi que les ressources techniques et humaines. Mais le facteur numéro un, celui qui est tout en haut de la liste, c’est le temps! Afin d’être plus efficace, l’équipe de sciences neurologiques a reconsidéré les actions afin d’identifier tous les moments où du temps peut être récupéré ou optimisé. L’objectif est de développer le travail d’équipe et l’interaction interprofessionnelle pour « sauver » ces quelques minutes si précieuses à la survie des cellules cérébrales, à la survie de la vie!
Trajectoire de soins en contexte de thrombectomie
Dès son arrivée à l’urgence, la victime d’un AVC est évaluée par l’urgentologue conjointement avec le neurologue. Ensuite, en fonction de critères temporels et cliniques, le choix du traitement est fait, notamment la thrombolyse intraveineuse et/ou la thrombectomie mécanique. Durant ce moment décisif de prise de décision, plusieurs intervenants et professionnels gravitent autour de l’usager.
Les défis sont alors nombreux à relever pour permettre la continuité et la fluidité des soins, et c’est pourquoi le mode de fonctionnement a été revu. Dorénavant, l’infirmière de l’unité des soins intermédiaires neurologiques prend le relai de l’infirmière de l’urgence dès le transfert de l’usager en salle d’angio-intervention. Cette infirmière a un rôle de premier plan dans cette trajectoire, car elle :
- évalue la condition neurologique et en surveille l’évolution;
- assure le suivi de plusieurs interventions concomitantes spécialisées (thrombolyse intraveineuse, monitoring cardiaque, surveillance de complications graves [angioœdème, hémorragie]);
- coordonne les soins et voit à la gestion du temps;
- effectue des gestes techniques précis et au bon moment;
- communique des informations cliniques aux divers intervenants durant l’intervention et à chaque point de transition;
- poursuit les évaluations et les surveillances infirmières requises en phase hyperaiguë et aiguë.
Formation par simulation en contexte de thrombectomie
Inspirés par l’étude STREAM (2019), les membres de l’équipe se sont librement orientés vers l’approche crew ressource management ou « gestion des ressources de crise ». Cette approche, issue de l’aviation, met en lumière que la majorité des erreurs sont liées aux lacunes dans le travail d’équipe plutôt qu’aux lacunes de connaissances ou de compétences (Lei & Palm, 2020). Pour cette raison, lors de ces simulations en contexte de thrombectomie, l’équipe a mis l’emphase sur le leadership, la communication, la connaissance de la situation et l’utilisation des ressources plutôt que sur les connaissances théoriques de l’AVC et de ses traitements.
La prémisse de départ était que les professionnels impliqués possédaient les connaissances et les compétences requises. Au cours de la dernière année, l’organisation a mobilisé tous les acteurs concernés. L’équipe de projet a offert des formations théoriques sur l’AVC et ses traitements, réexaminé la trajectoire d’un patient victime d’un AVC, du secteur préhospitalier jusqu’aux services de réadaptation, et a revu les façons de faire ainsi que les collaborations avec ses partenaires. Lorsque cette base a été mieux établie, l’équipe a poursuivi les travaux afin d’améliorer les temps d’intervention et donc, l’efficacité dans la rapidité.
Objectifs de la formation par simulation en contexte de thrombectomie
Les objectifs de la formation sont :
- développer une cohérence d’équipe et favoriser un travail fluide et complémentaire afin, d’ultimement, améliorer les temps d’intervention;
- pratiquer les gestes techniques requis en dynamique avec ceux des autres intervenants et s’assurer de les poser au bon moment;
- assimiler l’environnement physique pour y naviguer plus aisément.
Ces simulations ont répondu au besoin d’unir les notions théoriques reçues en formation aux notions techniques et environnementales reliées à l’intervention. Elles ont également répondu au besoin exprimé par l’équipe de se connaître et de comprendre le rôle professionnel de chacun. Les intervenants sont dépendants les uns des autres, mais aucun ne savait vraiment ce que l’autre faisait.
Ce projet de formation par simulation a impliqué certaines infirmières de l’unité des soins intermédiaires neurologiques dédiées à la thrombectomie, les technologues spécialisées en imagerie médicale de la salle d’angio-intervention, les neuro-interventionnistes, les conseillères en soins infirmiers, les infirmières cliniciennes de la trajectoire neurovasculaire, l’infirmière de pratique avancée en sciences neurologiques et les chefs d’unité de soins.
Des retombées bénéfiques pour tous
Ces formations permettent aux intervenants d’agir efficacement et, surtout, rapidement. En effet, savoir quoi faire, quand le faire et être en symbiose avec ses collaborateurs permet d’agir vite et précisément. Cette rapidité et cette précision préservent et améliorent les capacités cérébrales, car comme le dit l’adage : le temps, c’est du cerveau (Time is brain)! L’assurance du geste et la collaboration aguerrie diminuent la pression temporelle de l’intervention et, sans cette pression, les interventions sont rapides, précises et efficaces, garantissant une meilleure récupération fonctionnelle.
De plus, en souffrance cérébrale, la victime d’un AVC ne réalise pas nécessairement ce qui est en train de se passer, mais elle ressent l’assurance des gestes, le calme et la cohésion d’équipe. Certains patients ont raconté : « je ne savais pas ce qui se passait, mais je me sentais en confiance. » L’atmosphère harmonieuse et la communication efficace sont certainement des plus qui s’ajoutent à l’expertise, à la compétence et aux mains assurées des intervenants.
En conclusion, la mise en place de cette trajectoire permet au patient et à ses proches d’interagir avec moins d’intervenants, et ces intervenants connaissent leur histoire depuis le début. Le neuro-interventionniste poursuit son accompagnement médical après l’intervention et la même infirmière continue d’assurer la surveillance clinique post-thrombectomie. Cette continuité lui permet de déceler de subtils changements neurologiques qui seraient passés inaperçus aux yeux d’un nouvel intervenant. Cette proximité tisse un lien de confiance et ajoute une dose d’empathie à la compétence clinique des intervenants.
L’équipe en action en salle d’angio-intervention en contexte de thrombectomie.
Les membres de l’équipe interdisciplinaire impliqués dans les simulations.
Accident vasculaire cérébral
AVC ischémique : lésion cérébrale causée par l’interruption de la circulation sanguine cérébrale en raison d’une occlusion artérielle.
AVC hémorragique : lésion cérébrale causée par la rupture d’un vaisseau sanguin entrainant une extravasation du sang au sein du tissu cérébral.
Bohmann, F.O., Kurka, N., du Mesnil de Rochemont, R., et al. (2019). Simulation-Based Training of the Rapid Evaluation and Management of Acute Stroke (STREAM)-A Prospective Single-Arm Multicenter Trial. Front Neurol., 10:969
Lei, C., Palm, K. (Updated 2020 Aug 11). Crisis Resource Management Training in Medical Simulation. Dans : StatPearls [Internet]. Treasure Island (FL): StatPearls Publishing.
Saver, J. L. (2006). Time Is Brain. Stroke, 37(1), 263-266
Passez le mot!
En route vers de meilleurs jours
C’est avec beaucoup de reconnaissance et d’émotion que je m’adresse à vous aujourd’hui, mes collègues qui avez été au front contre la COVID-19 au cours de la dernière année.
Par Brigitte Martel, Directrice des soins infirmiers
Nous avons été mis à rude épreuve. Tous, chacun d’entre nous, avons vécu des émotions difficiles à un moment ou à un autre. Nous avons fait face à des contextes qui nous ont obligés à réorganiser nos services et à nous distribuer différemment dans nos centres. Nous avons parfois perdu nos repères et manqué de sommeil. Nous avons puisé dans nos ressources personnelles toute l’énergie disponible pour arriver à faire preuve de la résilience attendue. Même si c’est dans l’adversité que la force collective prend tout son sens, elle peut devenir lourde à porter. Dans cette période très difficile, nous sommes demeurés solidaires, nous avons continué de donner le meilleur de nous-mêmes à tous les usagers qui en avaient besoin. La grandeur de l’épreuve nous dicte d’être encore plus fiers du travail accompli.
Nous entrons dans une nouvelle phase de la pandémie avec l’arrivée du vaccin contre la COVID-19. Même si cette réalité semble bien lointaine, nous pouvons espérer retrouver graduellement notre équilibre d’avant la pandémie. Ce sera bientôt le moment de ralentir la cadence et de prendre le temps de se rétablir. Le rétablissement doit être notre priorité, et ce, tant au niveau de la dynamique des équipes de travail qu’individuellement dans nos vies personnelles. Nous devons reconnaître que les derniers mois ont laissé des traces. Le retour à la normale ne doit pas se faire trop rapidement. Il nous faut prendre le recul nécessaire pour laisser derrière nous certains événements et pour consolider des apprentissages. C’est ainsi que nous deviendrons encore meilleurs à l’avenir.
Je vous souhaite donc une année 2021 remplie de petits bonheurs quotidiens, de douceur et de sérénité!
États généraux de l’OIIQ – mai 2021
Les 20 et 21 mai 2021 se tiendra le plus grand chantier sur la profession infirmière depuis la tenue des États généraux de 1996.
Le constat investigateur est sans équivoque : la profession est à la croisée des chemins. Il est urgent de se mobiliser pour faire reconnaître l’expertise infirmière encore trop souvent méconnue par la population québécoise et par plusieurs acteurs de la santé.
La pandémie aura agi comme catalyseur en démontrant toute l’étendue des compétences infirmières et la pertinence des États généraux. Certes, une réforme en matière d’accès aux soins ne pourra se faire sans la contribution de tous les membres de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), l’un des plus puissants leviers pour une réforme réussie.
Parmi les 78 000 membres de l’OIIQ, presque 4 000 pratiquent au CHU de Québec-Université Laval. Ces États généraux seront le fruit d’une démarche collective qui comprendra la voix, entre autres, des infirmières et infirmiers du CHU.
C’est pourquoi votre CII entamera à l’hiver une démarche de consultation concernant les quatre thèmes des États généraux de mai 2021, soit :
- l’autonomie professionnelle
- l’organisation des soins
- l’occupation du champ d’exercice
- la formation initiale
Tirage de Noël
La gagnante du tirage de Noël du CII – 1 accès aux bains thermaux du Strom Spa est Mme Sarah-Jade Larivière.
Un autre tirage aura lieu au début du mois de mai 2021, lors de la Semaine des infirmières, sur la page Facebook du CII.
Restez à l’affût!
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Le SPOT, section CII : L’organisation/Conseils/Conseil des infirmières et infirmiers (CII)